Chapitre 61
Après le diner, alors qu’on se câlinait dans le canapé, Clément a attrapé mes mains pour les bloquer dans mon dos pendant qu’on s’embrassait. Je n’ai pas pu m’empêcher de jeter un coup d’œil rapide du côté des chiens qui dormaient devant le feu. La pensée fugace d’Attila m’a effleurée : on n’aurait jamais pu faire un truc pareil en sa présence, il aurait sans doute sauté à la gorge de Clément…
« Lou ? » murmura ce dernier. « T’es avec moi, là ?
_ Oui, pardon… Viens, on monte ? »
On a éteint les lumières et on s’est enfermés dans notre chambre. Là, il a continué à m’embrasser, tout en défaisant nos vêtements.
« Tu as confiance en moi, Trésor ? »
C’est par cette question que souvent Clément s’assurait que j’avais envie de jouer, moi aussi, et me demandait la permission de m’attacher. Si je n’avais pas envie de ce genre de jeux, je lui disais franchement ; c’était déjà arrivé, il n’avait jamais insisté, jamais passé outre. On s’envoyait en l’air de façon plus conventionnelle et c’était très bien aussi comme ça.
Mais là, oui, j’étais partante pour une séance plus intense. C’était toujours plus intense, quand je le laissais tout diriger, me bander les yeux, m’attacher les mains… Cette fois, pas de foulard pour m’aveugler, mais il attacha à mes poignets les menottes qu’on avait achetées à l’automne. C’était deux larges bracelets de tissu rembourré, qui se fermaient avec un scratch, et s’attachaient l’une à l’autre par un petit mousqueton. Je pouvais m’en défaire seule si nécessaire, on avait fait le test. En contorsionnant mes poignets, j’arrivais soit à ouvrir le mousqueton, soit à tirer sur un scratch pour me libérer. C’était l’idée d’être à sa merci, qui me faisait de l’effet.
« Mets-toi à genoux, ma belle. » murmura Clément. Il parlait toujours doucement, comme pour contrebalancer le fait qu’il me donnait des ordres. J’obtempérai en souriant, et posai mes mains attachées devant moi sur mes genoux. Agenouillée à terre, sur une couverture pliée en huit pour adoucir le contact du plancher, je le regardais. Il se dressait devant moi, de toute sa taille. Son sexe en érection à hauteur de mon visage. Quelques mois plus tôt, j’aurais peut-être eu un léger mouvement de recul, mais j’avais fini par apprécier. Le voir prendre du plaisir grâce à ma bouche, c’était divin.
J’humectai mes lèvres de ma langue avant de m’approcher de sa virilité, et je dus me redresser sur mes genoux pour être à la bonne hauteur. Mes mains entravées me gênaient un peu, j’aimais le caresser en même temps que je le suçais, mais j’y arrivai tant bien que mal.
Après avoir simplement caressé son sexe de mes lèvres et du bout de ma langue, je parvins à le saisir entre mes doigts pour le diriger dans ma bouche. Et alors mes lèvres se refermaient dessus, je sentis des vibrations s’emparer du jouet que Clément avait glissé en moi. Un sursaut de surprise me fit pousser un cri étouffé, et un instant je craignis de l’avoir mordu. Mais sa vigueur me détrompa : tout allait bien, je n’avais pas serré les dents au point de lui faire mal.
Je levai les yeux vers lui. Il souriait. « Ça va, ma belle ? »
Je hochai la tête sans cesser ma fellation, resserrant au contraire mes lèvres autour de sa longueur dure, et il gémit doucement. Dans mon ventre, les vibrations ne cessaient pas. Elles étaient douces, mais si je resserrais mon périnée, je les sentais mieux.
Longuement, Clément joua en moi, à distance, tandis que je jouais sur lui. Les vibrations parfois s’accentuaient, pour mieux ralentir ensuite, ou bien le rythme changeait. J’entendais le petit ‘clic’ du bouton de la télécommande qu’il tenait dans sa main, mais je ne savais jamais ce qu’il avait choisi, et plus d’une fois je fus surprise par l’intensité ou au contraire par la frustration d’un mode trop doux.
Je sentais la main de Clément sur mon épaule, un effleurement doux qui se prolongea sur ma joue, et vint se caler dans le creux de mon cou. Je cessai de respirer. « Tout doux, Louise, ça va, respire… Continue, ma belle, je t’en supplie… c’est tellement bon… » Sans le quitter des yeux, je repris mes caresses sur son sexe, avec sa main posée légèrement sur ma mâchoire. Mon cœur battait fort, j’avais toujours une appréhension débile lorsqu’il faisait ça, me tenir la tête. Même si en réalité il ne tenait rien du tout, que sa main caressait seulement ma joue. Le jouet en moi changea, d’une vibration continue il se mua en une vague qui commençait tout doucement pour s’accentuer avant de refluer. Je fermai les yeux, c’était bon… et mis encore plus d’ardeur à le sucer. Il y avait finalement quelque chose de très troublant dans le fait qu’il tienne ma joue, je ne savais pas comment l’expliquer, mais comme s’il me guidait doucement. Pour notre plaisir à tous les deux, pas uniquement le sien comme je le craignais sans doute inconsciemment.
Le plaisir montait, montait, au rythme des vibrations qui s’intensifiaient, et je lâchai son sexe lorsque je sentis l’orgasme prendre possession de moi. Le front enfoui dans le pli de son aine, je m’accrochais comme je pouvais à sa jambe, de mes mains menottées, pour ne pas tomber. Déséquilibrée par les soubresauts de mon orgasme, je flanchai tout en gémissant, les yeux fermés. Clément me tenait contre lui, m’empêchant de tomber, et il ralentit progressivement le jouet, jusqu’à l’arrêter totalement. Toujours attachée à sa jambe, comme un koala à son arbre, je reprenais lentement ma respiration.
« Viens, Lou, donne-moi tes mains. »
Il m’aida à me redresser et à m’allonger sur le lit, puis me retira le jouet qui sortit tout seul lorsqu’il tira dessus.
« Clément…
_ Ouais ?
_ Je t’aime. » Son sourire valait tout l’or du monde, toutes les paires de menottes.
Il libérait justement mes poignets, et je ne lui laissai pas le temps de vérifier qu’ils n’avaient pas marqué au passage des bracelets, je nouai mes bras autour de lui et l’attirai sur moi, entre mes cuisses. Il plongea en moi son sexe brulant, m’arrachant un gémissement tellement j’étais sensible. Il n’eut pas de mal à me donner un second orgasme, avant de se laisser aller à son tour.
Epuisés, on s’est finalement abattus chacun sur son oreiller, les doigts enlacés, avant de se rapprocher jusqu’à se trouver front contre front.
« Je t’aime, ma Lou. Ça va ?
_ Oui… » Je sombrais déjà doucement dans le sommeil.
« Dors, mon amour. Dors… » murmura-t-il avant d’éteindre la lumière.
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