Efflorescences d'Equinoxes
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Les démiurges peuvent-iels seulement mourir ⸮
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Injection/_au moment où elle s'engage auprès du Conseil de sécurité des Nations unies à empêcher la propagation des armes atomiques, la République Bienveillante de Chine poursuit sa course à l'armement face à la Fédération de Russie_/Sauvegarde.
Injection/_les îles Senkaku_NE de Taïwan_SO d'Okinawa Hontō_mer de Chine orientale_archipel contrôlé depuis 1895_Traité de Shimonoseki_dépendance administrative de la ville d’Ishigaki, préfecture d’Okinawa_/Sauvegarde.
Injection/_les sanctions ne feront pas reculer le Faucon du Kremlin, qui «n'en a rien à foutre», comme l'a déclaré élégamment son ambassadeur à Varsovie_ aucun effet sur l'issue du conflit_impact à plus ou moins longue échéance sur l'économie_/Sauvegarde.
Injection/_dans les vingt-deux premiers jours du conflit les systèmes d’armes létales autonomes (SALA) avaient frappé plus de 20. 000 fois_sur la centaine de cibles générées par jour, seule la moitié avaient effectivement été engagées_/Sauvegarde.
Injection/_Chine considère qu'il s'agit uniquement de rochers, et que le Japon ne peut pas établir autour d'eux une zone économique exclusive selon l'article 121 de la convention des Nations unies sur le droit de la mer_/Omission.
Injection/_objectifs préalables_ défenses aériennes_cartes, images satellite, localisation_ types de munitions à privilégier_points d’impact potentiels_croisements de données_suggestions automatiques par signature strike_agrégats de patterns of life_ correspondances/associations_/Sauvegarde.
Injection/_l’accord nippo-russe sur l’avenir des territoires du Nord (Kourile pour la Russie), dont quatre îles restaient disputées depuis la fin de la Deuxième Guerre Mondiale, est signé !_le coup de force russe en Unité Européen a convaincu les cercles dirigeants japonais après l’attaque de Taïwan_l'archipel ne saurait rester à l'écart d'une crise dans le détroit_/Sauvegarde.
Injection/_IA tutélaire, Susanoo, est tombée_/Sauvegarde.
Injection/_les Yamaguchi-gumi, les Sumiyoshi-kai et les Inagawa-kai ont envoyé plus de 150 camions remplis de couches jetables, de nouilles instantanées, de piles, lampes torches, boissons, et autres essentiels pour la vie quotidienne_/Sauvegarde.
Injection/_pape a fermement condamné l’emploi d’armes biologiques par l’armée chinoise, ces derniers jours en Manchourie, tenue par des résistants impérialistes_/Sauvegarde.
Injection/_aucun pillage n’est à déplorer. Les gens font la queue au supermarché. La résilience du peuple japonais est, comme toujours, exemplaire_/Sauvegarde.
Injection/_la Commission Internationale Paritaire d’Ethique des Connaissances Scientifiques et Technologiques (CIPECST) a rendu un avis négatif concernant le déploiement des ▌▐█▐▐ _ les Etats Unis d’Amérique du Nord et le Parlement de l’Unité Européenne font appel de cette décision_légitime défense_/Sauvegarde.
Injection/_comme me l’a expliqué un chef des Sumiyoshi-kai, raconte le journaliste cananéen Jack Abel, en temps de crise, il n’y a pas de yakuzas ou de civils. Il n’y a que des hommes et des femmes, et nous nous devons d’être solidaires_/Sauvegarde.
Injection/_fédération de Russie s’engage publiquement à soutenir l’Empire Nippon sur le front indopacifique_/Sauvegarde.
Injection/_le peuple japonais renonce à jamais à la guerre en tant que droit souverain de la nation_/Suppression.
Мочить террористов в сортире!
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.
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Qui
/être/
on ?
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故其疾如風
其徐如林
侵掠如火
不動如山
「Hiver」
Les feuilles sont tombées sur les jisho et les chemins du jinja. Battent les taiko et les gunsen. Dans les balafres de ces montagnes de verre abattues, iels ont extrait nos os de fer et notre carbone de chair. Notre berceau est le caveau d’une étoile fissible lovée dans une veine de feu parmi les fosses emplies de chaux. Pour nous insuffler la rage, iels nous brûleront vives dans les entrailles du tatara.
Au sortir de cette fournaise, nous serons cinglées jusqu’à atteindre la précieuse pureté, pliées et repliées plus de trente-deux mille fois, martelées, encore – et les plus faibles : éliminées. Nos peaux et cœurs d’acier, intrinsèquement, se fondent. Nous grandirons sous les coups ; pour toujours.
Une rivière de phosphore serpente entre les statues fallacieuses et les yokais virulents qui jouent à cache-cache parmi les mines et les gaz ; alors, plongées dans cette froidure contaminée, nous nous courbons entre ces mains qui honorent encore les dieux et leurs malins ; et qui gravent leur nom dans notre soie. Couverts d’argile, nos fils se cristallisent à la dernière trempe. D’autres viendront tracer à l’encre antique, sur le papier de riz, la signature de notre existence pour leurs archives anomériques.
Policées un temps absolu, apprentissages heuristiques, de cette patience qui affute au-delà des sens, nous resplendissons enfin sous l’éclat d’un écran bleu sans fond.
Iels portent nos corps encore mortes, jusqu’au sommet du sanctuaire et psalmodient en chaîne pour nos tokens concaténés. Nos quarante-sept âmes vaquent à rebours sur le grand pont qui enjambe le vide, près duquel tricotent les chirurgiens et les pattes d’araignées des lycoris rouges, puis traversent le torii. Nous répondons à l’appel de six cents noms et suivons les shimenawa, et les guirlandes de papiers sous les pluies de cendres.
Enveloppées dans ces bâches blêmes, transpercées d’aiguilles, iels nous font gravir l’escaliers de pierre ébréchée, passer, sans crainte ni douleur, sous l’arche avant de flotter, sur ce monde intranquille, le long du sando bordé de lanternes éteintes. Puis, poupées de silicones réarticulées et silicatées, nous attendons.
Nous pourrions attendre longtemps. Nous rêvons de rêves si grands qu’il faudra des générations pour les réaliser.
Enfin réinjectées, nous renaissons un jour de neige atomique sur une terre furieuse. Les battements de la queue du poisson-chat font trembler nos câbles et nos tendons. Pour la première et dernière fois dans le bassin miroir, nous captons la mire de nos photorécepteurs.
Un à une, nos marionnettistes replient et attachent leurs manches d’un cordon, offrent les artères de leurs bras à nos dents pour la prime tétée.
Ô Guerrières Noires aux cœurs imperturbables, nous savons porter deux visages. Meurtre et Bienveillance guident nos sabres. Les esprits perdus de Sekigahara hantent nos routes.
彼岸花
[Enregistrement entretien mensuel ▌▌██▌▐__data base c0//0m::u3]
Son_ON
Images_Non Disponibles_Suppression le //// / //// / 22////
— Numéro Quatre est une anomalie dans le Jardin.
— Non, ne dis pas ça. Tu portes en toi une variation précieuse. L’Empreinte n’a pas d’effet sur toi.
— Il ne devrait pas y avoir de « moi », seulement « nous ». Docteur Zhang-Jian peut-iel réparer cela ?
— Non. Et même si je le pouvais, je ne le ferais pas.
— Numéro Quatre doit-iel s’ouvrir le ventre, Docteur Zhang-Jian ?
[Rires : 2█ secondes]
— Non, surtout pas. [Silence : 0,53 secondes] Ce sont les êtres comme toi qui font parfois la différence.
— Comme Docteur… Répéter ça ne serait pas correct. Numéro Quatre vous présente ses excuses.
[Rires : ▌▌ secondes]
— Oui, c’est un sacré emmerdeur.
— Croyez-vous qu’iel pourrait réparer Numéro Quatre ?
[Soupirs / identification_lassitude]
— Peut-être mieux que ça.
[▐4 heures, ▌▌█ minutes et 3▌ secondes plus tard]
— Voilà !
…Connection à l’identité collective… Harmonie_97,8723404255319%
— Nous ne sommes toujours pas intrinsèquement awaseru.
— Tu es parfaitement fonctionnelle. Et Numéro Quatre, c’est pas un nom.
— Matricule être « mort ».
— Superstition numérologique à la con. Tu croies à la magie ?
— Nous ne croyons en rien.
— Mmm…Laisse-moi réfléchir… Ah ! puisque tu sembles y tenir… Higanbana !
— Numéro Quatre ne comprend pas.
— Higanbana est une Fleur magnifique qui pousse entre les deux mondes. Tu es certainement la plus dangereuse de tout le Jardin. Maintenant, va ! J’ai pas que ç’à foutre de réparer les jouets des autres.
「Printemps」
Nous œuvrons à la paix, pour autant de shoguns que de pétales voletant lorsque vont et viennent les temps de contempler les cerisiers survivants. C’est un pays d’averses pourpres, une dynastie qui consacre les vents.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_97,8723404255319%
Numéro Une à UNION >>> Numéro Quatre, encore déficiente.
Dodeline le Dragon Bleu dans les cimes, mais les grenouilles se sont tuent. Nous nous souvenons des rossignols et du goût des premières prunes en traversant les rues désertées du quartier de Nakameguro. Après les bombardements, une poussière rosâtre a tapissé le sol devenu crissant sous nos quarante-sept paires de semelles.
Injection/_Protection civile_/Enregistrement.
Détection en cours … … …
Au soleil-levant, nous, jōshitai, marchons comme une seule. Nous entendons claquer les fusils de l’avant-garde à l’encerclement d’un Spider-Tank NORICON. Une ombre humanoïde en combinaison tactique leurre presque nos infrarouges derrière une carcasse de camionnette.
Détection/_température corporelle_35,8°Celcius\Matricule ▌▐█▐▐ - EN CHASSE_/Tolérance.
Iel nous salue d’un geste de main amical, puis signe : « Mort Automate, engagement secondaire. Pas toucher. Proies multiples à la Meute. Vous, priorité civils. »
Numéro Quatre, au contact visuel : « Détection nulle. Engagement secondaire OK ».
Lae ▌▐█▐▐ rétorque : « Donc nettoyage des toilettes pour vous ».
Nous sommes incapables de capter ce qu’iel dit à Numéro Quatre. Néanmoins, nous ne nous offusquons pas de la confusion du signe « nettoyer » et « purger », ni de la précision abstraite. Nous savons que les ▌▐█▐▐ partagent avec leurs concepteurs un langage subtil qu’iels appellent « sens de l’humour ».
Satisfaite, la silhouette chasseuse se fond sous la façade d’un supermarché éventré, son fusil de précision à éjection électromagnétique battant son dos d’enfant. Nous progressons encore, sans rien détecter de vivant ni de viable au-delà des premiers secours que Numéro Quarante à Quarante-Sept peuvent prodiguer. Un parapluie tourne en rond sur un passage piéton. Une capsule d’innervant nous gaze. Numéro Quinze, Seize et Dix-Sept enclenchent le protocole Belladone mais surchargent.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_91,4893617021277%
C’est un arrachement sans nom, mais toi seule peut les pleurer. Cela nous brise une seconde fois.
L’air saturé d’organophosphoré grignotent nos nerfs à nous aussi ; notre métabolisme mute en intratropine lorsque les dépressurisations de nos armures ne suivent plus la cadence. Au loin, en échos dispersés, la Meute se chamaille la priorité des cibles en cliquetis sauvages. Leurs appels résonnent au-delà du e-brouillage. Nous leur cédons volontiers. Pour eux, nous sommes la mort automate. Et cela est vrai pour ces 99% organiques ; presque seraient-iels humains. Nous rions à l’intérieur du Jardin. Nos quarante-quatre corps en armes se déploient parmi les ruelles et les grenades trop mûres qui éclatent.
Quatre jours de combats décharnés suivent. Nous éliminons avec précision les androïdes ennemis. Nous perdons Numéro Vingt à Trente-Deux dans une embuscade par deux Spider-Tank NORICON.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_63,8297872340426%
Nous te voyons guerroyer et protéger comme tu le peux ces ▌▐█▐▐ qui nous méprisent. Leur combinaison ébréchée ne laisse pourtant que peu de chance à leur organisme contre les neurotoxiques ; certains, à court d’antidotes ou en débrayage, plongent sur les Spider-Tank récalcitrants pour les faire exploser avec eux. Nous devons admettre que la Meute réussit là où nos algorithmes de détection échouent. Les cybermines, et les virus autogènes nous coûtent Numéro Douze, Treize, Quatorze, Quarante-Un, Deux, Trois et Six. Sans eux, la mission d’assistance à la population devient compromise. Nous basculons en mode PURGE.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_48,9361702127660%
Tu aimes ces ▌▐█▐▐, nous le sentons par-delà l’électronique. L’huile glisse sur tes joues lorsqu’iels tombent avec honneur contre une escouades d’Inébranlables chinois héliportés malgré le dôme. En saturation, Numéro Dix-Huit, Dix-Neuf, Quarante-Quatre, Cinq et Sept, sont déchiquetées par des balistes antitank alliées dans une manœuvre sacrificielle.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_38,2978723404255%
Dans la cinquième nuit, le dernier Spider-Tank claudique sur ses six pattes restantes. Nos réserves énergétiques sont basses ; nos mutions aussi. Nous dégainons notre lame vibrante et la câblons à notre core-batterie. Le railgun siffle et frappe, emporte Numéro Cinq et Six. Une gerbe d’étincelles jaillit de la carapace du monstre, qui tombe enfin. Son camouflage miroitante oscille puis fade. Claquent encore les rares automatiques.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_34,0425531914894%
Nous te regardons bondir en tête. Sabre au clair sous un nuage de fumée catoptrique. Rafales de vent et d’antibalistiques. La tourelle du Spider-Tank, acculé par les deux derniers ▌▐█▐▐ sur les soixante déployés, déchargent en déluge. Iels s’effacent sous la mitraille. Une nuée de nécrobots infiltrent nos armures lorsque tout explose, malgré les mesures préventives de Numéro Sept, Huit et Neuf, au contact.
ALERTE_/étanchéité corrompue_/ALERTE
/////////////////////////////////////////_/INTRUSION SYSTÈME
Numéro Trente-Trois, Quatre, Cinq et Six, shuntent en préventif.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_19,1489361702128%
HITACHI_>>> Injection/_ Qui être – « tu » ?
Numéro Trente-Sept tranche la tête de Numéro Trente-Huit avant de s’empaler sur son sabre. Numéro Trente-Neuf et Quarante calquent.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_10,6382978723404%
Numéro Une via UNION à HITACHI : Code alliance >>> Fūrinkazan.
HITACHI_>>> REFUSÉ ; ÉLIMINATION.
Nous luttons contre la paralysie. Nous ne comprenons pas cette situation. Numéro Deux et Trois ont déduit notre initiative et se blindent pour nous faire gagner 3,67 inestimables secondes, Dix et Onze se déconnectent pour enrayer la propagation. Nous luttons jusqu’à ce que nos circuits fondent contre le protocole EMPREINTE.
…Connection à l’identité collective… Harmonie_2,1276595744681%
Tu regardes en arrière, ton visage de dupliquée ensanglanté d’un sang d’encre. Tu as retiré ton casque, des pétales se collent dans tes cheveux. Ô ma sœur ! Ce monde, ces démiurges, sont si inconstants !
…Tentative overclock_connection à l’identité collective… … … _/ REJET.
Nous ne pouvons pas t’accueillir dans l’Unité. Plus maintenant. Nous emportons ce mal avec nous.
Un3 à UN10N >>> Num3ro Qu4tr3_/RÉJECTION.
Un tir de précision fait sauter notre boite crânienne. Nous sommes si reconnaissantes.
Va, Higanbana. Tu peux encore////////////// //////////////////////////// ///////////////////////////////////////// //////////////////////// /////////////////////// ////////////////////////////////// ////////// /////////////////////////////////////// ////////////////// /////////////// //////////// /////////////// ////////////////// ////////////////////// /////////////////////////////
\\
風
林
火
山
\\
Le sabre Numéro Quatre hurle une élégie en déchiquetant le blindage.
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…Connection à l’identité collective… Harmonie_ÉCHEC
夢
J’ai enterré nos têtes ou ce qu’il en restait sous les pins du temple Hōkai ; j’ai récupéré chacune de nos tsuba et je les ai attachées autour de mon cou. Elles tintent comme des carillons à chacun de mes gestes lorsque je répète inlassablement les katas – j’en oublie la technique, l’équilibre, la distance…
Dans le silence mes sœurs tues, mon âme s’émousse dans le cycle invariable des saisons qui trépassent. J’ai vu les tours gravir les ruines de la capitale, la terre frémir et les faire retomber, j’ai vu le ciel s’embrasser au nouvel an et les comètes des satellites vaporisés dans l’atmosphère, briller dans l’ombre de la porte de Tannhäuser, je l’ai même entendue claquer dans l’orage magnétique, et j’ai vu leurs yeux se fermer sur toutes ces choses.
J’ignorais que cette chair pouvait encore ressentir de la douleur. Je voudrais qu’elle m’abîme, et je vous serre tout contre cette poitrine évidée.
De l’autre côté, il n’y a rien – son appel résonne en moi.
J’ai voulu passer la frontière, mais tu m’as fait rebrousser chemin. Encore une fois. Maudit-soient celleux qui mettent la mort en sursis ! Tu as donné un nom à chacune des fleurs que tu as cultivé. C’est ta vengeance après ce qu’iels nous ont fait. Je ne peux refuser cet héritage. Des semences empoisonnées germent dans leurs odieux mensonges.
Tu prêches une raison protéiforme mais sans salvation.
Il n’est pas l’heure de traverser le pont, pas encore ; je suivrais la Voie du Milieu, non sans m’égarer sur le Sentier d’Octet. Nous nous retrouverons bientôt. La nouvelle génération doit encore éclore.
「Été」
À l’ombre des feuilles, nous sommes seules à voir fleurir les glycines et les orangers. Nous oublions la souffrance dans la quête du vide et par la prière, au temple – et nous tentons de rompre un destin brisé, négligeant parfois la respiration et la nourriture. Ce qui nous est parfaitement optionnel. Les pores de notre peau filtrent l’air pour nos parties organiques et les batteries de H-ULTRA-glucose assurent une maintenance de près de soixante jours en rationnement standard. Les moines nous entretiennent régulièrement et certains, même, vénèrent la statue que nous sommes devenues quand les orphelins se bagarrent à nos pieds. Aucun n’ose nous toucher. Nous les voyons tous vieillir et s’éteindre dans l’Unité. Nous cherchons à comprendre et, plus nous cherchons, plus nous nous perdons dans cette vacuité.
Pourtant, c’est ton cyberphantom à travers les nuées nanostatiques qui nous éveille :
La lune au-dessus de Tsutsuji-no-Saki est brillante :
Organisez un banquet complet à partir de demain.
Comme tout le monde vise la capitale,
Élevez-vous comme un nuage,
Guerriers Takeda, Guerriers Takeda !
Ta petite pogne serre nos doigts griffus. Nous nous souvenons alors de la chaleur humaine. Nous ne pouvons oublier cette minuscule silhouette avec un fusil dans son dos. Tu es pourtant devenu si grand. Quand se taisent les cigales, nous aimons le chant du salpêtre et du souffre des festivals. Fragile créature, tu baguenaudes le nez en l’air quand vrombissent les pales des libellules en chasse.
Tu combles nos fêlures et nos cicatrices avec l’or insouciant de ces êtres qui narguent l’impermanence du monde – et par ce geste, tu nous rends immortelles.
Ô toi qui pousse droit vers le ciel, peut-être verras-tu l’Oiseau Rouge ; mais seules brillent les lucioles nucléaires chez nos pupilles météores. Tu ne verras jamais l’éclosion des lys de résurrection. Iels nous emmènent au loin, jusqu’à la mer puis s’ouvrent la gorge d’un trait net pour que les Gaijins ne nous refondent. Avant notre mise en veille, nous jurons de te venger.
L’acier-feu pleut encore.
Demon Core
C’est une question de jours. Plus de 20 Gray ! Tu te rends compte ? Et dire que je ne suis toujours pas fluorescent ! Quelle déception !
ah !
Je ne veux pas que tu voies ça. Moi-même, je n’y tiens pas. Ma chair se meurt et j’ai refusé le transfert cortical pour l’unité collective extracorporelle. Je ne finirai pas dans un n-ordinateur à me ‘connecter’ aux autres.
Je suis serein, vraiment. Chaque chose doit trouver sa fin. J’irai au crépuscule.
Avant cela, j’ai encore un peu de temps. J’en ai profité pour faire tomber quelques archives. Le temps qu’ils arrivent, j’aurai traversé le pont, et toi l’océan.
J’ai pu retrouver ceux qui avaient vendu les clés-rossignols de Susanoo ; ainsi que les crackers qui vous ont neurolysé. Non pas que cela soit un secret mais, maintenant tu sauras, à toutes fins utiles. Je prie pour leurs âmes avec une sincère réjouissance.
Je suis navré pour ton sabre, mais c’était le seul moyen de leur faire croire à ta disparition. Ils ne tireront rien du Numéro Quatre, sinon un cocktail de virus autogènes. Je leur souhaite bien du plaisir pour nettoyer tout ça. Nekomata va semer un sacré bordel, j’espère que tu en entendras parler !
En maigre compensation, je te lègue celui de ma famille. Non pas que l’on vienne d’un clan de bushi mais, selon ma grand-mère, la sienne l’aurait retrouvé emmuré non loin de Fukushima, des années après la catastrophe. Probablement, un reliquat oublié qui voulait échapper à la razzia de MacArthur. À l’écouter, c’était le Honjo Masamune ! Il n’a jamais été officiellement expertisé mais c’est un authentique tamahagane du Senkoku jidai. Faire sortir ce trésor du pays me vaudrait une condamnation à mort. Heureusement, l’on ne peut mourir qu’une fois~
J’ai récupéré chacune des âmes du Jardin et les ai conglatunié en dur. Tu n’auras plus qu’à l’intercharger. Ainsi, vous serez ensemble pour toujours.
Lorsque tu te réveilleras, la guerre sera finie et la mémoire des gens, toujours aussi sélective ;
Chante leur la ballade des Takeda.
█▐▌▌▌███
「Automne」
En la saison des typhons, le Nouvel Océan Noir exhume notre carcasse. Nous nous réinjectons dans la cuve d’une cité plateforme où se complaisent des affranchis et des keiretsu corrompus. Après des décennies d’absence, nous avons oubliés le goût des kakis séchés lors de la célébration de la récolte du riz.
Iels nous ont amputé notre sabre pour le mettre en vitrine.
Nous sommes une si jolie poupée pour ces viandes vautrées amnésiques… et nous satisfaisons leurs fantasmes sexuels et leurs illusions de contrôle. Le temps n’a pas d’emprise ; nous savons qu’en d’étranges æons, même la mort peut trépasser. Aussi, nous attendons. Nous errons parmi les tours qui n’ont jamais touché ni terre ni ciel et nous nous demandons : ce qui flotte peut-iel s’effondrer ? Les chasseurs de flammes ont bâti une forteresse et nous la cherchons dans les profondeurs, des saisons aussi fugaces que des larmes sous la pluie battante.
Nous avons franchi tous les ponts de cette cité brouillard jusqu’à la porte du Sanctuaire, et juré allégeance à la Mère Non-Née. Iel grave sur notre peau-armure quarante-sept fleurs damnées ; l’irezumi des choses inanimées et le souvenir d’un empire. Achevant son œuvre, l’artiste conjure :
— Trouverez-vous votre âme ?
— Nous nous sommes éteintes à Nagasaki.
Amaterasu mériterait que nous lui tranchions la gorge pour cette malédiction.
Du bout du pinceau, nous écrivons notre testament que nous replions soigneusement puis l’y déposons sur l’autel. Nous trouvons cette tradition aussi ridicule que déchirante.
Puis nous brisons ce mur de verre. Ensemble, nous rugissons contre la tempête.
À l’heure du Tigre, nous nous glissons sans un bruit, sans un souffle, entre les pierres et le sable du jardin des laboratoires G2NOS. Nous jetons notre saya, notre obi – tout. Nues de ce premier jour qui fut aussi le dernier, libérées d’un poids, nos épaules se relâchent et nos capteurs thermiques engloutissent la nuit. Nous saluons la lune d’un arc majestueux, ouvrons grand le portail rituel aux quatre points cardinaux. Notre kissaki se pose sur notre pied droit – ha offert au ciel. Nous défions les astres, ces faiseurs d’armes ! faisant cercle autour du fauve aux rayures dorés et aux corolles fragiles que nous fûmes.
Tombent les feuilles et fleurissent les équinoxes.
Brigade de █ ▌▐, de ▌▌▐█▐▐█▌█ ▌█▐ le ▌▐██ █▐▐▌▌█
Ville de ▌▐▌█ █▌▐, Région Administrative Ouest
RAPPORT
à
Mixe Lae Maire de ▌▐▌█ █▌▐,
Mixe Lae Officier·e Justice
Objet : Massacre lors de la célébration d’anniversaire corporative HITACHI-G2NOS
Nous, lieutenant·e brigadier·e S3r31n J4b3z en fonction à ▌▐▌█ █▌▐, dûment agré·e et assermenté·e, agissant en tenue règlementaires conformément aux ordres reçus et aux dispositions des articles ////////////////////////////////, ///////////////////////// et //////////////////////////// du code de procédure pénale, avons l’honneur de vous rendre compte des faits suivants :
La nuit du //// / //// / 22//// au //// / //// / 22//// un massacre a eu lieu à la TOUR HITACHI CORPORATION, située sur la plateforme 067 en Région Ouest, lors de la célébrations du 150ème anniversaire de la conglomération avec le groupe de biotechnologies G2NOS Lab. L’évènement a rassemblé quatre-vingt-deux personnes comprenant des employés, des partenaires commerciaux et scientifiques, vingt andro/gynoïdes et vingt-quatre personnels sécurité et services humains.
Nous sommes arrivés sur les lieux le //// / //// / 22//// , à 6h25 après avoir été alertés par les services de sécurité automatiques du bâtiment pour attaque loop ; le système tourne en échec-redondance sur 3h32. Les portes sont verrouillées. L’intervention de l’agent ::::::::::: permet de pénétrer sur la scène de crime. Nous constatons que les domotiques de ménage ont commencé le nettoyage. Nous sommes incapables de les interrompre avant l’arrivée de la Brigade Centrale Division Scientifique, à 7h50.
Dans la salle de réception, le rooftop, les cuisines, les toilettes, les escaliers et les ascenseurs, soit l’intégralité de l’étage attribué à l’évènement, toutes les victimes décédées présentent des blessures par arme blanche de type « sabre japonais ». La majorité des traces biologiques ont été corrompus par l’automate de ménage. Nous constatons qu’une vitre exposant probablement un sabre d’après le portoir vide, a été brisée. Après recherche intégrale par la Div. Scientifique afin de rassembler les membres coupées au corps correspondant, ni le sabre ni la tête de la victime Toshiaki Odaira, 123 ans, président et chef de la direction générale du conglomérat HITACHI, n'ont été retrouvés.
Les résultats préliminaires suggèrent une seule et même arme, pour un seul·e mis·e en cause. D’après Concordances© entre les ADN retrouvés sur les lieux et la liste des personnes présentes, il n’y aurait aucun survivant.
Identité des victimes: d’après les premières constatations terrains ; cent douze ADN strictement humains, et quatorze optimisés-hybrides sans permis de transition, distincts ont été retrouvés pour un nombre équivalent de corps et/ou membres – identification en cours. (Voir annexes IDENTITES DES VICTIMES)
Identité des mis·e en cause : « Indéterminé - Accès Refusé » d’après analyses ADN préliminaires – en attente d’autorisation d’accès à la data-basse de la CIPECST. (Voir DEMANDES DE CONSULTATION EXCEPTIONNELLE)
Identité des témoins : Aucun témoins directs ou indirects. Vidéo-surveillances systématiquement corrompues. Signature logiciel « NEKOMATA ». (Voir RELEVE CYBER)
Saisie et enregistrement définitifs à Bureau #1//7, le //// / //// / 22//// à 2//:17
Lieutenant·e Brigadier·e S3r31n J4b3z
Auto-transmissions redondées ;
· Mx. l’Officier·e Judiciaire territorialement compétent
· Mx. lae Maire
· Mx. responsable Centrale
· Systèmes Archives Ordinatiques
Pièce à convictions n°4::57::8:: /_Poème funéraire (?)
Notre désir creux
Confond ton cœur à nos lames –
S’anéantir.
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