Un lourd secret
Blanche ne lâchait pas ma main. Son ombrelle au-dessus de sa tête, elle marchait à mes côtés, silencieuse.
Moi-même je ne disais rien.
L'avoir à mes côtés me suffisait.
Délicatement, je retirai la mousse qui s'accrochait à ses cheveux. Son regard d'ambre se planta sur moi.
- Tu sais, tes lettres auxquelles je n'ai jamais répondu...
- ... tu les as toutes gardées, terminai-je en souriant.
- Tu ne m'en veux pas ?
Je la stoppais et je lui pris les deux mains. Je la forçais à me regarder dans les yeux.
- Blanche...
Mais je ne pus finir. Une silhouette s'était dessinée derrière moi, je le vis dans ses yeux. Elle voulait s'enfuir mais je la retins.
- S'il te plaît... Reste.
Ma voix était suppliante.
-Ce soir... la muraille... me souffla-t-elle.
Et elle partit.
Mystérieuse Blanche.
Triste Blanche.
Elle paraissait effrayée.
Je me retournais.
C'était mon voisin.
L'époux de la grand mère.
Il me rejoignit.
- Je ne sais pas qui est cette enfant, mais elle a l'air bien triste...
Il mentait, j'en étais certain. Il l'avait reconnue.
Comme moi je le reconnus à cet instant.
Il faisait parti du groupe le jour de l'enterrement.
Ceux qu'elle avait accusé d'avoir commis l'irréparable.
La colère faisait trembler mes poings serrés.
Ce n'était pas un hasard si elle était ici.
Blanche les suivait.
Dangereuse Blanche.
Fuyante Blanche.
Prépares- tu ta vengeance ?
Qu'ont-ils fait contre toi ?
Je fus en retard au pique-nique. Mon père était furieux.
- À quoi tu penses Éric ? On passe deux petites semaines en famille et tu fais ton solitaire ? Non monsieur ! Fais des excuses à ta mère et assieds-toi ; tu as de la chance, il reste un sandwich.
La tête ailleurs, je m'excusais platement et pris le fameux sandwich. Ma mère me jetais des regards interrogatifs tout en racontant à mon père la beauté de la petite ville d'à côté.
À la fin du repas, Paul se jeta sur moi. Maman aussi.
- Bon Eric, c'est gentil de me prendre pour un imbécile mais vas-tu enfin me dire ce qui se passe ?
- De quoi parles-tu ?
- Non mais pincez moi je rêve ! Depuis que tu es tombé, tu es muet comme un thon, tu murmures toute la nuit le nom de Blanche, tu pars tout seul en forêt, arrive en retard au déjeuner. Ah oui, tu jettes des regards assassins à la voisine aussi. Alors ne fais pas ton innocent et dis moi ce qui se passe ! Je suis ton frère bon sang ! Tu peux me le dire, non ?
Je le regardais. Ses mèches blondes volaient au vent, son regard vert comme le mien paraissait gris, signe de son agacement. Mais ce n'était pas mon secret. Je n'avais pas le droit. Ça me faisait de la peine de ne rien pouvoir dire à Paul car nous étions très proches. Mais Blanche passait avant mon amour fraternel. Aussi je ne pus que lui répondre la tête baissée :
- Je suis désolé Paul. Mais je ne peux pas. Ce n'est pas mon secret. Je n'ai pas le droit.
Je rejoignis rapidement mon père et Enguerrand qui partaient dans l'eau.
Paul se retourna vers maman, le regard interrogateur, mais elle secoua la tête négativement.
- Je ne peux rien te dire, j'ignore ce qui lui prend.
- Mais au moins, peux-tu me dire qui est cette Blanche ?
- Te souviens-tu de l'année où ta sœur rentrait chaque weekend avec ce seul nom à la bouche ?
- Cette Blanche là ?! Mais il a connaît à peine, il ne la vut qu'un an !
- Tu te trompes. Nous l'avons revue il y a quatre ans. Elle perdait sa mère. Eric fut bouleversé...
- Et c'est donc le secret de Blanche qu'il protège...
- Oui. Et ce doit être un lourd secret.
Paul et ma mère nous rejoignirent. Le regard de Paul restait fixé sur moi.
Il se tourna vers ma mère :
- As-tu le nom de famille de Blanche ?
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