Philibert

3 minutes de lecture

Ne voulant surtout pas que Blanche ne se doute de quoi que ce soit, je convaincus Jeanne de l'emmener faire une randonnée à cheval. Maman, papa et Enguerrand se joignirent à elles.

Blanche était magnifique. Elle avait troqué son chignon contre une tresse un peu décoiffée surmontée d'un grand chapeau à plume digne des plus grands mousquetaires.

Elle avait un chemisier blanc avec, au niveau de la fermeture sur le devant et des manches, des froufrous en dentelle. Son pantalon caramel était rehaussé d'un foulard blanc en guise de ceinture et des bottes en cuir accompagnaient son style avec grâce.

Ah Blanche... Personne au monde ne pouvait imiter ton style.

Paul ne voulut pas les accompagner car désormais Blanche occupait nos pensées et nous ne souhaitions qu'une chose : son bonheur.

Paul avait trouvé chez Blanche une amitié pure et belle et on ne comptait déjà plus le nombre de leurs discussions enflammées. Il resta donc à proximité du camping et partit vers les ruines avec son appareil photo sur les pas de nos voisins.

Pour rien au monde je ne voulais les avoir en travers de mon chemin.

Je décidais d'emprunter la voiture parentale afin de gagner du temps. Un grand sentiment de solitude m'envahit alors que j'arrivais en face de la porte. J'hésitai un instant, luttant contre moi-même pour ne pas faire demi-tour.

Mais les paroles vengeresses de Blanche martelaient ma mémoire .

Les pleurs de l'enfant.

Le regard triomphant de la voisine.

Alors respirant un grand coup, je tirais la sonnette. L'enfant vint m'ouvrir.

Il devait avoir dix ans.

Ses cheveux châtains étaient coupés court.

Il avait un short bleu et une chemise à carreaux rouge.

Des iris noisettes, qui en ce moment laissaient voir des pétillements de curiosité, mais qui étaient traversées par d'infimes vagues de tristesse.

Il souriait de toutes ses dents, un peu comme Blanche...

- Vous désirez, Monsieur ?... me demanda-t-il.

L'ennui était que je n'avais pas réfléchi un instant à ce que j'allais dire.

- Et bien c'est un peu délicat... Je désirerais m'entretenir avec toi et ta maman.

- Maman est morte, répliqua mon interlocuteur.

- Mais alors qui est cette dame qui s'occupe de toi ?

- Tante Béatrice.

- Et bien, pourrais-je lui parler ?

- Vous êtes de la police ?

- Non...

- Vous la connaissez personnellement ?

- Non plus...

- Vous êtes en service ?

- Écoute, je voudrais juste...

- Et bien si vous ne la connaissez pas, vous n'avez aucune raison de vouloir lui parler. Adieu Monsieur.

Et il me ferma la porte au nez.

Je restais devant cette porte fermée, ahuri. Je ne parvenais pas encore à comprendre ce qui m'arrivait.

Je venais de me faire envoyer balader par un gamin de dix ans.

Cela ne m'était encore jamais arrivé.

Mes pas s'en retournait vers la voiture quand une voix féminine les retint.

- Monsieur ?

Je fis un demi-tour sur moi-même et découvrit une femme d'une quarantaine d'années qui venait vers moi. Je m'approchai.

- Je tenais à excuser mon neveu pour son accueil... Vous vouliez me parler ?

Elle m'invita à entrer dans son salon. Toute la famille y était réunie. Une petite fille se leva à mon arrivée et cria à sa maman :

- Maman ! C'est le monsieur qui était avec Blanche !!

Cette famille connaissait donc Blanche ?

J'allais de surprise en surprise. Je me soumis de bonne grâce à l'interrogatoire familial. Chacun leur tour, les membres de cette famille me posait une question plus ou moins en rapport avec Blanche. Quand vint le tour de l'enfant, il me posa cette question :

- Qui est Blanche ?

Pile à ce moment, mon regard accrocha le crucifix du salon. Alors je répondis :

- Blanche est fille de Dieu, fille de France et Guide d'Europe.

Il sembla ravi de ma réponse car il sauta sur mes genoux et me gratifia d'un sourire lumineux.

- Et vous, comment vous appelez-vous ? dit-il.

- Eric. Je suis un ami de Blanche.

- Oui cela reste à prouver... répliqua mon compagnon. Voulez-vous me le prouver ?

- Tout de suite.

- Très bien. Faites cent pompes et je considérerai que vous êtes un ami de Blanche.

Je m'exécutais, rendant grâce pour le concours de pompes que j'avais relevé avec papa et Paul et que mon frère avait gagné avec cent-une pompes tandis que mon père et moi avions abandonné à la centième.

Je fus applaudi par la famille et l'enfant me tendit sa main.

- Bienvenu parmi nous Eric. Je suis Philibert, fils de Dieu, fils de France et Louveteau d'Europe. Je suis le petit frère de Blanche.

Mes yeux s'agrandirent sous le poids de cette annonce.

Le frère de qui ?

B

l

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 2 versions.

Vous aimez lire Erzsébet ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0