Confession
Ce soir-là, je m'ouvre une bouteille de vin blanc et me mets derrière les fourneaux. Rien d'exceptionnel, je cuisine des lasagnes, avec en fond Ave Maria de Maria Callas. Un besoin vital de me détendre. Quant à Iban, le lundi il rend visite à ses parents, il est de retour souvent après le dîner. Sauf qu'exception, il m'a écrit pour me demander de lui garder à manger. Sa mère lui a concocté un Bortsh, une soupe spécialité russe assez consistante, une sorte de potage servie ensuite d'un thé. Iban a horreur de ça.
J'entends le cliquetis de la porte et les pas de mon colocataire. Il traverse le couloir pour poser son sac et sa veste, avant de venir me rejoindre dans la salle à manger.
— Oula ! Je dois m'inquiéter ? s'exclame-t-il en me voyant le verre à la main.
— Pourquoi ?
— Tu as déjà préparé le dîner et tu sirotes un petit vin blanc un lundi soir. Il est où le mien ?
— Ici, réponds-je en lui désignant son verre sur le plan de travail.
— Alors ? demande-t-il, impatient.
— James est mon professeur de symbologie en art, m'empressé-je de lui confier, en posant mon verre, désormais vide.
Lourd silence.
— Tu peux répéter là ? bafouille-t-il, les yeux écarquillés.
— Oui, tu as bien entendu. James est mon enseignant.
Pour toute réponse, Iban part dans un fou rire incontrôlable.
— Non, mais arrête s'il te plaît, ça n'a rien de drôle !
— Désolé, tente-t-il d'articuler en séchant quelques larmes de son index. Juste, j'aurais aimé être une mouche pour assister à la scène des retrouvailles. Puis, toi qui détestes ce genre de situations ! Et Et donc, vous avez pu parler ?
— Oui, il m'a raccompagné ici.
— Quel gentleman !
— Ne t'enflamme pas. C'est uniquement parce qu'il voulait poser les termes du contrat entre nous et il ne le souhaitait pas le faire dans un endroit bondé de monde.
— Et alors ?
— Et bien, que c'est impossible de continuer, mais bon j'avais déjà pris la décision le lendemain de notre soirée... donc je n'en suis pas étonnée, avoué-je.
— Mais pourquoi ? Si c'était bien entre vous, qu'est-ce qui vous empêche ? Et ne me sors pas....
— La déontologie ?
Il lève les yeux au ciel en tapant sur sa cuisse, sa tête tournée en guise d'agacement.
— Je connais l'interdit et c'est plus excitant à vivre.
— Vous me faites tous chier avec votre interdit. Je t'assure, Iban, s'il n'avait pas été mon professeur, de toute façon, je ne l'aurais pas revu.
— Pourquoi ? Vous semblez bien vous entendre ?
— Parce que c'est le genre de type auquel je peux m'attacher, et je ne veux pas c'est clair ! m'emporté-je en dépassant Iban, furieuse.
— Baiser de temps en temps, ça ne veut pas dire tomber amoureuse. Juste du plaisir.
— Quand j'ai dit non, c'est non, lui crié-je en me retournant vivement vers lui. Ah ! Et qui plus est, tu oublies Simon... Rappelle-toi avec ses « on ne se connait pas d'accord ? »
— Tu te donnes des excuses, ne me la fais pas à moi ! Tu tournes autour du pot, alors que la vérité c'est que tu es vexée qu'il ne t'ait pas dit qu'il souhaitait de continuer votre relation officieuse.
— Je ne suis pas vexée ! Et Simon est un réel problème, j'ai l'impression surtout qu'il me cache quelque chose, avoué-je.
— Comme quoi ?
— Je n'en sais rien, dis-je en me vautrant sur le canapé, bras croisés.
Iban me rejoint.
— Il est peut-être amoureux de toi, mais maintenant que t'as couché avec James, il prend ses distances, ajoute-t-il tout bas comme s'il me confiait un secret.
— Mais non ! J'en suis sûre c'est quelque chose de plus complexe.
— Et bien, demande-lui !
— Non ! C'est bon je ne vais pas me compliquer la vie avec Simon et James. J'ai tout arrêté avec l'un comme avec l'autre, je ne vais pas foutre la merde entre les deux. Mon option au diplôme est plus importante qu'eux deux. Leur vie me passe légèrement au-dessus.
— Mmm ... Alors pourquoi t'ouvres une bouteille de vin un lundi soir ? ricane-t-il en se penchant devant moi.
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