Chapitre 6

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Dans l'habitacle de la voiture, l'ambiance était silencieuse et oppressante. Le regard de Jacob était fixé sur la route devant lui, mais je sentais qu'il aurait voulu m'observer pour comprendre mes pensées que je devais avoir sur lui. A vrai dire, mon esprit était loin de tout ce que je venais d'apprendre en une seule soirée. J'avais laissé une famille unie, belle et forte. Je la retrouve divisée, affreuse et faible.

Comme moi.

A l'époque, j'étais colérique, horrible et dangereuse. Maintenant, je suis calme, sympathique et sûr de moi, et de mes pouvoirs. Un bruit de ruisseau déchira le silence, me faisant tourner vers mon père.

- Papa, arrête toi là.

La voiture se stoppa en douceur, et quand elle se trouva à l'arrêt, je détachai ma ceinture de sécurité. Je me penchai vers lui et lui fit un baiser sur la joue.

- Je rentre à la maison, promis.

Il hocha la tête, toujours les yeux fixant devant lui. J'ouvris la portière et descendis pour me figer quand il pris la parole.

- Fais attention à toi, ma fille.

Je me tournais vers lui pour lui offrir un sourire rassurant.

- Je suis dans la forêt, papa. Ne t'inquiètes pas !

Je m'éloignais après avoir fermer la portière, et j'observai un court instant, les phares disparaître dans la noirceur. J'étais à la frontière du territoire de la meute, mais comme dit aux autres, la forêt était mon territoire . Elle m'appelait de toute son âme. Je retira mes escarpins pour soulager mes pieds, et à la fois pour ressentir ma magie retrouver la nature.

Les brins d'herbes se faufilèrent entre mes doigts, les enlaçant presque amoureusement. Ma magie me donna un frisson quand elle pulsa en direction du sol, en douceur comme un amant retrouvant la peau nue de sa bien-aimée.

Après cette minute d'égarement, je pris la direction que me guida ma magie, longeant le ruisseau à ma droite. J'arrivais dans une clairière familière, avec une souche de tronc d'arbre d'un chêne noir. C'était la source de ma magie. Elle pulsait à chacun de mes pas vers elle.

« - J'ai peur, Dimitri.

Le reniflement hautain de mon professeur m'avait aux débuts, agacée, mais avec le temps c'était juste un tic qu'il avait quand je disais une ânerie.

- Elle te reconnaîtra et tu pourras enfin être toi-même. Même que tu pourras faire appel à ton fichu familier.

Cette fois-ci, c'est moi qui renifla.

- Et s'il vient pas au bout de la troisième fois ?

- Tu seras juste une cause perdue. (Il me montra du doigt.) Tu as pas intérêt à te louper, gamine. »

Je m'asseyais sur la souche, et je fermais les yeux. Ma magie fusionna avec la source de magie dans une danse sensuelle et lumineuse. Mon corps était devenue un arbre. Mes pieds s'enracina dans la terre, mon corps se recouvrit d'écorce, mes cheveux devinrent des branches fortes. La forêt était grande, mais je ressentis tous les arbres, les animaux et les êtres surnaturels m'entourant. Bons comme mauvais.

J'ouvris les yeux, et tourna ma tête vers ma gauche pour voir un groupe de bosquets qui frémir des mouvements souples et silencieux de la silhouette féline qui était tapi, prête à me bondir dessus.

- Si j'étais toi, je partirais avant qu'il arrive.

Ma voix était différente, elle me paraissait résonné en moi et autour de moi, comme un écho étrange. Elle était plus calme, et dure.

Elle ne m'écoutait pas et bondit dans la clairière en feulant dans ma direction. C'était un lynx femelle au pelage grise avec une tâche clair sur la tête. Ses yeux violets brillèrent dans la nuit d'un éclat de haine. Elle tourna autour de moi, attendant le bon moment pour m'attaquer.

Dans mon état normal, je l'aurais déjà immobilisés, mais je savais qu'il allait arriver à temps. Arrivée derrière moi, pensant que je la verrais plus, elle se prépara à bondir à la gorge, mais une masse éblouissante et souple lui tomba sur le dos. Un rugissement puissant retentit dans la clairière, me donnant des frissons, et je me tourna pour observer la scène. Un tigre blanc aux yeux d'un rouge rubis fixait une jeune femme, demi-transformé, apeuré.

- Tu ne comprends pas ! Elle devait payer l'affront de m'avoir ridiculisé ! Bafouilla-t-elle, avant de se taire quand la gueule de son Alpha s'approcha de sa gorge, qu'elle montrait en signe de soumission.

Le regard sanglant se tourna vers moi, attendant un signal. J'écarquillai les yeux, et me releva brusquement me donnant le tournis.

- Vous plaisantez, j'espère ? Vous attendez quand même pas que je vous donne le droit de la tuer !

Le tigre s'écarta de sa lambda en soupirant, la jeune femme que je reconnus être la motarde, vu devant le bar un peu plus tôt, se relevant lentement.

Son alpha grogna, en s'écartant d'elle, comme si elle était répugnante. Des larmes apparurent aux coins de ses yeux, je me retenais de sourire quand elle se leva tout en gardant un visuel sur le tigre et moi. Elle redevins une vraie femme quand elle se retrouva sur ses deux jambes, et courut vers les profondeurs de la forêt.

Un bruit de craquement d'os et de chair, me dégoûta quand je me tourna vers le tigre devenu un homme aussi nu qu'Adam. Mes joues chauffèrent quand mon regard descendit en dessous des hanches de l'homme qui me faisait maintenant face, que je releva dans la seconde suivante pour croiser ses yeux emplis de malice.

Il était toujours blond avec des mèches blanches dût à son origine, et ses yeux étaient redevenus d'un bleu roi, qui le définissait bien. Il était moins grand que Jamal ou Emmett, mais il en avait rien à envier de leur musculature.

- Pardonnez moi, ma tenue devant vous, sorcière. Rit-il. Ou puis- je vous appelez par votre prénom et vous tutoyez.

Un mouvement agile attira mon regard, et je remarqua qu'il avait gardé sa queue féline, et ses oreilles rondes qui s'agitèrent vers moi, attendant ma réponse.

- Pourquoi m'avoir demander l'autorisation ?

Il soupira en croisant les bras sur son torse.

- Je respecte les territoires de mes pairs. Un peu plus tôt, vous avez affirmé que la forêt était votre territoire, non ? (Je hochais la tête.) Donc je me dois de respecter les lois et les individus vivant en ces lieux.

Je plissa les yeux, suspicieuse.

- Vous semblez bien trop amical pour quelqu'un qui a enlevé et torturé, l'un de mes frères.

Sa mine devint plus sombre.

- Mon lieutenant a pris la directive de faire ces actes immondes sans mon consentement. Grogna-t-il. Il a été puni d'avoir pas prit le temps de me contacter avant d'agir.

- Quelle punition ?

- La mort.

Sa voix était neutre et son visage était redevenu plus détendu. Il n'y avait aucune once de tristesse ou de culpabilité. Ou alors il cachait parfaitement ses sentiments .

- Et le duel avec mon p ... (J'allais dire père, mais je me ravisais.) Alpha. Vous avez gagné, n'est-ce pas ? (Il hocha à peine la tête.) Pourquoi vous ne revendiquez pas son territoire ?

Il se passa la main sur son visage, l'air affligé.

- Je ne voulais pas faire ce duel, mais votre père a insisté. (Je me tendis.) Puis, j'ai proposé un autre pacte avec lui.

- Qui est ?

C'est une voix familière qui interrompit l'Alpha, qui se tourna vers l'homme qui s'avançait vers nous.

- Bonsoir, je vois que je suis pas seul à me balader dans les bois, la nuit.

Bo s'arrêta à ma gauche, et posa nonchalamment son bras autour de mes épaules. Les deux hommes se fixèrent avant que le félin-garou se retourna vers moi, avec un léger sourire.

- Je vous souhaite une bonne soirée, sorcière noire.

- Vous ...Toi aussi, et c'est Élisabeth.

Les yeux du blond s'illuminèrent de joie.

- Félix. Bonne nuit, Élisabeth.

Il s'inclina devant Bo, et pris la même direction que sa lambda, un peu plus tôt.

- Tu crois qu'il miaule comme le chat de la publicité quand il a faim ?

J'éclatai de rire, en pensant à la même remarque.

Bodford alias Bo, pour la meute était loin d'être un comique, mais sa passion était sortir des sarcasmes à foison. Même Jacob trouvait que parfois, il allait trop loin.

Je me tourna vers lui pour l'observer et il n'avait pas changé. Il avait toujours ses cheveux mi-longs ébouriffé, tombant devant son visage faussement angélique et gentil. Ses beaux yeux bleus clairs était parsemés de rouge, et la marque de son passé était toujours là, sous son œil droit et prenant toute sa joue. Bo ne disait rien sur son passé, mais sur cette marque, il racontait toujours des histoires toutes différentes, d'allant à la plus triste à la plus drôle. On savait juste qu'il avait perdu son honneur, ce jour précis.

- Je suis toujours aussi beau, tu sais.

Je levai les yeux au ciel.

- Et pourquoi ?

- Parce que c'est mon prénom.

Je secoua la tête, mi-désespérée et mi-amusée.

- Tu es toujours bien conservé pour un mort-vivant, c'est vrai.

- Vampire, ma belle. Sinon je t'étripes avant de rentrer et je cache ton cadavre dans le lit de l'autre chaton blanc.

Je leva un sourcil, étonnée.

- Pourquoi son lit ? Je le connais que de ce soir.

Bo me lança son sourire énigmatique, qui me fit soupirer en sachant qu'il allait me rien dire. C'était une vraie langue de bois quand il était question d'informations sur la meute. Il était le contraire de Thomas.

- Je suppose que tu vas rien me raconter des quatre années qui sont passés pour toi.

Ses yeux brillèrent de malice, je grogna le faisant ricaner.

- Parfois, certaines vérités ont besoin de temps avant d'être entendu. Tu ne crois pas ?

J'aurais pu lui répondre que c'était faux, mais après ce soir, j'avais besoin de souffler loin de dangereuses et dérangeantes révélations. Je hochais la tête, le faisant grandir son sourire.

- Rentrons.

Je le suivis, en écoutant la forêt chuchotait à mes oreilles des chants qui commença à m'endormir ou était ce la voix basse de Bo qui murmurait des paroles étranges à mon oreille. Je sommeillait le temps d'aller au manoir. Je regardais à peine l'intérieur, et suivit la silhouette fine de Bo montant les escaliers, et puis me diriger vers ma chambre. Je me déshabilla, et me glissa sous la couette, en remarquant à peine que ma fenêtre de ma chambre était ouverte près de mon lit.

Je ferma les yeux et m'endormit, enfin presque.

Un mouvement fluide dans ma chambre me fit me redresser dans mon lit, ou sur ma souche d'arbre. J'étais de retour dans la forêt, j'avais l'impression que c'était un rêve et à la fois que je me tromper sur la vérité. Étais-je vraiment endormi ?

- Tu es enfin réveillée ! Fit une voix douce.

Je tourna sur moi-même, et me figea quand une immense forme sombre et sans véritable apparence se pencha vers moi avec ses yeux d'un vert puissant. Un frisson d'horreur me parcouru, et la créature dût le ressentir car il s'écarta de moi lentement.

- Qui es-tu ?

- Tu m'as appelé.

Mon cœur se calma de sa peur, pour battre de façon joyeuse. Il était enfin là, face à moi. Dimitri m'avait expliqué que la rencontre de son familier était un moment important et précieux pour un sorcier. C'était un lien indestructible que par la mort du sorcier, et cela tuait le familier peu de temps après.

- Oui, je t'ai appelé. Tu veux être mon familier ?

La créature cligna des yeux, et je fis de même par mimétisme. Elle avait disparu. Je me tendis brusquement quand je sentis des pattes crochues me monter le long de ma jambe droite, puis mon dos, et ensuite arriver sur mon épaule droite. La créature couina, et je souris en sentant le lien se créer quand je la caressa sans crainte.

- Quel est mon nom ?

- Merlin.

Son long museau vient caresser ma joue, il accepté son nom et son lien avec moi. Je referma mes yeux, et m'endormis paisiblement sans penser au lendemain.

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