18. Rencontre

3 minutes de lecture

Tyssy Crine courait à perdre haleine. Elle fuyait et pour la première fois depuis qu'elle n'était plus une esclave elle avait peur. Le désarroi se lisait sur son visage.

Olser était morte et Yulni avait disparu.

Les trois amies avait sous-estimé leurs adversaires. Elles s'étaient faites surprendre.

Une meute de voyous, hurlante et vociférante, la poursuivait dans les rues de Cyryul. Tyssy connaissait bien le labyrinthe de la cité brûlante mais ses poursuivants aussi.

Elle stoppa un instant sous un porche pour reprendre son souffle. La chaleur accablante de la fin de journée semblait appuyer sur ses épaules avec d'incandescentes mains invisibles. Les années s'étaient évaporés aussi vite qu'une goutte d'eau sur le sol des Terres Brûlantes et Tyssy s'était embourgeoisée, elle n'avait plus l'endurance et la musculature de sa jeunesse.

Elle sentit une présence derrière elle et dégaina sa dague mais avant qu'elle n'ait pu esquisser une attaque. L'inconnu avait stoppé son avant-bras et le maintenait fermement.

— Je ne te veux aucun mal. 

— Et je dois te croire sur parole petit homme.

Tyssy, de son bras libre, dégaina un poignard que bloqua à nouveau l'inconnu.

Ils étaient face à face, leurs visages à quelques centimètres l'un de l'autre.

— Tu es certaine de ne pas avoir besoin d'aide.

— Ai je l'air d'être une femme sans défense?

L'homme ricana. Il était petit mais large et ces yeux brillaient d'intelligence. Sa barbe et ses cheveux hirsutes lui donnait un séduisant air sauvage.

— Oui en effet. Tu dois avoir raison.

L'inconnu la lâcha et tendit une main vers la rue. La clameur de ses poursuivants s'amplifiait.

— Bonne chance alors.

D'un premier pas assuré, Tyssy s'engagea dans la l'allée. Son deuxième pas fut moins appuyé et elle s'arrêta.

La mercenaire se retourna.

— Quelle aide peux tu m'apporter étranger?

Les bras croisés, le petit homme était adossé sur une porte. Il  se redressa, abaissa la poignée et l'ouvrit en souriant.

Tyssy pouffa.

— J'accepte!

— Après toi!

L'inconnu claqua la porte.

L'intérieur était frugal. Une vieille paillasse gisait sur le sol, une chaise branlante attendait la chaleur d'un postérieur et une table en bois se cachait sous la poussière.

— Je n'ai pas eu le temps de faire le ménage.

Tyssy sourit.

— C'est du grand luxe, c'est ici que tu reçois tes amantes ou tes amants!?

— Non c'est la maison d'à coté mais il y a déjà du monde.

Elle se sentit immédiatement à l'aise avec cet homme exubérant.

— Je suppose que je vais devoir te remercier.

Il soupira.

— Je ne suis pas contre un petit merci.

— Juste un petit merci?

— A quoi t'attendais tu?

— Tu es un homme, nous savons ce que vous voulez. Vous ne faites jamais rien sans une idée derrière la tête.

— Je n'ai rien derrière la tête, à part mes sublimes cheveux! Ne t'inquiète pas. J'ai simplement vu une ravissante femme qui avait besoin d'aide.

— Balivernes!

— Dans tous les cas je te conseille d'attendre un peu. Tu peux passer la nuit ici.

— Nous y voilà. Tu veux que je passe la nuit ici avec toi!

L'homme s'esclaffa.

— Non! Jamais le premier soir! Je ne dormirai pas ici, on m'attend dans la maison d'à côté! Le lit est beaucoup plus confortable.

Il lui fit un clin d'oeil.

— Mais si vraiment tu insistes, je peux rester!

Tyssy se mordit la lèvre.

— Tu es très agaçant.

— On me le dit souvent mais autant il m'arrive de le prendre mal autant là je le prend comme un compliment. Allez je m'en vais.

— Qui dois je remercier?

— Grys. Grys Dilur.

— Je suis Tyssy Crine.

— Enchanté belle damoiselle.

Il s'inclina et sortit avec un grand sourire.

Grâce à ce gredin, sa tristesse s'était, un instant, tut, mais elle revint aussi puissante qu'une lame de fond et submergea Tyssy. Elle s'effondra à genoux sur le sol. Celle qui l'avait soutenue pendant tant d'années n'était plus qu'un corps inerte dont il ne resterai qu'une blessure intérieure qui jamais ne cicatriserai. Tyssy revoyait l'expression d'incompréhension et de douleur d'Olser quand la lame de cette brute l'avait traversée.

Dans un état second, la mercenaire ne prêta pas attention à la clameur de ses poursuivants qui continuaient à la chercher.

Elle s'allongea sur la vieille paillasse et s'endormit les joues humides de peine. Une de ses soeurs de coeur venait de disparaitre et plus rien ne serait comme avant.

Annotations

Vous aimez lire Fabrice Claude ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0