Ma tendre Blanche...
Elle resta un instant contre moi, troublée par ma déclaration. C'était peut-être trop tôt pour le lui dire, me serai-je fourvoyer ? Soudain le doute m'envahit et une boule se forma dans ma gorge.
L'attente me sembla une éternité mais sa voix, qui paraissait bien vulnérable, finit par s'élever dans la nuit:
- Tu m'aimes, dis-tu ? Mais sais-tu combien de facettes mon âme possède ? Combien de tempêtes traversent mon cœur ? Combien de larmes je verse le soir ? Combien de caprices je peux exiger de toi si tu deviens mien ? Sais-tu mes défauts nombreux, mes exigences, mes rêves, mes cauchemars, mes drames, mes joies, mes peines, mes rires, mes tourments, mes traumatismes, mes idées farfelues, mon humour parfois blessant, mes préjugés, mes dures paroles, mes répliques qui manquent de tact... Tu m'aimes ? Ah Eric !... Que m'offres-tu là ? Ton amour, ton cœur... Eric ! Tu ignores tout de moi et tu m'aimes ! Mais suis-je capable de t'aimer en retour ? Chut... ne dit rien, laisse moi finir... Oh Eric ! Tu m'as consolée, comprise, tu es mon seul ami et je t'aime... Oui je t'aime et c'est pour cela que je te repousse, que j'essaye mais que n'y parviens pas. Je suis egoïste, je te veux tout à moi... Mais sais-tu qu'un drame m'a fait perdre confiance en l'humanité ? Que si tu m'épouses, tu auras pour femme une fille qui ne reçoit personne ? Qui se méfie même du facteur ? Qui ne sort de chez elle que pour se rendre à l'église ou au marché ? Qui ne reçoit que des clients dans son atelier et qui ne donne ses coordonnées ou son adresse à personne, pas même à ceux qu'elle aime ? Qui pense que sous chaque masque peut se cacher un traître ? Qui ne parle à personne ? Qui ne t'a même pas répondu quand tu envoyais des lettres pour quérir, supplier, soupirer après de mes nouvelles !
- Blanche... Pauvre Blanche... Douce et merveilleuse Blanche... si tu m'aimes, alors plus rien ne compte... Qu'importe tes secrets, tes défauts, tes malheurs ! Nous combattrons l'humanité tous les deux !
Je la fis danser, tournoyer. J'étais heureux. Heureux !
Je la repris contre moi et la fixais dans les yeux.
- A deux nous serons invincibles ! Et je te protègerai toujours ! Mais toi aussi, attends toi à subir mes exigences...
- Comme ?...
- Et bien mon aimée, dis-je en la regardant malicieusement, comme il est entendu quand tant que future épouse tu dois m'être soumise, (elle rit, aussi consciente que moi sur ce sujet : Blanche n'était soumise à rien, sauf ce à quoi elle décidait d'être soumise, c'est à dire pas grand chose) comme moi je me dois de te donner ma vie; et qu'il est impensable qu'il n'y ait pas d'invités à nos noces, j'exige de toi que tu viennes finir tes vacances avec nous ! Une fois cela fait, je partirai chez ton père lui demander ta main. Si il ne veut pas, je t'enlèverai...
- Mais et tes voisins ?
- Si ils te menacent ou même te regardent, je leur ferai regretter de suite compte sur moi. D'autant que je ne les supporte pas plus que toi mais sans doute pour des raisons plus futiles... Elle riait, heureuse, mais fut interrompue par un éternuement.
Je me rendis enfin compte en regardant ma montre qu'il était quatre heures du matin, et que cela devait faire plusieurs heures que nous errions, trempés et grelotant de froid.
Je lui proposai de la ramener chez elle. Elle louait une petite maison sur la côte, non loin du camping.
Je lui préparai une tisane tandis qu'elle se changeait.
- Blanche, cet après midi je viendrai te chercher ici après avoir annoncé à ma famille ton arrivée surprise. Jeanne arrive demain, elle sera ravie de te revoir.
Embrassant son front, je disparus rapidement.
Ah Blanche...
Trop heureux pour réfléchir, je me perdis et l'aube pointait déjà lorsque j'ouvris la porte du mobil home.
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J
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