Tensions

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- Mais c'est pas vrai !

J'étais hors de moi. Paul courait à mes côtés de ses longues enjambées athlétiques, et je pouvais entendre son souffle tranquille. C'était un grand sportif et à côté je me sentais comme un buffle. Lourd et écumant de colère. Mon poing serré chiffonait un bout de papier qu'un gamin m'avait apporté alors que nous attendions Blanche sur le parvis de la maison.

Paul m'avait vu partir comme une flèche et sans rien dire qu'un "hé ! attends-moi !", m'avait rejoint. Je lisais les panneaux en diagonal et me forçait à bien respirer car un lancinant point de côté me faisait souffrir.

Comme m'avait maintes fois répété mon professeur de course à pied , j'étais parti trop vite. Si j'avais tant l'air d'un buffle à côté de Paul, ce n'était pas que je n'étais pas sportif au contraire ! Mais Paul avait un talent inné pour le sport, renforcé par une pratique régulière ce que je ne faisais plus par manque de temps.

Nous arrivions en vue du camping et je faillis rentrer dans la fille de la voisine. Et évidemment je dû m'arrêter car son mari s'en mêla. C'était comme si ils avaient tout prévu.

Je me retournai vers Paul et lui donnait le bout de papier en lui indiquant l'endroit et il repartit comme une flèche tandis que j'étais retenu par ces gens fort désagréables. Je pris un raccourci par les bois ce qui me valu quelques salutations des demoiselles ronces sur les jambes.

J'arrivai enfin sur la plage au moment où une famille avec un enfant en pleurs la quittait. Étonnamment la voisine était là. Je remarquai que l'enfant avait un visage familier et qu'il fit un effort surhumain pour passer la tête haute sans pleurer devant elle.

J'observais la plage et vis enfin Paul et Blanche s'expliquer avec un policier.

Mon frère me fit signe de rester là où j'étais : il avait la situation en main.

Après une attente interminable Blanche et Paul s'avancèrent vers moi. Blanche remarqua la voisine qui venait derrière moi et son visage devant froid comme le marbre. Son regard haineux me fit presque peur. Mais la voisine s'approcha.

Elle s'adressa à mon amie.

- Il est adorable le petit qui vient de passer, non ? Un vrai petit ange... Sa mère doit être fière de lui...

Blanche tremblait de colère tandis que Paul me retenait par les épaules, discrètement. Nous ne comprenions pas tout, mais nous sentions que ces quelques paroles n'etaient que des lames acérées soigneusement plantées dans le cœur de Blanche. Et je ne pouvais pas le supporter.

Mais avant que je puisse dire quoi que ce soit, la voix de Blanche s'éleva.

- Qu'attendez-vous de moi madame ? Que voulez-vous de plus ? Vous m'avez pris tout ce que je possédais, détruit tout ce que j'aimais, ne croyez-vous pas que c'est assez ?

- On ne m'appelle plus Bonne Maman ? demanda la grand mère en souriant ironiquement.

- Je vous ai renié, madame, quelques soient les liens qui nous unissaient autrefois, je ne les veux plus, vous ne les méritez pas. Vous avez trahi la chair de votre chair, causez la perte de celle qu'il aimait, détruit sa famille, sa santé, sa vie !

Sylvie prit un air peiné, c'était une bonne actrice.

- Voyons Blanche... Comment peux-tu dire une chose pareille ?

Sa petite fille s'approcha et pencha son visage vers elle pour murmurer :

- Tu as détruit ma vie. Envoyé mes frères et sœurs aux quatres coins de la France. Envoyé mon père en fauteuil roulant et ma mère au cimetière. Tu voulais que je m'effondre comme eux, je ne te donnerai pas cette joie. Je me vengerai. Désormais j'envahirai tes songes, je serai une ombre menaçante sur tes pas. Je ferai de ta vie en enfer. Méfie toi, je suis dangereuse.

Et sur ces mots, Blanche partit vers le camping et Paul et moi la suivirent.

Je ne tremblais plus de rage, mais de peur.

Blanche.

Terrifiante Blanche.

Qu'allais- tu faire ?

a

F

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