Ruban
Tous les gardiens avaient été relevés de leur garde au son des trompettes. Certains s’étaient évanouis. Depuis que le blocus ne permettait plus un ravitaillement régulier, le peuple était sous-alimenté et il n’était pas rare de voir des enfants courir après les chats et les chiens – c’était plus facile à attraper – pour les égorger et les dévorer.
Un décret obligeait les gens sans handicap à se nouer un ruban autour du cou. Ces personnes savaient alors indubitablement qu’elles étaient les prochaines cibles prioritaires. Certains cherchaient à s’échapper. Soit ils étaient tués, soit ils disparaissaient complètement et on ne les revoyait plus jamais.
Le coma, la perte de connaissance, était devenu un état dans l’Etat.
Les hôpitaux n’existaient plus, les gens savaient par eux-mêmes comment échapper aux maladies. Les virus étaient apprivoisés et chaque personne avaient une connaissance approfondie des flux énergétiques, des connexions entre les chakras et de la maîtrise du mental ainsi que d’un recul suffisant pour ne pas se laisser entraîner par leurs émotions.
Le modèle précédent qui admettait de soumettre la nature et les planètes aux besoins et aux désirs des humains avait périclité de lui-même. Les priorités imposaient un sacrifice inéluctable pour chaque nouvelle incarnation. De nouvelles lois permettaient aux citoyens de s’abandonner pour servir la communauté, quitte à livrer leur vie.
Le ruban symbolisait l’appartenance au système communautaire. Les individus qui en étaient démunis, en étaient pourchassés, bannis de la Machine : coupable d'inefficacité.
Annotations