Le temps du deuil

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Son téléphone sonna à cinq heures. Elle se précipita dessus et décrocha. Sa voix était tremblante, mais pleine d'espoir.

- Alors ?

C'est une voix d'homme qui lui répondit.

- Votre père est à ses côtés. Blanche... de là où est votre mère, elle veillera sur vous...

Blanche avait lâché le téléphone qui était tombé à terre.

Je la vis s'effondrer, comme les tours jumelles le onze septembre.

Dans un grand cri qui réveilla tout l'immeuble.

Un cri de rage.

Un cri d'incompréhension.

Un cri de douleurs comme je n'avais encore jamais entendu.

Blanche était dévastée.

Je m'approchai et voulu la prendre dans mes bras.

Je la forçais à rester contre moi, alors que ses poings me labouraient la poitrine et qu'entre ses sanglots elle ne cessait de demander pourquoi.

J'avais peur pour elle.

Comment consoler l'inconsolable ?

Inconsolable Blanche.

Tu versas sur mon polo un torrent de larmes.

Son cri avait gêné les voisins qui sonnèrent à la porte, furieux.

Maman alla ouvrir.

Douce maman.

Elle réussit à les calmer mais leurs paroles me révoltèrent.

- Écoutez ma petite dame, je veux bien comprendre qu'elle ait du chagrin mais qu'elle arrête de hurler : on ne lui a pas arraché un bras !

Les gens. A cet instant je les détestai. Gens de peu de compassion !

Elle a perdu sa mère.

Ce n'est pas un bras qu'on lui a arraché.

C'est son cœur.

********†*********†**********†

Ma mère et moi l'avons accompagnée à la messe d'enterrement. Blanche n'a plus pleuré.

Elle ne mangeait plus. Ne dormait plus. Elle avait veillé sa mère durant une semaine.

Sous sa mantille noire, il n'y avait qu'un regard vide.

Effrayante Blanche.

À

A la sortie, elle croisa un groupe.

Mes yeux fixés sur Blanche ne firent guère attention à eux.

Mais les pupilles de mon amie se rallumèrent.

Un regard de haine.

Elle voulut se jeter sur eux.

J'avais de la peine à la retenir.

- Traîtres ! Judas ! Vous l'avez tuée ! Assassins !

Le groupe ne répondit rien. Seul le jeune homme se retourna.

Il ressemblait à Blanche.

Sauf qu'il avait les yeux bleus.

Et ils étaient froids.

- Voyons Blanche...

Elle voulut faire un bond pour se jeter sur lui.

Je faillis lâcher prise.

- Traître ! Tu l'as tuée ! Et tu oses revenir ! Va-t-en !

Mais il s'approcha.

Et je ne pus retenir la main de Blanche.

Elle le griffa au visage.

Rageuse Blanche.

Douloureuse Blanche.

Que t'a-t-il donc fait ?

Seul l'intervention de l'abbé Benoît qui présidait la cérémonie réussit à éloigner l'intrus.

Il se planta devant le groupe. Entre lui et le cercueil.

Il leva les bras tel un prophète au temps de Moïse et leur ordonna :

- Laissez-les en paix. Partez.

Ils voulurent protester mais il ne leur permit pas.

Blanche les regarda partir, la tête haute.

La cérémonie continua.

Sa mère fut enterrée dans le cimetière de l'église.

Et nous nous séparâmes.

Elle ne fit rien pour me retenir.

Mais ses yeux m'imploraient de rester.

Je la laissais ainsi, près de l'abbé et de son père qui avait pris vingt ans d'un coup.

Seule ma mère comprit que je ne laissait pas qu'une amie.

Une partie de moi restait au près d'elle.

Mais je ne m'en rendis compte qu'après.

Quand revenu chez les miens, je passais des heures à jouer du Chopin sur le piano en regardant sa photo.

Et personne n'en sut jamais rien.

Sauf maman.

Oh Blanche...

Quel lourd secret se cachait derrière tes accusations ?

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