À l'image de la Nuit : IV
Je mentirais si je disais que je n’avais pas eu la moindre appréhension en entrant dans cette immense salle de banquet. Comme on pouvait s’y attendre, elle était à couper le souffle : tout, ou presque, était de cristal délicat, démultipliant par un savant jeu de transparence en fractale les arcades titanesques qui ornaient l’endroit. Au centre se dressait une immense table de banquet en U, me rappelant celle que j’avais vue à la cour d’Arawn : on me plaça vers ses extrémités, ce qui me rassura.
Au centre, placé entre Edegil, Alatarielë et une ældienne à la chevelure d’un rouge flamboyant, dont le physique et la peau de bronze pur m’évoqua une Tanit en plus austère, se tenait un ældien mâle que je pris d’abord pour Uriel. Mais sa chevelure était deux fois plus fournie, sa peau plus unie et d’une pâleur sans tâche, ses yeux d’encre vifs et détendus. C’était Fornost-Aran. Je restais un moment bloquée sur son visage racé, d’une beauté stupéfiante, étonnamment plus douce que celle de ses trois frères cadets. Il semblait même plus jeune qu’eux ! Cependant, l’illusion ne dura pas : sa bouche, en voulant sourire, afficha un pli méprisant et cruel. Il avait bien le même ADN que ses frères.
— Qui est cette superbe femelle ? s’enquit Fornost-Aran en me jetant un regard intéressé. Ta nouvelle conquête, petit frère ?
Lathelennil, après m’avoir jeté un regard, s’apprêtait à répondre lorsque son autre frère, Uriel, revenu d’entre les morts et plus fringant que jamais, prit la parole à sa place. Mana était à ses côtés, mais elle faisait mine d’ignorer la conversation.
— Tu ne la reconnais pas ? s’amusa Uriel.
— Certes non, fit Aran, qui, les yeux vissés sur moi, se saisit de son verre et le vida d’un trait. Si j’avais eu une si superbe ædhelleth en face de moi, je m’en souviendrais !
Uriel éclata de rire.
— C’est que ce n’est pas une ædhelleth, fit-il, ce à quoi tous les convives me regardèrent. C’est une adannath tout à fait particulière, que j’ai pris à mon service pendant quelque temps, après que tu l’aies toi-même refusée. Offerte par l’ennemie dans l’espoir que tu la tues, mon frère…
— J’en veux bien, maintenant, grogna sombrement Fornost-Aran. À moins que notre petit frère s’en soit emparé pour sa consommation personnelle ?
Lathelennil me jeta un regard rapide. Il avait l’air de quêter mon approbation.
— C’est l’épouse d’un sidhe æribani à qui je suis redevable, grinça-t-il à regret après avoir croisé mon regard équivoque. Malheureusement.
— Et alors ? lâcha Aran avec un air méprisant. Un sidhe s’incline devant un prince. Et depuis quand un Niśven est-il redevable de quelque chose ?
— Ce sidhe est le fils de notre bien-aimée sœur, continua Lathelennil. Ar-waën Elaig Silivren.
Le roi de la nuit plissa les yeux.
— Le fils de ce roturier khari qui a violé notre sœur, tu veux dire… Il est vivant ? Et ici ?
Uriel émit une petite toux agréable.
— C’est également le demi-frère de ma Dame, mon frère. Je te serai donc très reconnaissant de respecter les conventions familiales.
Lathelennil attrapa la coupe sur la table et se mit à boire, encoléré. Un héraut vint annoncer le début des festivités, et quelques musiciens vinrent nous réjouir les oreilles de leurs harpes délicates.
— J’ai ouï-dire qu’on aurait un joueur de clariseach, à bord, sourit Aran alors que les plats circulaient entre les convives, amené par les laquais sluagh – les plus beaux et lisses que je n’eus jamais vus. Je n’ai eu la joie exquise d’écouter cet instrument des plus rares qu’une seule fois dans ma longue existence, et je me rappelle encore des frissons que cela m’a procuré. Est-ce que quelqu’un sait où on peut dénicher le virtuose en question ? Je fournirai l’esclave qui servira d’instrument.
Lathelennil, placé à côté de moi, me jeta un regard qui se voulait discret.
Ne t’inquiète pas, me glissa-t-il rapidement à l’oreille, je ne dirais rien.
Je le regardais, étonnée. De quoi me parlait-il ?
— Je doute que vous goûtiez réellement à ce divertissement, Sire, sourit Mana en attrapant délicatement son verre de gwidth entre ses longs doigts. En général, les chants qui l’accompagnent sont railleurs et acides pour le commanditaire.
— Sans parler des terribles conséquences qui accompagnent l’intervention de l’artiste en question, fit Edegil sombrement.
Aran sourit.
— Donc, vous avouez cacher l’Aonaran dans votre cour, Edegil.
— Je n’avoue rien du tout. Je n’en sais pas plus que vous. Il peut se trouver là, ou non. Nous avons la guilde du Chemin Voilé parmi nous, en revanche : cela au moins, est attesté.
— L’Aonaran doit dissimuler sa présence maudite parmi eux, fit sombrement le troisième frère, Aeluin, que je connaissais peu.
— L’Aonaran ne voyage jamais avec une troupe, corrigea Fornost-Aran. Même les filidhean se gardent de lui.
Uriel, qui n’avait pas dit grand-chose pour l’instant, se cala dans son fauteuil.
— Pour ma part, c’est avec plaisir et joie que j’apprends la présence de l’Aonaran sur ce vaisseau, mes amis, fit-il sombrement. Et ce n’est pas pour ses talents de musicien, mais bien de combattant que je m’en réjouis. J’ai contemplé Shemehaz dans les yeux, ce jour-là. Ce n’est pas une rencontre que je souhaite revivre !
Un silence tomba sur l’assemblée. Pour ma part, je regrettais d’avoir accepté cette invitation : j’aurais passé une bien meilleure soirée avec ma famille.
Círdan, qui était assis de l’autre côté de la table en U, se leva alors. En sa qualité de prince – il était le fils de deux monarques – il avait lui aussi été convié.
— Si vous permettez, Altesse, intervint le susnommé d’une voix étonnamment assurée. Il ne s’agissait pas du Déchu. Si cela avait été, ni vous ni moi n’aurions pu lui échapper.
Uriel jeta un jeune ældien un regard noir.
— Justement, grinça-t-il, je n’y ai point échappé. Quant à lui… Est-ce que quelqu’un a demandé à cet Aonaran de venir le renifler ?
— Voyons, Uriel, fit Edegil. Je vous prierai de ne pas jeter la suspicion sur mes invités. Vous voyez bien que ce jeune a toute sa tête, et qu’il n’est plus possédé. Vous savez pourtant de quelle atroce manière l’influence démoniaque du Déchu tord le corps et l’esprit.
Círdan se fendit d’un sourire naïf.
— J’ai mes deux bras, mes deux jambes, mon membre mâle – que je compte utiliser dès ce soir – et aucune corne, cicatrice ou langue fourchue !
— Et où est ton panache ? s’enquit Mana en plissant les yeux.
— Ah ça, ma Dame, c’est une question à laquelle un ellon bien élevé évite de répondre !
Sa réplique habile, mais fort choquante pour moi qui me souvenais encore du timide Círdan – capable, il est vrai, de petites sorties de temps en temps – suscita les rires des dorśari.
— Bien dit, l’encouragea Fornost-Aran. Le Ráith Mebd regorge de superbes ellith à qui tout mâle normalement constitué aurait envie de confier sa queue !
Cependant, Mana, tout comme moi, était choquée.
— Je croyais que tu te gardais pour ma fille Angraema ! tonna-t-elle.
— J’ai estimé que votre fille méritait un mâle expérimenté, pour lui apprendre les joies de l’amour. C’est pourquoi j’étudie, en ce moment.
De nouveau, sa réplique provoqua les rires sombres des Niśven, alors que Mana jetait au jeune un regard glacial. Uriel, premier à se rendre compte de la colère de sa dulcinée, fut également le premier à cesser de rire.
Les plats se succédèrent, tous plus succulents les uns que les autres. Lorsqu’on en arriva au dessert, Alatarielë murmura quelque chose à l’oreille d’Edegil, qui convoqua aussitôt son héraut.
— La Dame Blanche souhaite qu’on fasse venir l’olamh de la guilde du Chemin Voilé. Va me le chercher.
C’est ainsi que le Meneur du Chemin Voilé – que je savais être Syandel – fut amené dans la salle de banquet. Ren m’avait dit que les arrangements avaient déjà été faits, aussi ne m’étonnai-je pas de le voir arriver si vite.
Syandel, vêtu du costume que je lui avais vu la première fois et dûment masqué, s’inclina avec emphase devant la glorieuse assemblée.
— Ma Dame souhaiterait voir une pièce mythique, évoquant pour elle le splendide passé de notre civilisation, demanda Edegil. Je sais que vous avez déjà amplement joué pour la Cour de Mebd, mais accepteriez-vous de donner une cathbeanadh ce soir, pour nos invités ?
— C’est toujours pour nous un grand honneur et une grande joie de pouvoir jouer notre art devant un public, répondit aimablement Syandel de sa voix musicale, surtout devant un public si prestigieux. Quel chant en particulier réjouirait votre dame ?
Alatarielë voulut dire quelque chose, mais Fornost-Aran parla à sa place.
— Pourquoi ne pas jouer celui du Calice Brisé ? proposa-t-il. Il paraît que l’Aonaran est parmi nous.
Syandel réussit le tour de force d’afficher un air étonné avec son masque grimaçant.
— L’Aonaran ? En êtes-vous sûr ? Je crois pour ma part qu’il est reparti, seigneur.
— Cesse de mentir, bouffon, répliqua violemment Aeluin. Et réponds positivement à la requête de mon frère, ou tu chanteras sous les coups de fouet de mon bourreau !
Un rire sinistre résonna dans la salle, répercuté par les parois de cristal. Il ne venait pas de la bouche de Syandel, ni de celle des dorśari.
— Suffit, fit Edegil, perturbé. N’attirez pas les mauvais auspices sur notre banquet, Aran : c’est le moment de se réjouir, pas de hurler. Le chant du Calice, aussi prestigieux et lourd d’enseignement soit-il, n’est pas approprié pour cette soirée. Et vous avez offensé ma Dame, en l’empêchant d’exprimer ses volontés.
— Pardonnez-moi, s’excusa Fornost-Aran avec un sourire suave à l’attention d’Alatarielë. Il n’était pas dans mon intention de vous manquer de respect, Dame.
— Excuses acceptées, concéda cette dernière du bout des lèvres.
Contrairement à l’image qu’elle donnait, elle avait une voix profonde, presque rauque.
— Bien, ces petites querelles entre grands de ce monde étant réglés, peut-on procéder au choix du chant ? osa l’impertinent Syandel.
Les visages beaux et cruels des trois frères Niśven se tournèrent vers leur interlocuteur, le clouant sur place de leur regard impitoyable.
— L’insolent, entendis-je Aeluin grincer entre ses crocs. Je l’aurais fait éviscérer, s’il avait seulement osé dire cela à Dorśa !
Mais désormais, Syandel était sous la protection d’Edegil, l’hôte de ce banquet. Les dorśari ne pouvaient rien dire ni faire : cela aurait probablement été un grave manquement à l’étiquette, et donc, d’après ce que j’avais compris, à leur prestige personnel.
— Que proposez-vous, aimable ami ? demanda Alatarielë.
— Nous comptons jouer un cycle mythique sur la Chute du royaume d’Irśylla, intitulé Pénombre, ma Reine. Connaissez-vous cette pièce, Superbe Seigneur des Ténèbres ? demanda le filidh, tout sourire.
— Jamais entendu parler, grinça Fornost-Aran. Vous avez donc l’intention de nous ennuyer avec une obscure mascarade, que ne voudrait même pas un miteux bouge à putains de Kharë ?
La vulgarité de la réplique, surtout crachée ainsi face à un ældien aussi élégant et éduqué que cet acteur (du moins, tel était l’image qu’il voulait donner), me choqua terriblement. Je n’étais pas la seule, car Edegil et Alatarielë échangèrent un regard navré.
— À vrai dire, fit Edegil en attrapant son verre entre ses doigts fins, ce chant est particulièrement connu, Obscur. C’est un chef-d’œuvre en trois actes, qui, dans toute l’histoire ældienne, n’a probablement pas été présenté plus d’une centaine de fois.
— Il est vrai que tu es un guerrier, mon frère, ajouta Uriel avec un sourire, et non un de ces oisifs commentateurs de théâtre. Quel véritable seigneur de la guerre dorśari aurait le temps et la patience d’étudier tous ces chants et ces mythes, innombrables autant que poussiéreux, alors que cela signifierait quitter les tendres bras de mille concubines suppliantes, reposer le couteau qui gravait son art sur la peau de dix mille esclaves hurlants ou encore délaisser dix millions de mondes qui ne demandent qu’à être pris ?
L'olham se fendit d’une courbette.
— Nul n’ignore votre férocité, Ténébreux. En outre, ajouta-t-il, une sombre mascarade, comme vous le dites si augustement, vous conviendrait parfaitement, à vous qui êtes plus Noir que Noir.
— Trèves de flatteries, l’interrompit le bellâtre. Fais ton office, bouffon. Je ne m’y opposerai pas.
— Pour cela, il faudrait qu’on laisse entrer ma guilde dans votre auguste salle de banquet. Et promettre de ne pas intervenir une seule fois, qu’importe ce que vous voyiez, entendiez, ou ressentiez. Cela pourrait s’avérer… dangereux.
Fornost-Aran releva un regard minéral sur le représentant de l'Amadán.
— Cela, je ne peux pas te le promettre. Je me garde le droit de châtiment et de punition envers tout contrevenant à ma loi que je jugerais désobéissant ou menaçant, fût-il un barde. Et si l’une ou l’autre de tes petites danseuses aux membres souples m’agréent, il est possible que je leur fasse l’honneur de les incorporer parmi mes servantes.
Intérieurement, j’étais révoltée par la méchanceté et le mépris affiché par les dorśari envers les filidhean. Sans eux, nulle réjouissance n’aurait été possible ce soir ! J’avais du mal à me contenir, et Lathelennil s’en apercevait, si j’en croyais les regards qu’il me lançait.
Mais je n’étais pas la seule à être choquée par la vulgarité des dorśari. Parmi les dorśari même, certaines étaient loin de l’apprécier. D’ailleurs, faisant suite immédiate aux paroles de Fornost-Aran, un poing rageur s’abattit sur la table.
— Je dois avouer que je ne goûte guère le théâtre, intervint la reine aux cheveux acajou, que je devinais être Neachneohainë. Mais j’apprécie énormément les versions guerrières des cathbeanadh. Comme nous tous ! Alors, cessez d’insulter cet ollamh, Taenilith, ou souffrez qu’il vous défie dans l’une de mes arènes d’Urdaban. Je me porterai parieuse, et je ne suis pas sûre de miser sur vous, voyez-vous.
Le susnommé leva sa coupe, un poing replié contre sa hanche.
— Voilà qui m’agréerait bien plus si c’était vous qui vous vous portiez directement à la rescousse du petit clown, ma chère, en tenue de consacrée et armes à la main. Je vous montrerai alors que de temps en temps, un mâle dorśari peut accomplir autant de prouesses qu’une femelle.
— Pari tenu, grinça la Reine Rouge. On s’affrontera après la guerre que notre hôte nous a promise. Je vous conseille de demander à vos forgerons une armure renforcée à l’entrejambe, parce que c’est là que j’aime punir mes adversaires mâles un peu trop confiants. Poursuivez, je vous en prie, ard-olamh. Et n’écoutez plus ce mauvais coucheur.
Fornost-Aran ricana, alors que le filidh saluait profondément.
— Si vous le permettez, fit Syandel avec sa voix mélodieuse d’orateur, je vais de ce pas appeler ma troupe.
— Allez-y, faites-vous connaître, fit Fornost-Aran d’un air blasé. Puisqu’Edegil n’a rien prévu d’autre pour nous amuser ce soir... Qu’on ouvre les portes.
— Ce ne sera pas la peine, noble roi, fit Syandel avant de disparaître dans un scintillement que je reconnus pour être celui d’un champ holographique.
Ce tour de passe-passe passa relativement inaperçu, tant l’attention était accaparée par Fornost-Aran, qui grappillait des yeux de Lompe d’un air dédaigneux, une moue hautaine sur les lèvres et le sourcil dubitatif. Ce monarque parlait comme s’il était lui-même le maître du Ráith Mebd. Les autres supportaient sa suffisance avec la patience digne d’un hôte ældien, à l’exception des deux reines dorśari, de toute évidence très agacées par l’outrecuidance des mâles de leur clarté. Quant aux autres Niśven, ils étaient visiblement très fiers de leur matador de frère, et affichaient un sourire conquérant, bras croisés et air hautain.
Cependant, tout le monde, sans exception, fut surpris lorsque la lumière intense de la salle s’éteignit d’un coup. Nous fûmes plongés dans le noir total, et je sentis Lathelennil m’agripper l’épaule pour me serrer contre lui, protecteur. Quand enfin la lumière se ralluma, à peine le temps d’une respiration plus tard, je tentai vainement de me libérer de cet attouchement importun.
J’ai fait le serment à Qui-tu-sais de te protéger, me murmura-t-il d’un air de conspirateur.
Un légère exclamation résonna alors. Derrière chacun des monarques se tenait l’un des membres de la guilde du Chemin Voilé. Dans le dos de la Dame Blanche se tenait Narda-la-Belle, sa main reposant gentiment sur l’épaule de la grande reine, à qui elle avait mis une couronne de fleurs sur la tête. Derrière Neachneohainë, l’oracle de la guilde. Pour Edegil, Syandel lui-même. Autour des frères Niśven, à l’exception de Lathelennil, se tenait un sombre mime les imitant en tous points, le masque entièrement noir, et derrière Fornost-Aran, c’était l’Amadán, avec son faciès sinistre.
— Salutations à toi, Vengeance, ricana le roi de la Nuit avec un sombre sourire. J’ai toujours su que tu te tenais au-dessus de mon épaule, mais maintenant, j’en ai la confirmation.
— Arawn se tient au-dessus de l’épaule de chaque mortel, fut-il esclave ou ard-ael, dit-il de sa voix d’outre-tombe. Aujourd’hui, demain, dans mille ans : tous, connaîtrez la caresse de sa lame.
Fornost-Aran se mit à rire, prenant la main du barde pour la retirer de son épaule.
— Dans le monde embourbé dans lequel vous vivez, peut-être, dit-il sombrement, mais pas à Sorśa. N’en suis-je pas moi-même la preuve vivante ?
Cette bravade, à mes oreilles, ne fit pas illusion. Et elle perdit encore de sa superbe lorsque les yeux de Fornost-Aran tombèrent sur un dernier convive, debout derrière Círdan. C’était l’Aonaran, reconnaissable entre tous avec son masque à la beauté énigmatique et ses deux cornes en lame de couteau : la terrible représentation du Néant, victorieux sur tout.
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