B.A. au bar

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23 heures, bar du coin. Eh bah non, vous rêvez pas ! Sissi a encore réussi à me traîner hors de l’appartement. Et là, pas question de me suicider en sautant du sixième étage pour échapper à la torture… on est même pas au premier ! Juste sur une sorte d’estrade en bois verni qui doit faire une trentaine de centimètres de haut. Eh ouais, au dernier moment, alors qu’il devait tomber des cordes, le ciel a décidé de se découvrir, tout seul, comme ça ! Si c’est pas un châtiment divin ça !

Au pire, je pourrais essayer de me noyer dans mon verre de coca. Il paraît que ça arrive à des gens. Ou alors m’étouffer avec une cacahuète ; ça aussi ça arrive. Mais non en fait, manger un truc qui traîne sur la table d’un bar quand tu sais pas qui a mis ses doigts dégueulasses dedans, — genre le type qui vient de sortir des chiottes à l’instant et qui ne s’est sûrement pas lavé les mains après avoir fait pleurer le colosse — c’est clairement une idée de merde.

Un coup de pied sous la table me pousse à revenir à ma triste condition. La prénommée Béatrice jacasse encore à propos de son mec… c’est déprimant… je fais une effort surhumain pour ne pas lever les yeux au ciel, et, à la place, je lui offre mon plus joli sourire crispé — oui, le même que celui du père de Victoria Everglot dans « Les noces funèbres ». Vous voyez pas de quoi je parle ? Bande d’incultes !

Et Sissi qui me fixe en fronçant les sourcils maintenant… ça va chauffer pour moi quand on va rentrer. Mais franchement, je me demande ce qu’elle leur trouve à ces filles… elles sont jolies, oui, bien sûr, mais elles n’ont aucune conversation. La brune, Béa, elle ne parle que de ses relations de couple qui se terminent quasiment toujours avant d’avoir commencé. Et la blonde, Cindy, ou Lindy, enfin, un genre de prénom à la gomme comme ça, elle ne parle même pas. Enfin, j’exagère un peu, mais alors, juste un peu, hein ! Elle mâchouille constamment son chewing-gum en tournicotant une mèche de ses cheveux entre ses doigts. Le stéréotype parfait de la vraie blonde — avant que vous vous offusquiez, je tiens à préciser que je suis moi-même blonde ! Alors, la ramenez pas ! Je disais donc, le stéréotype parfait de la vraie blonde : un super joli minois, maquillée comme un camion volé, un corps de rêve moulé dans une robe rouge ultra décolletée et supra courte qui ne laisse aucune place à l’imagination, et juchée sur des talons aiguille de… allez, au pif… une dizaine de centimètres. Même son chien, oui, le kebab pour rottweiler caché dans son sac, est moins haut que ses talons ! Enfin, j’ai pas besoin de vous faire de dessin, vous voyez forcément le tableau !

Sissi a l’air de s’emmerder autant que moi, mais elle est trop gentille. Elle leur dira jamais qu’elle se contrefiche que le nouveau mec de Béa s’appelle Bryan avec un « y », ou qu’elle n’a aucune envie de l’entendre énumérer les positions du Kamasutra qu’elle a essayées avec ce fameux Bryan avec un « y », qui la quittera quand même, si ce n’est pas déjà fait.

Minuit sonne, l’heure du crime, et je plaisante qu’à moitié. Le bar est bondé, ça crie de tous les côtés. Vous croyez que c’est douloureux de se noyer dans un verre de coca ?

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