Mission de reconnaissance
L’astronef avait un plan de vol bien précis. Il pénétra directement dans l’atmosphère, survola le vaste océan quelques minutes et repéra divers îlots de verdure. Le vaisseau, confirma les coordonnées exactes du point d’arrivée et, amorça l’atterrissage.
Le pilote ne devait prendre aucun risque, il fallait aller vite. Une fois posé, il avertit les soldats :
— Activez vos armures sur ce point « zéro » ! Vous avez une heure, puis je repasse vous chercher. Soyez ponctuel, car je n’attends pas les retardataires !
— Y a pas de soucis, on connait les consignes, répondit simplement le sergent.
Un à un, les soldats quittèrent la navette et déchargèrent leur matériel. Puis, l’appareil décolla pour disparaitre en quelques instants dans le ciel. Le sergent déclencha son chronomètre et activa la caméra de son casque afin de partager ce qu’il découvrait avec l’ensemble de l’équipage du vaisseau. Une fois la liaison bien établie, il aboya ses ordres :
— Sam, Mia, déployez les canons multi-ions en protection. Activez vos détecteurs de mouvements, de chaleur et restez sur vos gardes !
— OK, Chef ! confirmèrent les deux soldats en se positionnant.
— Alvaro, analyse terrain. Lila, analyse milieu.
Alvaro déballa de son sac à dos un ordinateur portable équipé d’un tube transparent. Il commença par vérifier l’air ambiant.
Lila, quant à elle, déploya le drone et activa la caméra. Puis, par cercles concentriques à partir de leur position, elle survola et enregistra leur environnement proche.
Alvaro étudia avec soin la composition de l’air et informa du verdict son supérieur
— Respirable, limite basse au niveau oxygène. Aucune trace de gaz toxique.
Le sergent enregistra les conclusions sur son ordinateur de bord et envoya le tout vers le Nautilus-IV. Le capitaine confirma depuis le poste de pilotage la réception des données qui furent à nouveau analysées par les scientifiques du vaisseau.
Lila, les yeux rivés sur l’écran de commande du drone, regardait défiler le paysage avec attention. Lorsqu’elle repéra un mouvement dans les herbes, elle positionna le petit aéronef en position géostationnaire.
— Sergent, bestioles repérées !
— Mia, j’en veux au moins une vivante ! lança le sergent sur le canal radio.
La jeune femme posa son canon multi-ions et attrapa son fazer 248B. Tout en courant vers la position du drone, elle régla l’arme sur tir anesthésiant. Lila partagea sur la console de la caporale les images du drone. Elle ne put identifier les vertébrés en question, mais cela ne la perturba pas plus que ça.
Ces petits animaux, un croisement improbable entre un crocodile et un castor, étaient près d’une dizaine. Sous la protection d’un des leurs qui surveillait les environs, ils se nourrissaient d’un cadavre de poisson géant.
Mia posa un genou au sol, régla le sédatif sur le minimum puis tira sur un spécimen un peu à l’écart. Aussitôt, la sentinelle poussa un cri strident et tous les animaux se dispersèrent. Mia tira à nouveau et un deuxième animal fut stoppé dans sa course.
Le sergent avança prudemment et ramassa les deux animaux inconscients. Il enferma le premier dans une petite boite en plastique hermétique équipée d’un purificateur d’air et confia l’autre à Alvaro.
— Analyse son sang et dis-nous s‘il est comestible ?
Le soldat fit une petite incision sur la cuisse de l’animal et récupéra la goutte de sang jaunâtre puis un bout de peau. Malgré leur doute, l’examen des échantillons les révélèrent parfaitement consommables.
Le soldat libéra l’animal blessé qui, en reprenant lentement conscience, s’éloigna en titubant. Il ramassa alors une poignée de sable doré, qu’il analysa aussitôt. Sa composition ne révéla rien de bien surprenant, quartz, micas et divers fragments de coquillages.
De son côté, Lila reprit les commandes du drone et continua l’exploration de l’île. Une fois la cartographie réalisée, la jeune femme survola la mer et les îles environnantes. Samuel finit par repérer du mouvement au nord, il en informa aussitôt le sergent.
— Mouvement à midi !
Mia releva son fusil et ajusta la focale de son casque au maximum. Elle repéra des petits crabes rouge vif. D’un tir précis, elle troua la carapace d’un crustacé puis, elle alla arracher une de ses pinces qu’elle rapporta à Alvaro.
— Analyse spécimen deux, dit-elle en riant.
— Ok pour les bestioles. On a une terrestre et une marine. Maintenant, on passe sur les végétaux. Sam ! Tu couvres Alvaro pendant qu’il analyse la flotte.
— À vos ordres !
Avec précaution, Alvaro se dirigea vers le rivage. Le cadavre du poisson géant prouvait, s’il en était besoin, que la vie pullulait dans ces eaux. La taille de l’animal marin lui rappelait d’être prudent. Samuel le suivait avec le canon multi-ions armé et prêt à tirer. L’analyse de l’eau ne révéla rien de mystérieux. Elle serait potable une fois dessalée. Le soldat en profita pour prélever quelques algues et fut agréablement surpris de constater leur richesse organique.
Le sergent se dirigea alors vers la petite forêt qui bordait la plage.
— Alvaro, date-moi ces arbres.
Le soldat, sous la protection de Samuel, entra dans la forêt et perça un trou dans plusieurs végétaux. Son analyse fut surprenante :
— Aucun de ces végétaux n’a plus de vingt ans. Présence de quelques insectes, mais pas d’animaux volants. La faune terrestre reste assez pauvre.
— OK, continue à fouiner, si y a un truc à voir dans cette forêt, je ne veux pas passer à côté. Lila ?
— Oui, Sergent.
— C’est bon avec le drone ? Tu as filmé l‘ensemble de l’île ?
— Affirmatif.
— OK, range le et sort le sous-marin.
La jeune femme s’exécuta et récupéra les batteries qu’elle brancha sur le bateau. Sous la protection de Mia, elle se dirigea vers la plage et plongea l’appareil dans l’eau. Grâce à sa console, elle prit le contrôle du sous-marin et le dirigera vers le large.
À la différence du sol, la mer grouillait de vie. Les images, diffusées en direct sur le Nautilus subjuguèrent l’équipage et les colons.
Toute cette faune aquatique surpassait celle de la Terre. Mais sans crier gare, un prédateur ressemblant à un requin marteau avala le sous-marin d’un coup. L’image se coupa.
— Bon… Bah, y a des requins, commenta simplement le Sergent sur le canal radio. On n’aura pas plus d’images.
— On fera avec, répondit le capitaine sur le canal radio.
L’heure d’exploration touchait à sa fin et dans le ciel, le bruit d’un aéronef en approche se fit attendre.
— Pilote navette à Sergent ?
— Sergent au rapport.
— Des incidents, problèmes ou difficultés à signaler ?
— RAS ! (*Rien A Signaler)
— Sergent, je vais faire un premier passage de reconnaissance. Regroupez vos hommes au point zéro. Puis, veuillez m’indiquer si vous, ou un membre de votre unité, avez subi une attaque quelconque ou une dépressurisation de vos combinaisons ?
— Je confirme le RAS.
— Vous êtes placés en quarantaine, jusqu’à nouvel ordre !
— Affirmatif.
Les soldats regroupèrent le matériel au point zéro et le sergent récupéra les diverses cartes mémoires archivant les analyses relevées.
L’officier regarda la navette se poser puis déverrouilla son casque. La caméra toujours en marche, il enleva son casque en se filmant les cheveux au vent. Il respira à plein poumon cet air extra-terrien puis, un large sourire aux lèvres, il leva le pouce en signe de victoire.
Quitte à subir la quarantaine, autant qu’elle soit justifiée…
Dans le vaisseau, l’euphorie et la joie se répandit comme une traînée de poudre.
La première colonie avait trouvé sa planète !
Aussitôt, le capitaine rappela la procédure afin d’obtenir une place au sein de cette première colonie :
— Une première liste de colon affectés à cette planète est d’ores et déjà disponible sur les serveurs. Toute autre personne souhaitant intégrer la colonie « Acqualand » doit impérativement en faire la demande qui sera examinée avec attention. Toute compétence liée à la mer sera un atout indéniable. Si des personnes, déjà sélectionnées, refusent d’intégrer cette colonie, elles pourront aussi le signifier et exposer leurs arguments.
Des centaines de demandes arrivèrent sur la console du capitaine. Elles furent étudiés par Arta qui les classa. Assez rapidement, la composition de la colonie « Acqualand » fut consolidée et seuls quelques noms, à la marge, restaient à étudier.
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