1. Lundi
Tous les jours, à l’heure du déjeuner, je me rends dans le parc situé à deux rues de l’agence où je travaille. En chemin, je m’arrête à la boulangerie pour acheter un sandwich jambon, fromage et crudités, ainsi qu’un croissant aux amandes et une petite bouteille d’eau.
J’aime ce jardin enchâssé dans la ville. Dès que j’en pousse la grille d’entrée, j’ouvre une parenthèse dans ma journée. J’écoute sous mes pas les gravillons craquer, tandis que je remonte l’allée principale pour m’asseoir sur un banc libre. Je n’ai pas répondu à la lubie de m’en approprier un, car ce sont tous les mêmes ; du mobilier urbain en bois et peint en vert, planté régulièrement, au rythme de grands marronniers, à la lisière des pelouses.
Une fois installé, je déballe mon sandwich et en croque un premier morceau. Pourquoi est-ce que j’aime tant cette intrication de goûts qui envahit ma bouche ? Aucune idée. C’est comme ça, c’est tout. Je mange le même — jambon, fromage et crudités — depuis maintenant trois ans. Pendant que je mastique, je regarde le balai des jardins publics ; la faune locale et domestique mène sa petite vie au gré des saisons, conduite par le chant des oiseaux, le vent dans les branches, le murmure de la circulation. Depuis mon banc et à ma manière, je participe chaque jour au spectacle.
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