Chapitre 3

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La différence n'aurait pas dû être remarquable, Dagmar lui faisait dos. Mais son Âme réagit, à la manière dont elle l'avait toujours fait quand elle était près de quelqu'un qui souffrait. Une chaleur parcourut son corps, la magie, prête à faire son oeuvre. Dans les fioles, les sources de pouvoir semblaient danser plus vite, plus fort. Comme si elles essayaient de lui faire passer le message qu'il se trouvait là, derrière elle.

Une seconde passa et elle fit un pas de côté. Mais il s'était déjà élancé et en un instant, ils s'écrasèrent tous deux sur ses précieuses étagères. S'il lui parla, elle n'entendit pas parce que son attention était accaparée par le son d'un verre qui se brise, puis un second. D'un coup de coude, elle essaya d'éloigner l'homme mais il raffermit sa prise sur sa nuque, lui arrachant un cri de douleur. D'autres fioles s'écrasèrent sur le sol. Avec une frénésie qu'elle ne reconnut pas, Dagmar se débatit, elle le griffa, lui envoya des coups de pieds. Mais rien n'y faisait, il ne la lachait pas et il prenait un malin plaisir à laisser les fruits de plusieurs vies être réduits à néant.

Devant elle, une fiole restait debout. Quand la planche menaça de s'effondrer à force que Dagmar y soit jetée dessus, la soigneuse ne réfléchit pas et l'attrapa. Elle la brisa contre le mur et eut un haut le coeur, elle commettait une atrocité sans nom. Le verre tranchant en main, elle s'occupa de l'enfoncer dans l'avant-bras de son agresseur. Il glapit et la relâcha. En se retournant pour lui faire face, elle remarqua qu'il s'était lui aussi retourné, mais pour fuir. Ni une ni deux, elle fut sur lui et lui attrapa l'épaule. Il lui attrapa les deux bras et d'une force qu'elle trouva bien peu naturelle, la jeta sur sa seconde et dernière étagère. Elle s'y effondra dessus, et tomba, fesses les premières dans les éclats de verre. Sa tête frappa avec force contre le mur et tout autour d'elle les Âmes tournouillèrent avant de plonger sur son visage.

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A son réveil, son bras droit baignait dans une flaque de sang. Elle toussa pour essayer de calmer la douleur fulgurante qui la transperçait de part en part. Elle tenta de se relever mais elle n'avait aucun appui. Dans cette mer de verre, elle ne pouvait que rester statique en espérant que quelqu'un viendrait vite l'aider avant qu'elle ne se vide de son sang.

  • Pitié, aidez-moi, cria-t-elle pendant ce qu'il lui sembla être des heures.

Mais personne ne répondit à ses appels à l'aide. On avait pris sa pancarte à la lettre. Dagmar se tortilla comme elle put pour déchirer sa robe en gros lambeaux afin de protéger ses bras. Elle allait devoir ramper. Le verre s'était étalé sur ce qu'il lui sembla être des mètres. En posant un premier bras devant elle, Dagmar sentit un tesson s'enfoncer dans sa peau. Il fallait qu'elle fasse vite, elle n'avait pas d'autre choix pour survivre.

Elle traina ce qu'elle eut l'impression d'être un corps déjà mort jusqu'à ce que le parquet lisse de son atelier fasse apparition sous ses bras. Quelques efforts supplémentaires lui permirent d'être entièrement en sécurité. Elle faisait de la peine à voir, des lambeaux de chair menaçaient de tomber. La soigneuse passa ses doigts sur ses plaies obligeant sa magie à se mouvoir dans son corps pour venir la protéger. La douleur commençait à partir quand sa porte s'ouvrit à la volée.

  • Soigneuse Dagmar! Qu'est-ce que...

Dagmar leva les yeux vers la personne qui est entrée. Le Soigneur Amégaël, c'est lui qui a assuré sa formation quand son premier mentor est mort. En un instant, il fut à côté d'elle, posant ses mains sur les plaies les plus profondes qu'il trouva.

  • Ca va aller Dagmar, tu vas t'en sortir.

Elle sentit la chaleur de la magie passer de peau en peau et soupira de soulagement en sentant que l'hémoragie était contenue. Amégaël récupéra des linges propres pour comprimer les plaies. Les effets de la magie n'étaient pas infinis.

  • Quand j'ai su qu'ils t'avaient donner ce patient, j'ai su que ça se passerait mal. Quelle idée ont-t-ils eu ? Je suis venu aussi vite que j'ai pu quand Octave est venu me raconter. Je n'aurai jamais cru qu'il se serait remis aussi vite.
  • J'ai faillis à ma... j'ai... sanglota-t-elle.

Amégaël comprit qu'elle parlait des Âmes qui avaient disparues.

  • Tu ne pouvais réussir, tu m'entends ? Tu, ne, pouvais, pas, réussir.

Il était devenu pâle. Lui aussi ça le rendait malade, qu'elle ait pu échouer à sa mission première.

  • Tu comprends ce qui se passe en toi Dagmar ?

Elle hocha la tête.

  • J'ai perdu beaucoup de sang.
  • Tu n'aurais jamais dû pouvoir survivre. Je vois plusieurs litres de ton sang là, par terre.

Amégaël se dirigea vers la porte pour écarter les rideaux coupés et sanglants.

  • Ils ne sauraient tarder à arriver.
  • Qui ça ?
  • Le conseil. Il vont venir te chercher pour t'emprisonner.
  • J'accepterai mon sort.

Il se retourna instantanément vers elle.

  • Non. Tu sais très bien ce qu'ils vont te réserver.
  • Me réserver ?
  • Dagmar, tu dois nier. Tout faire pour qu'ils ne comprennent pas.
  • Comprendre quoi ?
  • Que tu as assimilé des Âmes.

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