Correspondance
Mon doux ami,
Vous avez eu l'idée de rendre vos épistolaires plus nostalgiques en y ajoutant le vouvoiement, aussi vous rendrais-je la pareille.
Plus de vingt ans je me suis passée de vous et voilà que dès l'envol de votre avion, mon coeur vous réclamait. Je le console en cousant votre costume de la cérémonie nuptiale, et en vous imaginant chevaucher aux côtés des fougueux apaches, quoique l'image de votre tête coiffée d'une couronne de plumes d'aigles est fort comique. Je crois que mon imagination débordante pourrait faire de vous un héros de western alors que vous êtes déjà celui de mon coeur...
Paul est venu me voir ce matin, armé de son sourire charmeur alors que je recevais une cliente. Il m'a convié à la capitale pour une tournée de photographies que mes dernières robes lui ont inspirée. Je n'ai pas encore donné ma réponse mais je crains que l'enthousiasme qui fait le charme de votre famille ne m'ait ensorcelée et que je réponde favorablement à sa quête. J'en profiterai sans doute pour aller admirer l'orgueil de la France, le bijou versaillais qui abrita pendant plus d'un siècle l'éclat de la cour royale française.
Mon père me manque terriblement cher Eric, mais mon coeur est certain que votre mentor pourra, guidé par Dieu, faire des miracles. Vos termes scientifiques ne m'ont guère parlé mais l'éclat de vos yeux m'a convaincue, et confiante en vos promesses, je n'attends plus désormais que votre retour et celui de mon cher papa. Sa missive que je reçu en même temps que la vôtre confirme mon espérance : son enthousiasme se faisait sentir à chacun de ses mots. Papa vous tient en grande estime, Eric, ne l'oubliez jamais.
Depuis votre venue, monsieur l'abbé me demande souvent de vos nouvelles; il me semble, doux ami, que vous ayez charmé tous mes proches. Je vous envoie sa bénédiction et ses salutations, ainsi que celles de mes frères et soeurs.
Oui, mon aimé, je les ai tous revu ! Aliénor a fêté ses dix-huit ans la semaine passée et avait organisé avec son aînée Constance une fête chez tante Béatrice où Philibert, Isabelle, Ambroise, Aliénor, Constance et moi-même avons pu nous retrouver pour une journée de réjouissance ! Aliénor entame des études à la Sorbonne dans deux semaines tandis que Constance est à Bordeaux pour devenir kinésithérapeute. Il ne manquait que Christophe mais nous avons réussi à l'embrasser le lendemain.
Comme vous aviez raison de me dire d'espérer, mon Eric ! La force de notre amour fraternel déplacerai des montagnes ! Avec Constance, Aliénor et le soutien de tante Béatrice_elle vous envoie ses meilleures souvenirs, nous complotons_n'est-ce pas votre terme ? pour que tout le monde puisse être présent à notre mariage.
Le jour commence à baisser, le brillant soleil perd encore une fois sa bataille contre la nuit. Symbole de mon espoir, il renaîtra de ses cendres comme le phoénix dès demain, chassant de nouveau les ténébres.
Ma plume vous laisse, mais mon coeur demeure avec vous;
Je vous embrasse,
Votre Blanche.
Je relevais les yeux, un sourire amoureux sur mes lèvres. Heureusement, Alexandre était encore trop plongé dans les nouvelles de sa fille pour remarquer mon air niais. Une boîte en métal était posée sur ses genoux, sa jumelle attendant sagement sur les miens. Nous voulions les ouvrir ensemble, ces trésors de Blanche.
Un rire nous échappa alors que le couvercle était en nos mains. La mienne était remplie de cookies et un mot de ma reine était au-dessus.
"Mon coeur ne désirant point vous voir mourir empoisonnés par la nourriture suspecte étrangère,
je vous envoie des biscuits et de la charcuterie française.
Régalez-vous !
Avec tout mon hu/amour,
Blanche"
Levant les yeux, je vis Alexandre brandir victorieusement un saucisson.
Ah Blanche !
Jamais tu ne cesseras de me surprendre !
Si tu savais comme tu me manques !
L'océan qui nous sépare me semble une galaxie entière...
Mon coeur se languit de la douceur de ta voix...
Je vis ton visage me sourire parmi les étoiles, alors que je fermais les volets...
Bonne nuit, ma reine...
f
Annotations
Versions