Que la lumière soit

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Mon nom a peu d’importance, ce qui compte c’est ma cause. Celui du coran et d’Allah.

À l’approche de Noël, moi et mes frères on avait prévu une prise d’otage dans un centre commercial, on a mis des mois à se préparer. La nuit tant attendue on passe aux actes, nos armes et notre cause effrayent les gens. Ils se soumettent à nos ordres.

Cernés par les flics, nous demandons une seule chose, la libération de plusieurs prisonniers, des frères, ceux encore en vies qui ont attaqué dernièrement à paris.

Le raid est dans la rue, il fait nuit et tout est calme. Nous utilisons les caméras du centre pour surveiller, deux hommes sur ce poste, trois frères d’armes à l’entrée, dont moi, deux qui surveillent les otages, ainsi que trois qui patrouilles. Au total nous sommes dix, moi je suis le meneur.

Des journalistes filment depuis l’extérieur en plus des témoins, j’aime être au front, voir le visage des hommes qui nous ciblent, je leur fais face et les tenant en respect, je sais qu’il y a des snipers, mais s’ils tirent, tous les otages meurent.

J’appelle avec notre radio le poste de surveillance, aucun signe d’infiltration, j’appelle le poste des otages, étrangement ça grésille, inaudible, le matos n’est pas si fiable finalement.

L’un de mes hommes faits de même.

- Abdel ma radio ne marche plus.

Comme c’est étrange.

- Ce n’est pas normal, restons sur nos gardes.

J’observe les flics, ils ne bougent pas, j’appelle la patrouille, nos appareils crépitent, ils sont brouillés.

Soudain, j’entends.

- Il y a un démon ici, il y a démon !!

C’est la voix de notre farceur habituel Amir, il est très sympa comme gars, c’est grâce à lui que le moral reste bon, toujours en train de faire une blague et là il recommence sans doute

- Ne raconte pas n’importe quoi, les démons ça n'e...

Je me retourne et je la vois, cette ombre qui se jette sur Mossad et le neutralise en une seule seconde en lui donnant un coup qui le projette à mes pieds. Je suis ébahie de voir cette forme bouger avec tant de vitesse, mes camarades eux aussi sont dans l’incompréhension la plus totale.

Alors je hurle de tirer. Rien ne la touche, elle esquive sans mal et s’approche trop vite pour la voir distinctement. Soudain, un choque qui me propulse quinze mètres derrière. Pas de blessures, en tout cas pas trop, je crois.

J’observe la réaction des autres, je vois les caméras braquées sur l’entrée filmant la scène, même les policiers et les membres du raid restent sur place, la stupeur est flagrante en particulier dans leurs yeux.

Le démon se met dans la lumière des lampadaires et des caméras, debout sans aucune égratignure. Une femme ? Oui cette chose est bien une femme, elle semble très fière d’elle.

Elle a beaucoup d’assurance et semble vouloir que tous soient témoins de son existence, j’en doutais, mais plus maintenant.

Un frère se lève et il est neutralisé avant d’avoir eu le temps de tirer, le second juste a cotée, lui aussi éjecter d’un revers de la main.

Le troisième tire, l’ombre esquive toutes les balles puis je vois une lumière qui tranche son arme en deux, ensuite elle le balaye avec beaucoup de célérité avec son pied le faisant tomber, ce regard froid semble le juger, elle le maintient à terre avec son pied ; il se débat, mais sa force est anormalement élevée. Il ne peut même la faire bouger d’un centimètre.

Je réalise qu'en réalité j’ai pris vraiment un sale coup malgré mon gilet par balle, mais je suis coriace, je me relève pour l’insulter de tous les noms.

D'un seul battement de cils, elle se tient devant moi à portée de mains. Elle m'arrache l'arme de mes mains, le tort et m’inflige une humiliation par une dizaine de coups de poings et de pieds. Chaque choc est puissant, mais ne me brise pas, moi et ma foi en Allah.

Pourtant je n’arrive plus à la suivre du regard. L’ombre dite après sa petite vengeance en me tenant par la gorge avec force.

- Allez-vous osez répéter ces mots ou voulez-vous que je recommence ? Nous avons pour cela toute la nuit devant nous.

Je n’ai pas peur d’elle, soutenant mon regard dans ses yeux bleus

- allez-vous faire…

Elle me gifle pour me faire taire. Je ne serai ni brisée par sa vitesse ni sa force.

- Vous faites peine à voir mon pauvre, mais passons. Je veux savoir une chose, qu’avez-vous prévu pour la suite ?

Elle est calme et autoritaire, mais ma volonté est inébranlable

- Je ne vous dirai rien, femme.

- Oooooh ; mais vous allez me dire absolument tout ce que je veux savoir, que vous le veuillez ou non, comme je l’ai dit nous avons toute la nuit, je dirais même tout notre temps.

Elle semble sûre d’elle ; je sais qu’elle va utiliser la douleur pour me faire parler.

- Vous pourrez me torturer, cela ne changera rien, je suis prêt à mourir, ni la mort ni vous me faites peur.

Ce casque semble se moquer de moi, avec un ton calme qui pourtant résonne avec force, rebondissant sur les murs et dans mes oreilles, elle me répond.

- Mais qui vous a donc dit que j’allais vous torturer, qui vous a donc dit que j’allais vous tuer, ce serait bien trop simple, bien trop facile à mon gout pour traiter quelqu’un comme vous. Vous allez comprendre bientôt que les individus comme vous doivent me craindre plus que n’importe qui sur ce monde, et c’est tant mieux que vous n’ayez pas peur de la mort, car je peux être pire qu’elle. Je vais vous faire souffrir d’une façon qu'elle sera pour vous une vraie délivrance, vous souhaiterez qu’elle vienne à vous et pourtant vous ne l’aurez pas, oh ça non. Je vous maintiendrai en vie tant que vous ne m’aurez pas donnée ce que je souhaite et quand vous l’aurez fait, là j’accorderai le souhait qui vous sera si cher.

Pire que la mort ? Elle ne me l’accordera pas ? Elle veut me briser. J’ai peur, au fond de moi. Elle sourit toujours, encore. Mon souhait ? Rejoindre Allah en mourant pour lui.

Je suis pris de frisson, elle a des formes gracieuses et élégantes, je l'avoue ; dotée de hanches qui envoutent et d'une belle poitrine qui attire l'oeil. Pourtant, tout ce qu'elle m'inspire c'est de la crainte. Il s'émane d'elle une force physique et de l’esprit écrasant. J’étouffe sous cette pression qu’elle exerce.

Même sa voix résonne sans arrêt dans ma tête. Même dans le silence assourdissant qui nous entoure.

Je remarque qu’elle a un sabre dégainé qui brille sous les lumières de la ville et avec ce masque elle dit clairement, je ne suis pas amicale.

Et ce masque qui me sourit la bouche grand ouvert. La dentition est tout juste cachée, des canines pointues, aiguisées et déformées qui sortent de l’extérieur de cette expression déformer qui reflète les lumières de la ville, mais l’intérieur semblent faire exactement le contraire, sombre et insondable, peut-être parce qu’elle ne laisse rien lui échapper tout comme un trou noir. Si c’est le cas, ses mots seraient là pour aspirer ma volonté et ma foi.

Et elle prononce un mot.

- Dormez.

Je prends un coup de jus sévère.

Je me réveille sans savoir où je suis, puis je l'entends

- Bonjour, avez fait de beaux rêves?

Sale garce, je vais pour l’étrangler, mais elle réplique en me plaquant contre le mur ; elle m'attache les mains une à une grâce à des chaines.

- On dirait que vous n’êtes pas du matin, au moins je vois que les coups que je vous ai infligés ne vous ont pas trop abimée.

Je la fixe en silence, cette femme aux muscles à vif et noircie qui se tient devant moi. Elle remet en place ses cheveux noirs, il y a quelque chose d’étrange avec son oreille, je viens de remarquer qu'elle a deux bandes de tissus noirs d'accrochées à une sorte d’oreille de métal avec dans le conduit une enceinte ou un micro récepteur.

D’ailleurs il y a un étrange dispositif métallique qui part en diagonale vers l'arrière , un rectangle aussi large que le cercle a sa base et qui se rétrécit. Apparemment, c’est la même chose de l’autre cotée. On dirait les oreilles d’un elfe vu sous certains angles. - Vous avez fini de m’observer ?

Que croit-elle ? Que je suis intéressé par sa personne ?- Je ne fais qu’attendre la suite.

- Bien, puis ce que vous semblez disposer à parler ; discutons de votre organisation terroriste. Ce qu’ils font, comment ils le font, où ils sont, leurs sites et surtout qu’ont-ils prévu.

Je ne dis rien.

- Vous ne voulez rien me dire, je sais qui vous êtes, vous feriez mieux de parler.

Dit-elle calmement, cela me fait rigoler intérieurement.

- Et alors ? Qu’est-ce que ça peut me faire ? Ça ne change rien, autant me tuer tous de suite, vous gaspillerez moins d’énergie.

- Je crois que vous n’avez pas bien saisi la situation, je n’ai pas l’intention de vous tuer, vous êtes trop précieux comme source d’information, et le fait que je connaisse votre nom signifie que j'ai une vision totale sur votre parcours scolaire, le lieu où vous habitez et les lieux où vous avez habité.

Elle marque à temps de pause espérant je ne sais quoi puis elle soupire de déception ; un peu comme ma mère qui m’explique quelque chose et que malheureusement, je ne comprends pas. Ainsi , elle reprend.

- Je connais aussi les visages de vos parents et vos deux charmantes sœurs

Elle montre des photos sur un écran.

Je capte enfin, elle menace ma famille ! Si je pouvais la tuer !

- Vous n’avez pas intérêt sale…

L’ombre me baffe encore.

- Enfin ça a fait tilt dans cette caboche remplie de haine. Votre chère et unique famille risque de… ah... comment dire ça sans imager la chose sous le spectre de la violence.

Elle acquiesce, comme pour se convaincre elle-même de son choix.

- Ils risquent de payes tous simplement à votre place. Alors je vous conseille de me respecter sinon il pourrait leur arriver quelques mésaventures et ce sera de votre faute. Vous tenez maintenant leur avenir dans vos mains, quant à moi c'est au bout de ma lame. Si vous n’obéissez pas mon katana suintera des larmes de pleurs et de sang.

Là je suis très inquiet, mais elle bluffe peut-être. Une héroïne ne menace pas les innocents.

- Non, vous n’oseriez pas faire ça. Ma famille n'est pas concernée par ce que j’ai fait. De plus, vous n’avez pas le droit.

Elle rit en se tenant le ventre

- Ahahah ! Je n’ai pas le droit qu’il dit !

Sa voix se déforme dans les graves et son cou se tord dans tous les sens presque comme si elle était possédée

- Qu’elle farce, qu’elle blague !

Et tout redevient normal, elle rit longuement. Puis ses yeux brillent d’un bleu plus intense, leurs lueurs crépitent. Là, je flippe vraiment. De son poing elle frappe le mur et enfonce son bras en entier dans le béton ! Mais c’est vraiment possible ça ?!

- Vous avez pris des gens en otage avec une arme à feu ! Vous avez tiré sur la police française, blessant un agent et père de famille. Franchement, n’avez-vous pas la vague impression de vous moquer de moi ?! Vous croyez que je vais me retenir sachant que les informations que vous détenez me permettront de sauver des vies ? Non. Alors, faites-moi plaisir et donnez-moi ce que je veux.

J’insiste

- Non, je ne vous donnerais rien. Qu'Allah m’en soi témoin et me damne si je vous obéis !

L’ombre bleutée me dit avec un ton plus aigu comme si elle tentait de contenir de la pression

- Très bien, je suis presque impressionné par cette fidélité à vos engagements idéologique.

Elle dégage son bras du béton, sa main ne tremble même pas et sa voix baisse dans les graves à nouveau

- Seulement vous verrez que moi aussi j’ai un code et le mien c’est que je fais toujours ce que je dis. Vous n’avez aucun choix et c'est non au bon vouloir de votre Dieu qui nous a tous damnés vous y compris, mais bien parce que je l’ai décidée.

Elle sort de la pièce avec calme perturbant.

Schizophrène ou folle, cette femme oscille entre colère et calme. Elle veut vraiment me tuer ; je l’ai senti ce désir, je l’ai reconnue, mais il y a quelque chose de plus profond. J’ai l’impression qu’elle le fera par plaisir.

Je suis seul, dans le noir. Avec ce chien, qui m’apporte de l’eau ou un loup, qu’importe, je déteste les deux.

Lui aussi est parcouru de lumière bleue, il me surveille avec son regard de prédateur. Régulièrement il m’apporte une bouteille d’eau, si j’ai le malheur de le toucher, il me plaque au sol de toutes ses forces. Le message est clair, nos sentiments sont réciproques.

Puis un jour, le chien ne vient plus me donner de l’eau.

À la place l'ombre entre dans la pièce avec brutalité en se jetant sur moi pour émettre une douloureuse décharge électrique aux côtes, je crie de douleur, tortionnaire démoniaque.

- Ça fait mal ?

J’acquiesce et elle rétorque.

- je peux aller jusqu’à la mort.

L’ombre s’écarte de mon champ de vision, elle pointe la sortie

- allez donc voir.

Quand je sors de la pièce, une grande vitre qui semble blindée séparant en deux une pièce aux murs bétonnée et très mal éclairée.

C’est mon côté qui a le plus d’éclairage. Je regarde autour et l’ombre n’est pas là où elle était censée être. Soudain, la lumière éclaire quatre personnes ligotées, les yeux bandés. Deux jeunes femmes, une autre plus âgée, et un homme.

L’ombre qui se cache dans les ténèbres me demande.

- les reconnais-tu ?

Je devine à peine sa silhouette là-dedans, attentivement j’analyse les personnes, deux mains enlèvent les bandages des yeux de la femme âgée et de l’homme. Tous sont endormis.

- Voici votre père et votre mère.

Oui, ce sont bien eux ! Je tape contre la vitre ! Maudite soit-elle ! Je ne peux pas la briser !

- Relâchez-les tous de suite !

Elle rit

- Vous croyez sérieusement que je vais obéir ?

Maintenant elle caresse le cou d’une des jeunes femmes.

- devinez l’identité de ces jeunes femmes.

Non pas elles !

- Relâchez mes sœurs ! Maintenant ! Sinon je vous tue !

Les mains de l’ombre disparaissent, son visage fait place, moqueur, les yeux bleus flottant comme deux lucioles dans le néant

-vous êtes si drôle, vraiment. Dite moi…

Son visage se met au niveau de la tête de ma grande sœur avec une main sur elle

- qu’est-ce que cela fait de n’avoir sur la situation aucune prise et de voir vos proches sous mon joug ?

Le démon navigue avec plaisir dans la noirceur, sourit encore, sourit toujours. Elle me nargue, me provoque, me brise sans même me toucher en y prenant un malin plaisir.

Son cou apparait en avançant un peu sa tête dans la lumière

- Frustrant n’est-ce pas ?

La main descend jusqu’à l’épaule gauche, insoutenable, cette emprise qu’elle a.

- Votre benjamine de sœur, elle a de gros problèmes au cœur, je suis sûr qu’une décharge comme celle que je vous ai infligée la tuerait certainement.

Comment elle sait !

- Non, vous ne le ferez pas, j’ai entendu des histoires sur vous, vous ne pouvez pas la tuer, elle est innocente.

Mais au fond de moi je doute, je ne la connais pas. Elle en revanche semble tous savoir. Ce regard bleu et froid sonde mon âme à chaque fois qu’elle le dépose sur moi.

L’ombre se redresse laissant toutes les lumières bleutées de son corps apparaitre, j’ai l’impression de voir un des schémas de biologie des muscles humains.

- Mais ce sont des histoires de gens qui ne connaissent rien de moi et jusqu’où je peux aller, je peux m’en prendre physiquement et psychiquement aux innocents, d’ailleurs depuis peu j’ai envie de m’essayer à autre chose. Des choses un peu plus divertissantes.

Ses yeux se perdent dans le vide.

- Tuer pour moi est si facile, un battement de cil et ils gisent tous dans une mare de sang.

Elle glousse

- Ce qui est drôle, se sont leurs visages totalement déformés ; pour la plupart, ils ne comprennent même pas ce qui leur arrive. Enfin, quand je n'ai pas fait exploser leur tête avec un tir charger d’une munition lourde.

Elle est folle, cette femme est purement et simplement folle !

- Ce soir, je vais vous faire ressentir cette désagréable sensation, celle qui vient au moment de voir des gens proches mourir, car vous avez tué. L’agent de police que vous aviez blessé est mort. Son bras gauche semble se charger en électricité -maintenant votre sœur va périr.

Elle ne va pas le faire, je ne veux pas y croire !

- Non, vous ne pouvez pas faire ça !

- Comme c’est touchant, vous avez foi en mon humanité.

La décharge provoque de légères convulsions à ma sœur.

- arrêtez, je vous en prie ! Je vais tout avouer ! Laisse-les, ils ne sont pas musulmans !

Ce qui est vrai en plus. Jamais ils n’ont adhéré à l’islam, ce sont des laïques ou des impies selon mes camarades. Mais c’est ma famille, la seule que j’ai, même si je n’arrive pas à les convaincre que l’islam est la vérité. Elle arrête et je demande.

- Elle est en vie ?

- Oui, mais bientôt elle ne le sera plus. Car vous allez tenter de me cacher des informations, alors je la tuerai.

Plus le choix.

- Je vous jure de…

En haussant la voix, elle m’interrompt.

- Votre parole ne vaut absolument rien à mes yeux et bientôt...

Elle observe ma famille.

- à eux aussi.

Elle me méprise, me juge avec son regard inquisiteur.

- Car vous n’êtes plus un être humain, un monstre tout au plus.

Je lui rétorque.

- Vous aussi.

Alors elle s’avance lentement vers moi et pose sa main sur la vitre blindée.

- Je n'ai jamais dit que je n’en étais pas un. Maintenant, parlez.

La garce ! Elle semble se satisfaire de cette situation ! Je ne peux pas lutter, pas contre cette chose ! Pas sans absolument tous perdre !

Alors j’avoue tous, je les lui donne ses foutues informations, elle les enregistre surement dans une clé USB via cette caméra qui me guette.

Elle revient le jour suivant et demande avec un ton toujours aussi austère.

- M’avez tous dit ?

Je suis fatiguée.

- Oui.

Alors elle m’attrape et m’en mène dans l’autre pièce dont la vitre de séparation a disparu.

Elle me met à genoux devant ma famille réveillée, mais bandée, ils ne comprennent pas.

Ma jeune sœur.

- S’il vous plaît, je sais que vous êtes là.

Elle enlève les bandages, ma mère me reconnaît tout de suite.

- Abdel ! Où sommes-nous ?!

La voix de l’ombre à sa gauche lui répond.

- Dans une prison.

Ma mère se retourne, en voyant se sourire de cauchemar, elle prit peur et tombe sur son flanc, ce qui est compréhensible.

- Voyons madame...

Elle la remet sur pieds.

- Prenez soin de mes chaises, vous êtes mon invitée, faites preuve d’un peu de respect pour mes biens.

Et ma jeune sœur s’exclame de joie ; toujours à coter de la plaque.

- C’est l’ombre, c’est elle !

Puis elle se rend compte enfin qu’elle est ligotée

- Pourquoi je suis ligotée comme un saucisson ?

À ça, la geôlière rit de bon cœur il semble, sauf si c'est une feinte.

- Chaque chose en son temps.

Elle tourne sa tête vers moi.

- M’avez-vous tout dit ?

- Oui.

Elle insiste en prenant bien le temps de prononcer chaque syllabe et de soutenir chaque espace par du vide.

- Vous en êtes sûr ?

Je réponds encore.

- Oui.

Elle pose ses mains sur ma jeune sœur et hausse le ton, sévère, presque en colère

-En êtes-vous réellement sûr ? Car j’ai découvert que l’organisateur de tout ça n’était pas votre mentor, mais un autre, celui qui est actuellement activement recherché en Belgique. Vous savez ? Un certain Farid.

Je réponds en paniquant.

- Je ne savais pas ! Je vous le jure !

Elle est réellement en colère.

- Ne jurez pas pour moi, mais pour eux, car ici, il n’y a que votre famille pour qui vos paroles ont une valeur !

Elle se calme en expirant longuement.

-Je vais compter jusqu’à cinq, le nombre qui compose votre petite famille. Pensez à chacun d’eux à chaque chiffre, car ici il ne restera plus personne.

Je ne sais plus quoi faire.

- Non vous n’allez pas …

Mon père en colère.

- Mais que voulez-vous !? Je ne comprends rien !

Elle répond.

- La vérité et s’il n’avoue pas ce sera …

Elle dégaine sa lame noire et la met proche de ma sœur

- Une douloureuse séparation.

Elle commence à stresser, l’ombre la rassure apparemment

- Ne t’en fait pas, ton frère a toutes les cartes en main, je veux juste toutes les voir. Maintenant, je compte. Zéro.

- Je ne sais rien !

Un… ma grande sœur

- S’il te plaît, dis-lui ! Dis-lui ce qu’elle veut savoir !

Je lui réponds la même chose

- Mais j’ai tout dit !

Deux… ma petite sœur est très inquiète avec un sourire nerveux

- Grand frère, elle est plus effrayante en vrai.

Elle éloigne sa lame et arme son geste

- Elle ne plaisante pas ! Dis-lui !

Trois… ma mère

- Qu’est-ce que tout ça signifie !? C’est une blague !?

Quatre… mon père

- Je ne comprends pas cette histoire de carte, mais si tu en as une, utilise-la !

Cinq !

- Je ne sais rien d’autre ! Ils ne disent rien de plus pour ne pas compromettre le réseau, je vous en prie ! Arrêtez ça !

La lame s’abat sur ma sœur, je ferme les yeux. Aucun cri n'est émis, alors j’ouvre les yeux, aucune goutte de sang ne coule sur le sabre.

Ma jeune sœur pleure de joie

- Je suis en vie.

Elle lui chuchote quelques mots que ma sœur semble apprécier, elle les détache un à un sauf moi.

- Maintenant…

Dit-elle en m’aidant à me redresser

- voici votre vœu si cher à vos yeux ; revoir votre famille une dernière fois, car après ce jour il y aura plus d'autres occasions. Expliquez-leur sinon je m’en occupe et croyez-moi, vaut mieux que ce soit vous. Vous n’avez qu’une seule heure.

Pendant cette heure je fais mes adieux à ma famille et leur explique. À la fin l’air soudain sent le sucre.

Je m’exclame, furieux du temps qui manque.

- Que faites-vous ?!

L’ombre toujours dans un coin dans la pièce nous observe les bras croisés.

- Gaz soporifique, l’heure de dormir est arrivée.

Lentement mon corps se laisse aller. Impossible de résister, une fois au sol l’ombre s’adresse à moi du haut de son indifférence.

- Quand vous vous réveillerez, vous serez seul dans ce monde. Ce sera l’une de vos nombreuses punitions.

Je tente de dire quelque mot.

- Sale garce...

Elle répond, tout en m'observant de haut.

- Rassurez-vous, vos proches seront ramenés chez eux et en bonne santé.

Je me réveille, lentement, je suis bien ligotée sur un véhicule volant. Volant ?!

- Aaah ! C’est quoi ce délire !? Comment ?!

- Cessez de bouger ou je vous largue au-dessus de paris.

Je suis attaché à la selle derrière elle. C’est bien un engin, qui est fuselé comme une moto et un avion de chasse. Étrange, le son est plutôt bien étouffé pour un engin de ce gabarit.

J’aime les armes ainsi que les engins de guerre. Comprendre leurs fonctionnements permet de mieux connaître l’ennemi qui les possède. Le sien est très spécial.

Mesurant à peu de choses près quatre mètres de longueur. L’avant semble avoir deux entrées d’air de ce que j’entends, deux sorties pour le moteur et ses gaz à l’arrière. Le capot est long, il semble avoir des turbines puissantes, je ne les vois pas, elles sont peut-être superposées à l’horizontale comme à l’arriéré, j’en devine deux tournants dans les deux sens juste derrière la sortie d’échappement.

Pour se diriger, le véhicule semble posséder des rétrofusées pour freiner et tourner. J’en entends quelques-unes à l’avant quand elle ralentit, il y'en a deux de chaque côté aux vues des petits flashes de lumière et deux à l'arrière pour tourner.

La sortie d’air se fait par en dessous et au-dessus. Tous sont reliés à une sorte de moteur sous la selle que je sens tourner sous mes jambes. Et autant le dire, ce moteur puissant fait trembler l’ensemble de l’engin.

Avec moi il y a deux grosses sacoches en cuir. Je suis un vulgaire bagage.

Le véhicule en noir avance à une vitesse de 450 km/h de ce que je vois au compteur.

- Admirez un peu cette belle vue de paris, je suis sûr que vous savez au moins apprécier ce genre de chose.

À cela je réponds.

- Je préfère un ciel étoilé.

Elle hoche de la tête et avec un ton amical, elle ajoute.

- Il est vrai qu’un ciel étoilé est un merveilleux spectacle.

Elle tourne sa tête vers moi, son visage est toujours le même ; mais je perçois une certaine tristesse dans son expression quand elle redresse le visage .

- Si seulement vous vous en contentiez, pauvre fou.

Ah, j’ai pensé trop vite. J’ai cru un instant qu’elle avait de l’empathie pour moi.

Elle monte son regard au ciel.

- Les gens n'ont pas réalisé que contempler est l’une des plus belles choses qui nous ai donné de faire. Vous verrez, cela vous manquera.

- De quoi ?

Elle me jette un regard, comme si c’était évident, puis elle répond.

- Le ciel.

On baisse en altitude.

Deux policiers de garde la nuit discutent à l’entrée. L’ombre atterrit juste en face d’eux et me balance par terre ; je suis bel et bien un bagage encombrant. Les deux hommes surpris se regardent dans les yeux, d’un air de dire.

- Mais que se passe-t-il ?

Elle s’avance vers eux sans crainte et dit.

- C’est le terroriste que j’ai enlevé la nuit dernière. Elle tend une clé USB.

- Voici ce qu’il m’a dit et ce que j’ai découvert ; maintenant, à vous de faire votre travail en le donnant au lieutenant Lefèvre.

L’un des policiers prend la clé USB avec hésitation.

- D’accord, euh…

Il se tourne vers son collègue puis de nouveau vers l’ombre en train de faire vrombir son engin, l’autre policier dit.

- Hé ! Arrêtez-vous, où allez-vous comme ça !

Elle répond

- Bonne soirée, j’ai plein de quêtes à finir.

Et elle démarre à toute vitesse et file comme une étoile dans la nuit.

Quant à l’agent de police, il dit à son collègue

- Non, mais tu as vu çà ?! Elle ose débarquer devant notre commissariat comme si tout était normal !

Et son collègue répond.

- Voyons ce qu’elle a mis dans cette clé, je suis sûr qu’elle va encore nous surprendre.

Et le sol est froid.

- Vous allez me laisser pourrir là ? Vous avez un travail d’enquête, il me semble.

Ils ont surpris de mon attitude.

Je me suis résigné, cette femme de l’ombre m’a battu sur tous les points. Mes faiblesses elle les connaît, je ne peux plus lutter.

Le lendemain, déjà sur internet et les journaux, on parle de moi, le colis exprès de l’ombre, tout le monde ne s’attendait pas à ce qu’elle me livre. Certains, pensée même qu’elle m’avait capturée pour se défouler et me tuer.

Honnêtement, je le pensais aussi.

Cela aurait enchanté certaines personnes, notamment ceux qui auraient préféré que je ne parle pas, ces mêmes personnes qui m’avaient donné des ordres.

Les informations de l’ombre ont été dans l’ensemble publiées cinq jours après, les enquêteurs ont été surpris de voir la quantité d'information qu'elle a collectée en trois jours et quatre nuits. Surtout mes aveux, alors que les autres n’ont même pas dit le quart des informations.

Ils ont réellement échappé à quelque chose. Je pense que j'étais plus solide qu’eux malgré tous.

Résisté à cette volonté écrasante ainsi que ce regard froid et inhumain n’est pas donné à tout le monde.

La vague médiatique fut d’ampleur mondiale et de plus en plus de gens s’intéressent à l’ombre bleutée. De ce que j’ai compris, elle intervient de plus en plus et réduit la criminalité avec ses méthodes dont seules ses victimes et leurs proches connaissent , mais ils sont sous silence.

Notre silence. Nous qui sommes sous son épée Damoclès ; elle frappe méthodiquement et sans prévenir, on a cru à tort connaître tous nos ennemis, maintenant il y a elle, la pire de toutes, car elle est la meilleure pour le pire.

Démantelant des réseaux mafieux, pourchassant les tueurs, sauvant des gens pris dans des catastrophes, elle intervient dans chaque pays qui a une frontière avec la France.

Jamais un être, mise à part Allah, ne m’a inspiré autant de crainte.

Depuis ma prison, je ne cesse de suivre ses gestes, j’ai admiré un dieu fait de lumière, maintenant j’admire un être de ténèbres.

Mais à quoi je pense ? Ah... je suis surement victime du syndrome de Stockholm. Il faudrait peut-être que je consulte un psychologue.

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