17. Lundi
Avec satisfaction et soulagement, j’aperçois Everest devant la boulangerie, vêtu d’un coupe-vent kaki et de son bonnet noir. Lorsqu’il me remarque à son tour, il agite le bras et m’adresse un grand sourire. Une fois à sa hauteur, il me tend sa formidable paluche que je saisis avec enthousiasme. Nous entrons dans le commerce pour en ressortir quelques minutes plus tard, afin de nous mettre en route vers le parc dans un silence entendu. Ce début de semaine est frais, mais lumineux ; je regrette de ne pas avoir pris mes lunettes de soleil.
Arrivé devant la grille close du jardin public, je lève la tête vers le géant.
— Et maintenant ?
— Suis-moi.
Je sais qu’il s’agit d’un petit espace vert de quartier, il n’empêche qu’il m’a toujours semblé mieux agencé, mieux entretenu, plus élégant que les plus renommés. À titre d’exemple, je n’aime pas du tout le jardin des Tuileries. Je préfère de loin longer cette clôture bordée d’arbustes dont le printemps ravive les couleurs.
— Ragouminier, chèvrefeuille et forsythia, commente Everest, sans autre forme d’explication.
Le grillage laisse place sur quelques mètres au mur d’une bâtisse au toit plat, recouvert d’un lierre grimpant taillé avec soin d’où émerge une porte peinte en bleu.
— L’entrée des artistes, dit Everest avec un sourire entendu. Es-tu prêt à voir l’envers du décor ?
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