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Malgré cet atterrissage catastrophique, l’essentiel avait été préservé et même les quelques blessés avaient le sourire. Diverses contusions étaient soignées, mais rien de bien grave.
Laura Berkof, la responsable de la colonie, s’était cassé le bras dans sa chute. L’équipe médicale lui appliqua de l'épaule au doigts un gel auto-figeant qui immobilisa la fracture et s’occupa de sa coupure à la tête. Le pilote s’était blessé au front contre le tableau de bord, il s’en tira avec un bon pansement autour du crâne et une absence de commotion. Regroupés en petit nombre, les colons semblaient comme perdus. La désorganisation de leur débarquement les laissait désemparés, ils attendaient les consignes afin de se resaisir.
Mia intervint à nouveau et s’adressa à tous :
— Je ne dirais pas que cet atterrissage fut un modèle du genre, mais, y’a pas de morts et les blessés sont de la flotte. Y a donc une justice sur ce monde !
La plaisanterie fit sourire tout le monde. Il est vrai que les officiers de la flotte spatiale terrienne étaient reconnus pour leur arrogance et leur suffisance qui frisait souvent l’indécence.
— Chers amis, ne croyez pas que cet épisode sera le plus rude de notre aventure et j’ai le devoir de vous dire que nous avons tous une feuille de route à suivre, alors… au boulot !
Cette reprise en main énergique fut salutaire, chacun se releva et se mit à la tâche qui lui avait été confiée. Une longue chaîne humaine s’organisa et la navette fut déchargée des premiers éléments indispensables à l’élaboration du campement.
Les croyants remercièrent Dieu pour sa miséricorde et distribuèrent vivres et boissons aux enfants encore apeurés.
Mia en profita pour souffler un peu. Cette aventure commençait un peu trop vite à son goût.
— Un atterrissage bien merdique ! Comme savent si bien le faire ces bons à rien de la flotte…
— Tu l’as dit, ajouta Lila. Cet abruti de pilote ne mérite même pas la corde pour le pendre !
— Bon… on a du boulot ! Cette planète nous rappelle, un peu brutalement, que rien ne nous sera épargné ! Donc, on a établi un plan de route et on s’y tient ! lança Mia.
Aussitôt, Paul et Lila repartirent dans la navette et en sortirent plusieurs tubes de métal. Avec l’aide de Fred, ils assemblèrent une antenne de dix mètres et la dressèrent au point zéro. Pendant que les soldats sortaient leur matériel, Mia se rapprocha de l’hôpital de campagne dressé à la hâte. Elle salua Laura qui semblait beaucoup souffrir du bras et s’approcha du pilote :
— J’ai rarement vu un atterrissage aussi foireux !
— Quand vous saurez piloter, vous comprendrez que certaines fois, on ne fait que ce qu’on peut…
— Et toi, tu peux peu ?
L’homme, vexé, rappela son grade à Mia.
— Mesurez vos propos, Lieutenant !
— Mais je les mesure, Major ! D’ailleurs, mon avis est plutôt majoritaire. Votre statut de ‘héros’ a sérieusement pris du plomb dans l’aile !
Laura Berkof finit par intervenir.
— Je ne tolère aucune dispute de ce genre entre les officiers placés sous mon commandement. Que je n’aie pas à le répéter !
Mia changea de sujet aussitôt :
— Madame, le mât de sécurité sera en place d’ici cinq minutes. Vous devez rappeler les consignes à tous.
— Merci, Lieutenant.
Laura se leva en grimaçant et remis son casque. Elle contacta le capitaine du Nautilus sur un canal privé.
— Peter ?
— Oui, Laura. Comment vas-tu ?
— Coude cassé… et une belle entaille au crâne. Mais rien de bien grave. Je suis la seule fautive, la navette est désormais hors service et nous ne pourrons pas la réparer.
— La réparer ? Pour aller où ? Je te ferai parvenir la vidéo de votre chute… Qu’il n’y ait aucune victime à déplorer tient du miracle.
—Tu dois nommer quelqu’un d’autre pour diriger cette colonie. Je suis blessée. Je ne pense plus être à la hauteur. Je suis vraiment désolée.
— Tu as été mon second pendant combien de temps ? Cinq, presque six ans. Tu as maintes fois prouvé ta valeur. Cela ne te ressemble pas de baisser ainsi les bras. Tous ces gens comptent sur toi. Je compte sur toi !
— Tu as raison… Excuse-moi d’ajouter à l’ensemble de tes problèmes mes états d’âme.
— Ne te décourage jamais. Tu trouveras autour de toi, toute l’aide dont tu auras besoin. Nous avons choisi avec soin ceux qui t’accompagnent. Cette Mia, c’est de la graine d’amiral ! José Gracia est un gars solide, tu peux compter sur lui.
Ils discutèrent encore quelques minutes, mais Laura était attendue. Elle coupa la communication la mort dans l’âme. Elle ne se sentait pas en mesure de commander tous ces gens.
***
Sous la direction des architectes, le campement prit forme. Chacun accomplissait la tâche qui lui avait été assignée avec rigueur.
Mia, aidée par un électronicien responsable des panneaux photovoltaïques, finalisa la pose du radion sur le mat central. Cette machine propulsait une onde sur un kilomètre carré à partir d’un point central et analysait les réponses génétiques de toutes les cellules qu’elle traversait.
La jeune femme demanda l’attention de toutes les personnes présentes sur le camp et expliqua en quelques mots ce qu’elle comptait faire.
— Mes amis ! Je vais initialiser le radion.
Tous avaient entendu parler de cette machine assez incroyable. Ils écoutèrent avec attention.
— Veuillez rester immobile. Enfin… pas trop bouger. Je vais lancer l’analyse de notre environnement sur un kilomètre. Prêt ? Go !
La jeune femme enclencha le mécanisme. Une première onde circulaire enregistra chaque signature génétique qu’elle croisa. Arta, en liaison directe avec l’ordinateur du radion confirma que toutes les personnes de la colonie Acqualand avaient été scannées et seulement elles. Mia inversa les polarités de l’appareil et renouvela l’opération.
Arta confirma, à nouveau, que seuls les membres de la colonie étaient présents sur la zone.
— Mes amis, le radion est opérationnel. Toutes les minutes, une onde sera pulsée afin de surveiller les mouvements de la faune indigène autour de notre périmètre de sécurité. Si l’alarme retentit, veuillez vous regrouper autour du mât central et attendre les consignes. Merci de votre collaboration.
Ainsi protégés, les esprits s’apaisèrent et chacun put enfin se détendre. Alors que la nuit tombait, des spots furent installés afin de poursuivre l’établissement du campement. Un tour de garde fut établi et on coucha les enfants. Pour tous les volontaires, une longue nuit d’effort débuta.
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