Après avoir assisté à cette scène incroyable, Bardy avait ordonné à son équipe de se préparer pour infiltrer cette ville. Yuki, bien qu’inquiète pour ses deux amies, se rendit dans sa chambre pour s’équiper. Heureusement que Rody lui avait dit que Rune et Chloé allaient bien, sinon elle n’aurait pas pu se concentrer sur sa nouvelle mission.

Le Saint Ordre Félin n’était plus très loin d’arriver à leur objectif. Toujours aussi nébuleux, Yuki repassait les paroles de Kira dans sa tête, mais ses connaissances sur l’Égypte ancienne étaient assez chaotiques. Cette époque fut oubliée il y a des siècles, alors que les ruines disparaissaient au profit des constructions humaines.

Une fois dans ses appartements, elle ouvrit le placard qui se trouvait à côté de son lit simple. Elle préférait pour avoir suffisamment de place pour sa collection de manga. Yuki en emportait quelques-uns, malgré l’air de la digitalisation. Avec les années, il était toujours aussi bien vu de posséder un livre papier.

Elle choisit sa tenue avec attention. En plein désert et face à une armée, il lui fallait une liberté de mouvement total. Elle soupira en voyant qu’elle n’avait que des pantalons. La mode n’était pas trop son truc, contrairement à Chloé. Elle récupéra un pantalon noir et un chemisier rouge, puis mit ses bottes.

Lorsqu’elle appuya sur un interrupteur contre le mur juste à côté, un morceau pivota pour dévoiler sa collection d’armes et de munitions. Elle récupéra deux pistolets électromagnétiques avec des chargeurs de billes pleins à craquer. Elle les rangea à l’intérieur du holster qui lui faisait office de ceinture. Maintenant, elle avait le choix entre prendre son sniper, ou un fusil mitrailleur…

Elle se frotta le menton, pensive. Elle n’aurait pas l’occasion de tirer de loin dans une ville aussi grande. Il y avait trop de cachettes. Elle hocha la tête et récupéra son fusil d’assaut. Elle allait faire un carnage !

Elle retourna jusqu’à la soute où avait donné rendez-vous Bardy. Zaz portait son sabre et son casque anti-sang. Une technologie qui permettait de censurer le sang en le remplaçant par des paillettes. Bardy avait son fusil à canon scié préféré ainsi qu’une ceinture de grenade. Rody n’avait aucune arme, mais il n’en avait pas besoin. Pour l’avoir vu à l’œuvre, elle savait qu’il en cachait dans son corps rond. Quant à Sylver, il portait un pistolet trop grand pour lui.

– Tu vas arriver à appuyer sur la détente ? s’étonna Yuki.

– Et comment ! Tu crois que je suis handicapé peut-être ?

– Non, c’est juste une question.

Sylver haussa les épaules.

– On aura l’occaz de voler plein d’armes aux soldats.

Cela voulait dire qu’il allait galérer. Autant rester avec lui pour le protéger. Bardy fut le premier à entrer dans la camionnette spéciale mission. Sylver ouvrit la bouche, stupéfait.

– On va monter dans cette poubelle à roulette ?

Bardy sortit la tête par la fenêtre et lui fit un doigt d’honneur.

– Cette poubelle nous a sortis d’affaire tellement de fois… J’ai plus confiance en elle qu’en toi !

Sylver soupira, exténué par les bêtises de cette équipe. Mais Yuki devait reconnaître que leur véhicule peint de multitude écailles de serpent, leur était très utile. Sylver mit la main sur la poignée de porte et lu le nom du vaisseau resplendissant dans un rose fluo sur le flanc : Viper. Il secoua la tête et entra dans le camion dans une grimace de dégout.

Yuki prit le siège passager. Bardy démarra, tandis que sa copilote ouvrit le sas grâce à un bouton situé sur le tableau de bord devant elle.

– Il va vite au moins ? Parce qu’on n’a pas le temps d’admirer le paysage ! se plaignit Sylver.

Bardy eut un rictus. Yuki activa un interrupteur permettant de mettre la camionnette en mode 4x4. Un raffut mécanique suréleva la voiture, tandis que des sur-roues vinrent se placer par-dessus les autres. Une invention de Chloé qui leur permet d’aller où ils voulaient avec cet engin.

– Tu vas voir…

Bardy mit pied au plancher. Le moteur vrombir et ils partirent telle une fusée. Sylver accrocha ses griffes dans les sièges avant. La grosse camionnette fonçait à travers le désert, en route pour Per Bastet et la vérité sur les chats…

Pendant le trajet, Yuki mit un peu de musique via l’autoradio.

– On est bientôt arrivé ? demanda Rody en levant la tête du coffre.

– Ouais ! s’exclama Bardy.

Alors qu’un son techno sortit des haut-parleurs, la pyramide de Per Bastet était en vue. Elle brillait de mille feux grâce aux rayons du soleil. La bataille n’allait pas tarder à commencer ! Yuki sentit son cœur battre de plus en plus à mesure qu’ils s’approchaient des premiers bâtiments.

Chaque combat les menait face à de graves dangers, et sa crainte la plus terrible était de perdre sa famille. Après tout, depuis qu’elle avait fui sa patrie de Neo-Tokyo, elle avait trouvé des amis. Il était impensable pour elle de les perdre.

Bardy immobilisa le véhicule devant le premier bâtiment. Une gigantesque arche égyptienne montrait l’entrée de la ville. Elle ressemblait beaucoup à ce qui se faisait en Égypte ancienne, mais les bâtiments étaient fait d’un alliage qui n’existait pas sur Terre.

Yuki s’en approcha et posa la main dessus. Les murs blancs étaient lisses, tandis que les fenêtres de verre laissaient entrevoir le mobilier intérieur très récent.

– Comment ça se fait qu’il existe une telle ville ici ? s’étonna Zaz.

– On devrait explorer la ville, proposa Bardy. On trouvera sûrement des réponses dans la pyramide.

Ils s’élancèrent dans le dédale des rues de Per Bastet. Aucun soldat en vue, le groupe pouvait se précipiter vers la pyramide. Yuki scruta les environs de temps à autre, surveillant les toits pour éviter de se faire repérer par des snipers cachés. Car si elle devait choisir un angle d’attaque, elle se cacherait en hauteur pour abattre tous ceux qui s’aventuraient sur le territoire.

Yuki remarqua des bâtiments plus grands que les autres. Sur les murs était peinte la déesse Bastet de l’Égypte ancienne. Majestueuse, sa tête de chat dessinée de profil, elle tenait en ses mains un sceptre et une balance.

La jeune femme repéra une grande boutique de nourriture. Elle s’arrêta et s’en approcha. Son équipe la suivit, l’appelant pour qu’elle reparte. Impossible de la faire quitter des yeux les représentations des plats gravés sur la devanture de la boutique.

Et pendant qu’elle tournait la tête, des vrombissements résonnèrent à travers les rues, tandis que les premiers tirs d’arme électromagnétique retentirent. Tout le monde se jeta à couvert, alors que le général en armure se posa sur un toit.