21.Une nuit paisible
L'enfant dormait paisiblement, lové contre sa mère. Il respirait calmement. Le silence les enveloppait comme un voile de soie et seuls quelques craquements de bois perturbaient de temps à autre la quiétude de la chambre.
Tyssy ouvrit les yeux soudainement, juste à temps pour bloquer le bras, armé d'un poignard, qui s'abattait sur son fils. Elle repoussa rageusement l'assaillant, retourna l'arme contre l'agresseur et lui enfonça dans les entrailles. L'homme masqué hoquetant un instant et s'écroula sur le plancher. Quelques spasmes agitèrent son corps et il mourut rapidement.
Tyssy regarda son enfant. Il ne s'était pas réveillé.
Elle arracha la cagoule qui dissimulait le visage du cadavre.
Elle le connaissait. La rage monta en elle. Elle sortit en furie de la chambre. Elle ferma la porte à double tour et d'un pas décidé et rapide, monta à l'étage. La porte vers laquelle elle se dirigeait était gardé par un mercenaire.
— Laisse moi entrer pouilleux.
— Il est occupé! Interdiction d'entrer!
Tyssy ne s'encombra pas d'avertissement, elle planta son poignard dans la tempe du garde qui ne s'aperçut pas qu'il mourrait.
Elle ouvrit de volée la porte.
Alzebal était au lit avec deux jeunes femmes. L'une d'entre elles était à califourchon sur son visage et l'autre servait du vin dans trois verres de cristal.
A la vue de Tyssy, les deux femmes crièrent comme des harpies qu'on égorge.
— Dégagez les putains avant que je vous découpe.
Alzebal se redressa lentement, il avait perdu de sa superbe mais il souriait.
— Ha ma belle Tyssy.
— Ferme là! Est ce que c'est toi?
— Moi? De quoi parles tu?
— Un de tes minables vers de terre vient d'essayer de tuer notre fils!
Alzebal fronça les sourcils un instant et sourit affichant des dents tachés de vin rouge. Son visage prit une expression faussement navrée.
— Je suis désolé ma douce. Tu ne devais pas être là. Il serra les dents. Je ne supporte les incompétents. Tu l'as occis j'espère?
Tyssy avait espéré jusqu'à ce moment que Rassiel, le père de son fils, n'y soit pour rien. Elle ferma les yeux et inspira.
— Tu ne nies même pas que tu as tenté de tuer ton propre fils.
— Pourquoi nierais je? Je suis Alzebal, je fais ce qu'il me plait de faire.
Tyssy secoua la tête.
— Pourquoi?!
— La tradition veux que mon fils prenne la relève quand il atteindra ses vingts ans. Je peux encore vivre de nombreuses années, je ne suis pas prêt de passer la main. Donc je me suis dis un petit coup de dague bien placée et hop pas le temps de s'attacher.
Tyssy serra le poignard. Ses ongles s'enfoncèrent dans la paume de sa main jusqu'au sang.
— Je vais te tuer pourriture. Je vais te couper les couilles et les enfoncer dans ta gorge.
Alzebal rit grassement.
— C'est ça que j'aime chez toi! Tu es une sauvage.
Alzebal se leva nullement gêné par sa nudité. Il pouffa et se servit un verre, tournant le dos à Tyssy.
— Tu sais que tu ne peux me vaincre. Je maîtrise la magie de l'ombre.
Au moment où il prononçait ces derniers mots, une lame noire surgit soudain de son ventre. Une gerbe de sang jaillit et une myriade de tâches rouges s'écrasa sur le parquet de marbre.
Alzebal ne cria pas. Il regarda Tyssy, la mercenaire s'approcha de son oreille et lui susurra.
— Souviens toi le première fois que l'on s'est rencontré. Je t'ai dit que le respect n'était pas dans la soumission.
L'épée d'ébène écarta les chairs.
Alzebal gémit.
Tyssy s'approcha et regarda derrière le roi des mercenaires.
— Merci Sadiane.
Elle plongea son regard dans celui du père de son fils.
— Tu me connais, Je n'ai qu'une parole.
La lame de Tyssy trancha la virilité d'Alzebal. Il hurla mais ses cris furent étouffés rapidement. Son ancienne amante venait de tenir sa promesse.
L'agonie de Rassiel dura quelques minutes et Tyssy n'en perdit pas une miette.
Sadiane s'agenouilla.
— Je vous suis dévouée seigneur Alzebal.
— Relève toi Sadiane. Personne ne s'agenouillera devant moi sauf s'il m'a offensé.
Et la nuit redevint paisible.
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