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Le jeune homme ouvrit la porte et aida Ray à grimper dans le véhicule. Puis, avec ses deux copains, ils regagnèrent leurs sièges et, en pointant leurs index bien haut ajoutèrent : « bye, bye, les ploucs ! ». Le 4x4 démarra en trombe et disparut en quelques secondes dans un nuage de poussière et de fumée.
Ils roulèrent ainsi une bonne dizaine de minutes vers le Nord. Aucune parole n’était échangée. Marie et Ray se fixaient en silence. Elle semblait implorer son pardon pour toute cette histoire. De son côté, Ray tentait de la rassurer par un sourire si timide qu’il en était à peine perceptible.
La voiture quitta subitement la piste et s’engagea dans un chemin de brousse. Elle s’arrêta au milieu d’arbres racornis et de fougères grillées par le soleil.
Bernie sortit du véhicule rapidement et ouvrit la porte de Ray. Il le saisit par le bras et l’envoya valdinguer dans les airs à plus de trois mètres.
Ray, après avoir heurté de sol avec rudesse, roula sur lui-même et percuta un rocher. À moitié sonnée, il sentit qu’on le saisissait par les cheveux et avant même qu’il ait pu ouvrir les yeux, une pluie de coups s’abattit sur lui.
Ray ne tenta pas d’éviter la correction. L’autre était plus jeune, plus lourd et plus fort. Tout effort pour se défendre n’entrainerait que plus de coups. Surtout que le gredin maitrisait son sujet, les coups étaient précis et directs. Le troisième coup de poing lui déchaussa une dent, qu’il cracha dans un filet de sang.
- Doucement Bernie ! Il a des choses à nous dire le bougre, l’interpella un certain Dick.
- Ce fumier m’a traité de « branleur » je ne pouvais pas laisser passer !
Sans ménagement, il frappa la tête de Ray qui percuta à nouveau le sol.
Marie tenta de lui porter secours, mais Frida l’en empêcha. La fille du groupe était si maigre qu’elle avait du renoncer à sa prometteuse carrière de prostitué, ses clients fuyant dès qu’elle se déshabillait. Pourtant, cette junkie avait besoin de sa dose de drogue quotidienne pour survivre et s’acoquiner avec cette bande de looser restait ce qu’elle avait trouvé de mieux. Elle était aussi laide que méchante et, pour couronner le tout : bête à manger du foin.
Elle ricanait en voyant Bernie coller une raclée au vieux chnoque. Ses dents jaunies et gâtées en disaient long sur son hygiène, mais cela ne la tracassait pas, elle avait fait depuis longtemps le deuil de sa féminité.
Bernie traina Ray sous un petit arbuste et s’accroupit au-dessus de lui.
- Alors pépé, tu fais toujours le mariole sans tes potes ?
- Bon… vous voulez quoi, les jeunes ?
- Bah devine, du con !
Ray chercha dans sa poche et en tira trois pépites d’or, de taille plus ou moins égale à celles données à Marie. Bernie éclata de rire.
- T’es pépites pourries, tu peux te les carrer dans le cul ! Nous on veut l’emplacement de ton filon.
- Y’a pas de filons, ça ! dit en désignant les pépites, c’est la fin de ma réserve perso.
- « Bing ! » mauvaise réponse, répondit Bernie en lui donnant un nouveau coup de poing.
Puis, il recommença à le frapper.
Ray encaissa. L’arcade sourcilière explosa. Son nez se brisa. Ses joues se tuméfièrent puis se violacèrent. Afin de reprendre son souffle, Bernie s’écarta et Dick prit le relai. Voyant que Ray était à deux doigts de perde conscience, il tenta une approche plus douce.
- Écoute vieux crouton. Tu nous montres l’emplacement et nous, on te dépose à l’hosto. On n’est pas de mauvais bougre… mais nous force pas à la devenir !
Dick pointa alors Marie du doigt.
- L’oblige pas à nous regarder te mettre en pièce…
Ray savait qu’il devait tenir encore un peu. La victoire ne devait pas être trop facile. Ils devaient être persuadés de l’avoir brisé puis, ils se détendraient et relâcheraient leur vigilance. Il ne devait prendre aucun risque, la vie de Marie en dépendait.
Alors, Marco s’approcha et sortit son couteau.
- Tu crois que t’es un dur, pépé ? On va voir ça…
L’homme, un Portoricain à peine plus vieux que Bernie, passa son couteau sous l’ongle du pouce de Ray et d’un coup sec, le fit voler.
Marie hurla alors que Ray ravalait le sang qui coulait de sa bouche abimée.
- J’en ai vu chialer des plus coriaces que toi avec cette méthode, tu vas chanter sous peu, je te le garantis !
Alors qu’il saisissait l’index de la main gauche, Ray poussa un long soupire de douleur et articula difficilement un « attends ! »
Aussitôt, Bernie bondit du siège ou il était parti s’assoir et se rapprocha de Ray.
- Alors ? T’es disposé à nous en dire plus ?
- Avant de dire quoi que ce soit…
Mais il n’eut pas le temps de finir sa phrase que l’énorme poing de Bernie s’écrasait contre son menton. Une deuxième dent quitta sa bouche dans un crachat de sang et de bave mélangé.
- Y dit quoi ce con ? Avant quoi ? s’offusqua Bernie et prenant ses amies à témoins. Qu’on viole ta copine ? Qu’on lui pète une jambe et qu’on l’abandonne dans le désert ? Ou qu’on l’enterre et qu’on laisse juste la tête dépasser ? Avant quoi, vieux débris ? hurla-t-il à Ray
- T’as raison, avant rien… se contenta de répondre Ray.
Dick s’approcha alors de lui et lui tendit une gourde.
- Allez, sois pas bête. Fais ce qu’on te demande et ça se passera bien.
Ray saisit la gourde. Il profita de la première gorgée pour se rincer la douche puis recracha le mélange de bave, de sang et de miette de dents. Il but deux pleines gorgées et redonna la gourde.
- OK, je vous conduis à l’endroit que vous cherchez…
- Ba voilà… Fallait commencer par ça. Tu vois ce que tu nous obliges à faire quand tu fais le malin, répondit Marco
Dick aida Ray à se relever, mais l’homme tenait à peine sur ses jambes et vacillait tous les deux pas. Il dut le trainer jusque-là voiture ou l’attendait le groupe. Marie pleurait en silence alors que Frida se trémoussait d’excitation en murmurant : « on va être riche !! »
Bernie, d’une voix autoritaire, réveilla Ray qui titubait et manquait de s’affaler au sol.
- Donne la direction et en vitesse !
- Plein Sud durant une bonne heure, réussit à articuler Ray.
- J’espère que tu ne nous mènes pas en bateau, rappela Dick, d’in air méchant. Si on creuse et qu’il n’y a pas d’or… ca deviendra ta tombe !
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