Partie 3

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Accoudée à la rambarde de la terrasse, Claire extirpa une cigarette et son briquet de sa pochette. Elle porta la clope à sa bouche et actionna le briquet mais celui-ci refusa de cracher son feu. Elle le secoua frénétiquement et refit une tentative, en vain.
—Quelle galère, pesta-t-elle.
Une main avec un briquet allumé apparut devant son nez. Elle haussa un sourcil, ne se rappelant plus s’être accoudée près de quelqu’un. Peut-être ne l’avait-elle pas remarqué tant elle était en colère.
—Merci, dit-elle après avoir embrasé le tabac et soufflé une première bouffée de fumée.
—Avec plaisir, rétorqua la voix chaude du propriétaire de l’outil, si cela peut vous aider à cesser de trépigner à côté de moi.
—Oh vraiment ! s’indigna-t-elle C’est ainsi que vous engagez la conversation ?
Elle se tourna pour étudier le profil du désagréable personnage à ses côtés. Il s’agissait d’un homme de stature athlétique à l’apparence élégante et soignée. Les traits d’un homme dans la trentaine, un profil grec et des cheveux noirs comme le jais, l’inconnu transpirait d’arrogance et de sex-appeal.
—Qu’est ce qui vous fait croire que j’engage la conversation, répondit-il dédaigneux sans même la regarder.
A son tour, il alluma une cigarette et Claire, qui était sur les nerfs, répliqua du tac au tac.
—Normalement, quand on se risque à proposer son feu, on s’expose à une conversation. Dans le cas où l’on veut juste faire l’ours grincheux, on s’abstient d’emmerder le monde avec des remarques à la con.
L’inconnu manqua de s’étouffer avec la fumée de sa cigarette et se mit à ricaner.
—Vous ne mâchez pas vos mots, vous.
—Surtout avec des types dans votre genre !
—Et de quel genre je suis ? se risqua le beau brun les sourcils froncés.
Ses yeux aussi sombres que ses cheveux étaient braqués sur Claire avec désinvoltures.
—Arrogant, asséna Claire sans détour.
Elle tira nerveusement sur sa cigarette, son interlocuteur fit de même en riant.
—Au moins tout ça ! Sur quoi repose ce jugement ?
—Vous avez entendu parler de la première impression ? Je me trompe rarement.
L’homme à ses côtés ria de bon cœur sans perdre de sa superbe.
—J’ai rarement conversé avec quelqu’un d’aussi désagréable, la jugea-t-il à son tour en souriant.
—Vous n’avez pas engagé la conversation, vous vous rappelez ?
—C’est vrai. J’ai proposé un briquet à une jeune femme bien énervée et ça fait de moi le type arrogant du jour. Y a-t-il une logique ?
Claire ne répliqua pas cette fois et se contenta de pincer les lèvres. Il avait raison, elle l’avait peut-être catalogué un peu vite. Dès qu’il avait ouvert la bouche en fait.
Côte à côte, ils fumèrent leur cigarette en silence, leur regard perdu sur la rue qu’ils surplombaient depuis la terrasse.
Progressivement Claire sentait enfin ses nerfs se calmer sous les effets de la nicotine et de l’air frais. Elle resterait volontiers sur cette terrasse jusqu’à la fin de la journée si elle le pouvait, loin de Grégory et de son succès. Cependant, ce n’était pas son genre de faire faux bond au professeur et elle devrait donc y retourner en affichant une mine réjouie pour masquer sa colère.
Elle recracha la fumée de sa cigarette dans une longue expiration censée lui donner du courage. C’est alors qu’elle sentit un regard posé sur elle.
—Arrêtez ça ! ordonna-t-elle à son voisin.
—Quoi donc ? questionna-t-il.
Elle se tourna vivement vers lui, les yeux assassins.
—Arrêtez de me fixer ouvertement, c’est impoli !
—Pas plus que de juger sans connaître.
Il lui vrilla un regard noir et Claire s’interdit de baisser les yeux devant lui. Pas question de se laisser intimider par un inconnu.
Ils se toisèrent plusieurs secondes sans souciller avant qu’il ne cède en premier et que ses yeux se fixent un peu plus bas. Claire en profita pour le détailler.
Il était diablement beau avec son regard profond, ses lèvres fines et son sourire cuspide qu’il lui offrait à présent.
Devant son charme, son ventre se contracta et une image indécente lui traversa l’esprit. Elle baissa les yeux à son tour quand elle sentie le rose lui monter aux joues.
Elle décida qu’il était tant de regagner la conférence pour éviter une situation inconvenante. Elle écrasa son mégot sur la balustrade de pierre, souffla un bref merci et s’éloigna à grands pas de l’inconnu.
A la hâte, elle parcourut le couloir, entra dans la salle et retourna s’asseoir près de Théophraste. Là, seulement, elle s’autorisa à respirer.
Elle prit sa tablette et se concentra de tout son être sur le sujet de la conférence pour chasser au plus vite la drôle de sensation qu’elle avait éprouvée.

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