Ma main ensorcelée
Dans mon corps, c’est elle qui a l’honneur, haut la main ! Menue, discrète, aux doigts fins, qui s’enorgueillit parfois d’une bague, labradorite, ambre ou grenat, ma main ose, paume ouverte sur le monde. Douce et rugueuse à la fois, avec ses crevasses hivernales, vestiges des journées de travail, c’est toute une intensité d’amour et de tendresse qui s’offre et se tend vers toi… Elle épouse la courbe de ton visage, glisse vers ta nuque, amoureuse, se fond dans ta main, entrelace nos doigts… Mais les lignes de ma main s’animent soudainement, s’étirent, s’allongent indéfiniment, et se prolongent encore, s’emmêlent, s’entortillent comme les filaments venimeux d’une méduse, saisissant tout d’un coup et ligotant mon stylo dont l’encre continue de jaillir… Cauchemar !
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