Chapitre 1 C'est là que tout a commencé. (T)
Il faisait vraiment chaud pour ce mois d’août. Bien sûr, il était normal qu’en été la température soit élevée. Mais là, ça faisait tout de même quinze jours que la météo classait l’ensemble du pays en canicule ! J’avais cru pouvoir échapper à la chaleur suffocante en partant dans les Alpes. C’est pourquoi j’avais accepté (en partie aussi), cette invitation du milliardaire et magnat américano-russe Dimitri Williams. Ce n’est pas que je le portais dans mon cœur, bien au contraire, mais bon… ça, c’était une autre histoire. En tout cas, peine perdue, je m’étais retrouvé suant comme un goret dans ma petite chambre d'hôtel dont la climatisation venait de tomber en panne ! Sérieusement, en panne en pleine canicule, vous croyez à la guigne vous ? Enfin bref, du coup, j’avais pris ma voiture et hop, direction le bout du lac !
Le bout du lac, comme s’il pouvait y avoir un bout à un lac ! Ils sont marrants quand même, ces Savoyards, pardon, Haut-Savoyards, parce qu’ici à Annecy, comme d’ailleurs dans l’ensemble de ces deux départements, si tu commets l'impair de confondre le Haut-Savoyard et le Savoyard, on te reprend en te faisant immédiatement les gros yeux ! Alors que franchement, moi je ne vois aucune différence, mais bon… Chut, ne contrarions pas les autochtones. Je plaisante bien sûr, parce qu’en fait, ces espèces de guéguerres de clocher, qu’on retrouve partout en France, moi ça m’amuse.
Du coup, me voilà, allongé sur le sable d’une plage du bout du lac d’Annecy, et il faut bien le dire, c’est magnifique ! Quand on me l’avait dit, je n’y croyais qu’à moitié. J’avais aussi vu une pub sur un réseau social qui commence par “tic” et finit par “tok”. C’est vrai que les images étaient superbes, mais bon, ils n’allaient pas nous montrer un truc moche alors qu’ils vendaient leur région aux touristes ! Et bien croyez-moi, j’ai été mauvaise langue ! C’est vraiment à la hauteur de ce qu'ils annoncent ! Plages de lacs superbes et sympas, pas trop bondées de monde, l’eau aussi transparente qu’aux Seychelles, si si, je vous assure, j’y suis déjà allé ! Et puis tout autour, les montagnes, ni trop hautes pour t’étouffer et te couper le ciel, ni ces platitudes angoissantes des grandes plaines. Vraiment un endroit super charmant, et d'ailleurs, je suis charmé !
Et waouh, croyez-moi encore une fois, oui je sais, je vous en demande beaucoup, mais il n’y a pas que l’environnement qui vaut le coup ! J’ai là en ce moment même la vision d’une magnifique rousse tout aussi charmante que le paysage !
Je vous décris la scène : elle sort de l’eau, un corps de rêve, hyper bien foutu, grande sans l'être trop, je dirais un bon mètre soixante-douze, mince sans être maigre, musclée sans être sèche, des seins juste ce qu’il faut, ni Pamela Anderson, ni œufs au plat ! Elle ruisselle d’eau fraîche qui s’écoule sur son maillot de bain une pièce bleu, Aréna sport. Elle secoue lentement ses cheveux roux vénitiens, on se croirait dans une pub Head and Shoulders avec le ralenti qui va bien ! Décidément, il n’y a pas que l’été qui est chaud ! Hein quoi ? On ne peut plus dire ça ? Ok, je la refais.
Donc, telle une véritable déesse, tout droit sortie d’un tableau de Botticelli, elle fait monter la température de la plage d'une façon un peu irréelle. Heureusement, les quelques gravillons au fond de l’eau la font tituber et lui donnent un air beaucoup plus humain lorsqu’elle manque de s'étaler de tout son long sur le bord de l’eau. Je ne peux m'empêcher d’éclater de rire, mais je me précipite tout de même pour l’aider à se relever. Oui, je sais ! J’ai toujours le réflexe chevalier blanc, défenseur de la veuve et de l’orphelin, et vole au secours de la princesse en détresse. Oui, je sais ! C’est totalement surfait, et antiféministe ! Comme si les princesses ne pouvaient pas pourfendre elles-mêmes le dragon qui les menace !
Mais bon, voilà, j’ai été abreuvé de contes toute mon enfance et puis je m’en fous, on n’est pas dans Netflix, je ne suis pas obligé d’être dans ce nouveau conformisme, ce nouveau politiquement correct, voire plus que politiquement correct, qui se transforme déjà pour certains en une dictature de la bonne pensée ! Oui, j’aime défendre la veuve et l’orphelin, et secourir les femmes en détresse et alors ?! Il y a plein de femmes qui adorent qu’on les sauve ! Mais pour elle, oups… je ne suis pas sûr !
Et ça te fait rire en plus ! m’enguirlande-t-elle alors que je lui tends la main. Je rougis ! Bien évidemment, ce n'est pas pour rien qu’on me surnomme "tomate" depuis la primaire et je me retrouve dans une position bien stupide, la main tendue, le buste penché en avant, le sourire figé sur ma bouche et le visage cramoisi. Finalement, le chevalier vient de prendre sa baffe et c’est lui qu’on devrait secourir maintenant, j’ai l’air franchement con. Elle éclate de rire et me tend la sienne. "Aide-moi, maintenant que tu es là", dit-elle d'une voix sûre et douce, toujours en souriant. Sans déconner, même ses dents semblent parfaites ! Mais c’est qui cette fille ? Elle est mannequin ou quoi ? On est dans une pub Colgate après avoir fait le shampoing ?
"Excuse-moi", bredouillé-je maladroitement, "je ne voulais pas me moquer, c’est juste un de ces réflexes bêtes qui font qu’on se marre lorsque quelqu'un tombe et…." Elle me regarde, le bleu profond de ses yeux me coupe la parole. Littéralement. Elle est belle, sans aucun doute, mais elle a quelque chose en plus, je ne saurais pas dire quoi exactement, mais elle a un truc qui, en plus de sa beauté, lui donne un charme irrésistible ! J’en ai côtoyé un paquet de femmes, jeunes, moins jeunes. J’ai remarqué que c’est d’ailleurs bien plus simple d’être belle à 18 ans qu'à 20, et je ne te parle même pas de 25 ou 30 ans voire 40 ans ! Moi je dis qu’on devrait apprécier chaque beauté à chaque âge, comme le faisaient les Grecs anciens. Mais ça, c’est une autre histoire, comme disait Rudyard Kipling. Alors revenons à elle, la rouquine de la plage du bout du lac ! Je ne suis pas près de l’oublier ! Elle a déclenché en moi un je ne sais quoi qui me bouleverse positivement de l'intérieur. Non mais arrêtez avec vos pensées ! Ce n’est pas du tout ça, enfin pas que. (Tiens, rien que de vous dire ça, je me remets à rougir, super le chevalier tomate :/) Donc, bien sûr, elle est sexy, mais c’est bien plus, c’est comme une espèce de connexion énergétique ! Si, si, je vous assure, un truc étrange et bizarre. Non, pas le coup de foudre, je n’y crois pas, enfin pas vraiment, si ? Ça peut exister ? Je devrais peut-être pas vous raconter ça, je vais passer pour un dingue. Et puis bon, il faut rester réaliste, je ne suis forcément pas assez bien pour une fille comme elle. Je relâche sa main, fais volte-face et vais pour me rediriger vers ma serviette de bain lorsqu’elle m’interpelle.
- Et c’est tout ?
Je la regarde interloquée.
- Ben oui, tu te fous de moi, tu me tends la main et tu t’en vas ? Je croyais au moins que tu en profiterais pour me draguer !
- Ben.. heu…
je reste sans voix une fois de plus comme un con. Elle se penche, ramasse sa serviette, et en deux pas me rejoint.
- C’est là que tu es assis ? Je peux ? me dit-elle en montrant un emplacement vide à côté de mes affaires de plage.
- Oui, oui, évidemment, pardon, bredouillé-je une fois de plus, bien sûr, assieds-toi.
Sérieux les gars, ou les filles qui aiment les filles, vous avez la Vénus de Botticelli qui vous demande si elle peut s'asseoir à côté de vous, vous n'allez pas dire non ! Je suis un peu empoté, mais pas complètement stupide non plus !
Mon cerveau tourne à mille à l’heure, il faut clairement que je me rattrape et que je dise pour une fois un truc pas trop nul. Je vais pour ouvrir la bouche, mais elle bondit sur mon baladeur !
- Houa, j’y crois pas, tu as un baladeur, comme dans les années 80, dit-elle, écarquillant ses grands yeux, pétillante. C’est trop génial, où t’as eu ça ? Il marche ? C’est trop, trop génial, je peux ?
Et sans attendre ma réponse, elle prend le casque aux bonnettes orange, le colle sur ses oreilles et appuie sur le bouton “play”, lançant le moteur. La cassette audio déroule sa bande magnétique et la chanson “Do You Really Want to Hurt Me” de Culture Club, le vieux groupe de pop des années 80, se met à chanter. Pas les paroles les plus gaies, mais une rythmique d’enfer ! Tiens, je te mets le QR Code si tu veux l’écouter :
(les QR codes ne s'affiche pas ici)
La jolie Vénus rouquine se trémousse sur sa serviette à côté de moi. Je ne peux m'empêcher de sourire intérieurement, littéralement sous son charme. Mais c’est qui cette fille ? Joie et bonheur ?
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