1.1. Les Dragoviens
Journal de voyage d'Arthus Valcor, explorateur Humain, jour 19 du mois d'Hendecabre.
Cela fait maintenant plusieurs mois que je vis parmi les Dragoviens, un peuple aussi fascinant que redoutable. Lors de mes premiers jours sur leur sol, je n'aurais jamais imaginé découvrir autant de choses sur leur culture, leur mode de vie, et surtout sur eux-mêmes. Ils m'ont accueilli, avec méfiance au début, mais une fois ma neutralité établie, ils ont permis à mon équipe et moi de les observer de plus près. Ce sont des êtres impressionnants, autant par leur force physique que par leur esprit guerrier.
Apparence physique et traits distinctifs
Les Dragoviens sont les créatures les plus imposantes que j'ai eu l'occasion de rencontrer. Leur stature est naturellement intimidante, dépassant facilement les deux mètres de hauteur. Leur peau, oscillant entre le brun-verdâtre et le brun-rougeâtre, est non seulement impressionnante, mais aussi incroyablement résistante, paraissant écailleuse à cause de son apparence faussement rigide. Tout comme les pyrodermes que nous avons croisés dans les plaines, leur corps est parfaitement adapté à des environnements hostiles, avec une capacité innée à cracher du feu. Leurs épines osseuses et cornes remplacent ce que nous considérons comme cheveux et barbe. J'ai vu des guerriers tailler leurs cornes avec fierté, y incrustant des symboles de leurs exploits.
Leur peau, si elle peut paraître rugueuse au premier regard, est en fait un bouclier naturel contre les agressions extérieures. Cette caractéristique leur permet de résister à des températures extrêmes, notamment dans les zones volcaniques du Regordara. Leurs prouesses physiques sont tout simplement stupéfiantes : il n'est pas rare de voir un Dragovien soulever des charges que plusieurs hommes ne pourraient déplacer, et leur endurance dépasse de loin celle de n'importe quel Humain.
Mode de vie et culture
La société dragovienne est organisée en tribus, chacune ayant son propre territoire, mais toutes partageant un code d'honneur extrêmement strict. Leur vie quotidienne est centrée autour de la chasse, de la cueillette et de la guerre. Ils vivent pour l'essentiel en petits groupes moitié-nomades, se déplaçant selon les saisons et les ressources, mais certains villages plus établis servent de centres pour les échanges tribaux. Leurs traditions se transmettent exclusivement par voies orales et par la mémoire kinesthésique. Ils n'ont développés aucune forme d'écriture hormis les symboles. Ce qui ne les empêchent pas d'avoir une langue bien développée. Chaque tribu a ses propres rituels, mais tous honorent les cicatrices et balafres comme des signes de bravoure. J'ai été témoin de plusieurs cérémonies où des guerriers exhibaient fièrement leurs cicatrices après avoir affronté des pyrothermes, ou Orodara comme ils les appellent, des "bêtes de lave" que même les plus aguerris des Dragoviens hésitent à approcher.
Les pyrothermes, bien qu'extrêmement dangereux, sont une proie recherchée par les Dragoviens. Les chasser en équipe est un rite de passage pour les guerriers. Ceux qui parviennent à en tuer un seul sont célébrés comme des héros. J'ai vu des pièces de vêtements fabriquées à partir de la peau de pyrothermes, incroyablement résistantes à la chaleur et aux flammes. Ils utilisent également les os de ces créatures pour fabriquer des armes ou des objets cérémoniels.
Les Dragoviens ont un lien profond avec les créatures de leur continent, en particulier avec les Pyrox et les Platecornes. Les premiers sont des canidés ignifuges qu'ils utilisent à la chasse, pour la garde, mais aussi comme compagnons de guerre. Les Pyrox sont parfaitement entraînés, capables de suivre des ordres complexes et d'attaquer à la moindre menace. Quant aux Platecornes, ces bêtes massives servent à transporter des charges lourdes ou à traverser les vastes plaines d'Egladregor. Montures imposantes et résistantes, ils symbolisent la puissance et l'endurance de leurs maîtres.
Leur rapport au feu et aux rituels
Le feu, pour les Dragoviens, n'est pas seulement un outil de guerre, mais aussi un symbole spirituel. J'ai assisté à plusieurs rituels où ils utilisaient leur capacité à cracher du feu de manière artistique, presque dansante. Ces spectacles ne sont pas uniquement des démonstrations de puissance, mais aussi des manifestations de leur lien profond avec leur environnement. Le feu est sacré pour eux, une extension de leur propre force vitale, qu'ils honorent lors de cérémonies marquant des événements importants, comme les naissances, les victoires, ou même les funérailles.
Les Dragoviens taillent également leurs cornes et épines osseuses pour y incruster des symboles spécifiques, narratifs ou personnels. Ces gravures racontent souvent l'histoire d'un individu, ses victoires, ses échecs, ou les épreuves qu'il a surmontées. Les plus anciens et respectés parmi eux arborent des cornes longues et complexes, témoignages d'une vie de combat et de survie.
Leur rapport avec les Humains et les autres espèces
Historiquement, la relation entre les Dragoviens et les Humains a commencé dans le sang. La Guerre du Premier Contact reste un épisode sombre, où l'arrogance humaine et la fierté dragovienne se sont affrontées. Malgré leur avantage technologique, nos ancêtres ont sous-estimé la résilience et la puissance des Dragoviens. Les histoires locales que j'ai entendues varient peu de celles rapportées dans notre propre Histoire : les Dragoviens ont repoussé les envahisseurs avec une force brute et une détermination inébranlable.
Aujourd'hui, les relations sont plus pacifiques, bien que la méfiance persiste. Ils ont fini par accepter l'existence des autres espèces intelligentes du monde, mais il semble qu'ils préfèrent leur indépendance. Leur intégration tardive au Conseil Interracial montre qu'ils ne se précipitent jamais pour adopter de nouvelles alliances. Ils sont, à bien des égards, autosuffisants, et leur mode de vie ne s'est pas beaucoup transformé malgré les contacts avec les autres peuples.
Bilan de mon séjour
Ces mois passés en Egladregor ont été parmi les plus intenses et enrichissants de ma vie. Les Dragoviens sont un peuple complexe, à la fois farouchement indépendant et intimement lié à la terre et au feu qui les ont façonnés. Leur culture, bien que difficile à percer, est riche en symboles et en traditions. Si nous voulons comprendre pleinement ce continent et son peuple, il nous faudra plus de temps, mais je pars avec une admiration renouvelée pour ces géants des terres brûlantes.
Que ce journal soit un témoignage de ce que j'ai appris. Que d'autres puissent suivre mes pas avec prudence, mais aussi avec l'esprit ouvert à ce qu'ils découvriront parmi les Dragoviens.
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