Chapitre 29 - Nicolas
Après le départ de Gauthier, Nicolas resta un long moment à regarder dormir sa sœur, Attila toujours contre elle. Maintenant que la fièvre était tombée, elle avait l’air d’une petite fille agrippée à son doudou. Et son cœur se serra en se rappelant la fillette qu’elle avait été, bien des années plus tôt, trainant son ours en peluche d’une pièce à l’autre. Une mignonne petite gamine au sourire désarmant.
Qu’il trouvait difficile de voir sa sœur aussi peu confiante, aussi craintive, rétive… Qu’il en voulait à Héléna de l’avoir brisée ainsi…
Le lendemain, Louise allait un peu mieux mais il l’empêcha de se rendre au lycée, et l’envoya plutôt chez le médecin. « J’ai réussi à t’avoir un rendez-vous, Lou : 10h45. Ca va aller, toute seule ?
_ Oui, je me souviens où c’est.
_ Et tu te sens capable de marcher jusque là-bas ? Sans t’évanouir ? »
Elle leva les yeux au ciel pour toute réponse, comme si elle trouvait son inquiétude insultante.
Elle allait déjà mieux qu’hier, se dit Nicolas en quittant l’appartement avant d’être en retard en cours.
Il reçut en fin de matinée un SMS de Louise, qui lui annonçait le verdict du médecin : exemption de cours jusqu’à la fin de la semaine, et des médicaments qu’elle était allée chercher à la pharmacie sur le chemin du retour. Puis, vers midi, il reçut un autre message, de Gauthier cette fois, qui lui demandait des nouvelles de Louise. Il s’empressa de le rassurer, et de le remercier à nouveau. Louise n’avait même pas eu l’idée de les appeler, lui ou Virgile, lorsqu’elle était rentrée patraque du lycée, et n’aurait rien dit du tout si Gauthier ne l’avait pas fait.
Il secoua la tête, dépité : on en revenait toujours à ce manque de confiance, et au fait que, trop longtemps laissée livrée à elle-même, Louise n’avait même pas conscience qu’elle pouvait – devait – demander de l’aide quand ça n’allait pas…
A son retour en fin de journée, Nicolas trouva sa sœur dans le salon, comme la veille, mais sans Gauthier. Emmitouflée dans le plaid, Attila veillant sur elle, elle avait les écouteur du lecteur MP3 dans les oreilles, et le petit appareil serré dans la main. Il fallut qu’Attila bouge contre elle pour qu’elle réalise qu’elle n’était plus seule à l’appartement.
« Comment tu vas, ma Lou ?
_ Ça va mieux qu’hier. » assura-t-elle.
« Tu m’étonnes ! c’est pas dur… » sourit-il. « Gauthier m’a demandé de tes nouvelles, au fait.
_ Oh ? » Elle paraissait étonnée.
« Tu veux manger quoi, ce soir ?
_ J’ai pas très faim…
_ Il faut manger, Louison, prendre des forces pour lutter contre les microbes. De la soupe, ça passerait ? »
Elle accepta, plus pour lui faire plaisir que par réelle envie, et l’heure venue il lui apporta un bol dans le salon. Puis elle alla se coucher sans demander son reste. Et alors qu’habituellement Nicolas pouvait voir, longtemps après le moment où elle s’enfermait dans sa chambre, un rai de lumière passer sous sa porte, là il ne lui fallut que quelques minutes pour éteindre la lampe.
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