Blanche, belle Blanche

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- Bon aujourd'hui je propose que nous allions pique niquer sur la plage, déclara papa alors que nous prenions le petit déjeuner.

- J'ai promis à notre voisine de l'accompagner au marché ce matin, alors retrouvons-nous sur la plage à midi, répliqua maman.

Je levais les yeux au ciel, exaspéré. Décidément je n'aimais pas cette mamie aux cheveux auburn et bouclés.

Les cheveux auburn.

Comme Blanche.

- Ouh hou ! Eric ! Tu rêves ?

Paul me tira de mes rêveries en me tendant ma tasse de café. Je n'étais pas bien réveillé et n'avait pas touché à mes tartines. Comme si j'avais encore cinq ans, maman s'inquièta.

- Tu n'as pas bien dormi ?

- Non.

Réponse trop brusque pour ma chère maman mais elle ne dit rien. Désolé je me glissai jusqu'à elle et lui prit la main.

Profitant du fait que mes frères quittaient la table pour rejoindre notre père, elle me chuchota :

- C'est à cause de Blanche ?

Mes yeux se mouillèrent. Seule maman savait.

Seule maman comprenait.

Combien Blanche me manquait.

Combien de nuit blanche elle me provoquait.

Elle m'attira maternellement contre elle. Je m'étais décidé à lui dire que Blanche était ici, tout près, quand cette voix que j'avais déjà pris en haine résonna derrière nous.

- Bonjour chers voisins ! Catherine, êtes vous prête ? Le moteur tourne.

Heureusement que ma mère compressa mon bras car la colère aurait pu me faire faire une bêtise.

Non mais quelle sans gêne cette grand mère ! Et elle appelle ma mère par son nom en plus ?

- On reparlera de ça un peu plus tard Eric, d'accord ? chuchota-t-elle.

Puis elle m'abandonna à mon sort.

La voisine ne pouvait pas attendre, mon chagrin si.

Désappointé, je pris la direction du village, le coeur en sang, la tête emplit que d'un seul mot.

Blanche.

Et voilà que sur le bord du chemin, elle apparut.

Ses pieds dans des petits escarpins, une longue jupe rouge brodée de dentelle, un chemisier de coton blanc avec un camée au niveau du coup, ses cheveux relevés comme autrefois sous un chapeau de paille, une ombrelle à son bras, elle était comme dans mon souvenir. Ravissante.

Je restais là planté sans rien dire car il n'y avait rien à dire.

Quatre ans de silence après une séparation dans un moment tragique. Quatre ans pendant lesquels je m'angoissais à son sujet, envoyant lettre sur lettre qui demeuraient sans réponse.

Quatre ans à observer cette photo cornée que j'avais furtivement pris quand nous nous étions retrouvé sur les remparts de sa ville.

Quatre ans. Une éternité.

- N'es-tu que de passage ? me demanda-t-elle presque en murmurant.

- Pour deux semaines minimum, répondis-je.

Ses yeux brillèrent et un timide sourire illumina son visage baigné de larmes. Alors j'ouvris mes bras pour qu'elle s'y réfugie.

Je pus sentir ses cheveux chatouiller mon menton et je la serrai très fort contre moi.

- Blanche...

Son parfum m'enivrait et le silence s'installa.

Doux silence.

Belle Blanche.

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