Chapitre 9
Le bureau privé de Jacob était au deuxième étage comme sa chambre, il avait l'étage pour lui tout seul. Quand j'étais gamine, je voulais pareil, pour rester seule loin des autres, loin de mes pouvoirs incontrôlables. Maintenant, je trouvais cela triste de rester seul dans son coin, même si c'était au plus haut pour montrer son statut d'Alpha. Il y avait des portraits de famille accroché sur les murs, mais elle ne représentait plus l'essence de la meute, c'était le passé.
La porte du bureau était en bois sombre, et striait de griffures profondes dans le bois, comme si un monstre avait essayait de gratter à la porte.
- Sois tu frappes, sois tu rentres directement, non ? Fit la voix de Jacob, derrière moi.
Je sursautais pour me tourner vers lui, il sentait le tabac fort venant sûrement d'un cigare et un léger parfum ambré du Whisky qu'il avait dû boire en accompagnement. Il avait le journal d'aujourd'hui dans sa main, il me fit signe de son autre main de rentrer, et j'ouvris la porte pour sourire en voyant que la pièce était identique à mes souvenirs.
Une immense bibliothèque remplit de livres anciens, la plupart écrit en grec que Jacob adorait lire comme le latin. Un petit coup d'œil vers le bas du meuble pour voir les trois seuls livres qui sortaient du lot. Des livres pour enfants étaient posés nonchalamment à la bonne hauteur. Je me souvenais des soirées, où je venais me glisser dans le bureau pour lire l'un d'eux ou de sauter sur les genoux de Jacob qui s'occupait de la comptabilité du bar.
Je m'avançais vers le bureau qui était en bois de chêne sombre, et où de nombreux papiers étaient éparpillés avec crayons et stylos.
Une paire de lunettes en forme carré étaient posés sur un tas de feuilles noircis de nombres, et un bâton d'encens embaumait la pièce d'un parfum boisé.
Il s'asseyait dans son fauteuil en cuir sombre, et je suivis son exemple en m'asseyant en face lui, dans une chaise loin d'être aussi confortable que son fauteuil.
- Emmett ne t'as pas raté à ce que je vois. Commença-t-il, en croisant ses bras sur son torse. Pourquoi tu n'as pas riposter ?
Je soupirais en détournant le regard pour rencontrer mon reflet dans la seule fenêtre de la pièce, j'avais un œil violet et l'autre commencé à devenir un vert-jaunâtre. Mon nez ne semblait être plus cassé car je respirait normalement, mais une balafre orné mon arc sourcilier gauche. Ma magie me soignait lentement comparé celle des métamorphes qui étaient plus rapide, il me fallait encore quelques heures avant que je retrouve mon visage sans séquelles.
- Et toi pourquoi n'avoir pas intervenu pour contrôler ton lieutenant ? Relançais-je, septique.
- Je ne suis plus son Alpha.
La phrase n'avait pas été dites froidement, mais d'un calme choquant, qui me donna mal au cœur. Jane avait donc raison.
- Pourtant tu as encore les yeux de ton rang, non ?
En réponse, Jacob fit briller ses yeux d'un doux rouge. Il était presque inexistant, il survivait parce que des membres dans la meute avait encore foi en lui, et j'en faisais parti.
J'avais un vieux loup face à moi, mon Alpha puissant et protecteur n'était plus.
- Je reste ton père, ma petite Ely.
L'émotion monta en moi, et embuèrent mes yeux faisant grimacer Jacob. Un museau fin vient se coller à ma gorge, et calma un peu ma tristesse. Je remercia Merlin dans ma tête, avec la sensation qu'elle m'avait entendu.
- Qui crois encore en toi ? Demandais-je après m'être calmée.
Il s'enfonça plus dans son fauteuil, et regarda le plafond, d'un air songeur avant de replonger son regard dans le mien.
- Il doit rester plus que Bo et ... toi, ma chérie.
- Si peu.
- Emmett est le plus virulent et le premier à se montrer irrespectueux envers moi et mes ordres. Soupira-t-il, déçu. Jane m'ignore royalement. Jamal considère que la meute est responsable et ne croit plus en personne. Thomas suit aveuglément Jane comme un nourrisson accrochait à sa mère. Bo est le confident précieux ces derniers temps, et ... plus infinité.
L'émotion était grandissante en écoutant Jacob, mais un petit sourire s'afficha quand j'entendis que Bo était devenu l'amant de mon père. Ce dernier ne s'était jamais caché qu'il était à voile et à vapeur, même si j'avais toujours l'espoir qu'il me ramène une jolie maman, quand j'étais enfant. Puis Jane a fait ce rôle malgré elle, alors qu'il n'y avait qu'une dizaine années qui nous sépare.
- Je suis heureuse pour Bo et toi, papa. (Il eut un léger sourire quand je prononça le prénom de son compagnon.) Mais quand tu perdras ton rôle, Emmett pourra te tuer pour obtenir ton statut et prendre ta place. C'est une main gauche, un tueur. Il n'est pas un leader. Affirmais-je, en me levant de ma chaise.
- J'ai besoin que tu trouves le bon Alpha qui prendra soin de toi, déclara mon père, calmement.
- Tu voulais dire pour la meute ? Demandais-je intrigué par ses propos.
- Je ne fais pas d'illusion, Ely. La meute est brisée et ne sera jamais reformé. C'est un fait.
Mon cœur se serra douloureusement dans ma poitrine. C'était un cauchemar.
- Je pourrais la réunifier et la reformer plus forte avec de nouveaux membres, non ?
Jacob secoua la tête négativement face à mon idée farfelue.
- Je suis heureux que tu sois à la maison. (Une larme coula sur ma joue.) Je voulais te revoir avant mon ... notre départ de la maison.
Je me tourna brusquement vers lui, envahit par la peur et la surprise de son aveu.
- Tu veux quitter la maison, la meute ? Tu ne peux pas faire ça ! M'écriais-je, épouvantée. Je ne le permettrais pas !
- Tu t'énerves ... Grogna-t-il d'une voix basse.
Le bureau et la bibliothèque tremblèrent, mais le sol était secoué de vibrations venant de ma magie. Le ciel s'était noircis par des nuages plus menaçants, le tonnerre gronda non loin. Elle bouillonnait autour de moi, de colère, de tristesse et de peur. Un trop plein d'émotion pour elle et moi. Soudainement, la foudre s'abattit dans le jardin, et la terre répondit en craquant. Je fermais les yeux, et un couinement calma mes ardeurs. La maison cessa de trembler quand on frappa à la porte du bureau. Je m'accoudais à la fenêtre en fixant mes pieds, quand mon père invita la personne à entrer.
- Jacob, tu as de la visite. Fit la voix contrarié de Jane. (Je levais le regard pour la voir tendu et évitant de regarder dans ma direction.) Je penserais jamais que tu aurais le culot de faire venir cette personne dans notre maison.
Jacob resta lui-même, il montra ses yeux rubis, qui fit sortir Jane avec la tête haute et les yeux noirs.
- Merci, ma chère. Fit la voix de Félix avant de rentrer et de fermer la porte derrière lui.
Je lançais un regard abasourdi à mon père, qui eut un petit sourire en coin.
Un éclair zébra le ciel et éclaira le bureau, qui retomba dans la petite pénombre. Félix portait une veste de motard légère noire, et un jean bleu usés aux genoux et une paire de bottes boueuse. Il tenait son casque de moto dans une main, avec une paire de gants en cuir. Il dégageait une assurance et une présence puissante qui calma mes humeurs. Un rayon de soleil perça les nuages et illumina la pièce.
- Bonjour Jacob ... Élisabeth.
- Bonjour Félix. Répondis-je à voix basse.
- J'ai ce que tu m'as demandé, Jacob ! Lança-t-il en s'arrêtant devant le bureau. (Il sortit une chemise en papier de sous sa veste, et son pantalon.) C'était compliqué, mais j'ai mes liaisons dans la police.
Il lança le porte-document sur le bureau, faisant sortir deux feuilles avec le tampon de la police dessus. Je me tourna étonnée vers le tigre-garou qui me fit un clin d'œil, avant de se retourner vers mon père, qui était déjà en train de lire les documents.
- On peut m'expliquer ce qui se passe ? Demandais-je, en m'avançant vers eux.
- Je vais te l'expliqué. Commença Félix après avoir reçu l'accord de Jacob, d'un signe de tête. Ton père m'a enfin demandé un service. (Jacob roula des yeux.) Je suis allé chercher plus de renseignements sur le petit jeune qui est décédé derrière le Lucky Trombone.
- Et donc ?
- Il s'appelait Maxence Beauregard, c'était un Aves. (Je fronçais les sourcils.) Oiseau-garou si tu préfères. Il était un Oméga en voyant les multitudes cicatrices qu'il avait sur le corps.
- Un Oméga oppressé et torturé par son clan qui a voulu en finir, tu penses ?
- Possible. Mais il y a quelque chose qui cloche ...
- Qu'est ce qui t'intrigue, Félix ? Demanda Jacob en relevant les yeux des photos du corps du jeune homme.
- Regarde ses poignets. Dit-il en désignant une photo avec en gros plan, l'un des deux poignets avec la marque taillait dans la chair. Cette rose est une signature de chasse.
- Il s'est suicidé, pas fait tué.
- Sauf si on l'a obligé à le faire.
Les chasseurs étaient les fléaux pour les meutes, selon les familles parfois, ils pouvaient détruire toute une meute en à peine une heure. Mais il y avait de la concurrence entre elles, car souvent il y avait de l'argent soit pour capturer ou pour tuer l'un d'entre nous. Pour montrer leur passage et leur suffisance, il marquait leur proie après ou avant leur traque. C'était un jeu pour eux.
- Ce serait un nouveau jeu pour eux. Soupirais-je, entre mes dents.
La maison vibra légèrement. Félix se tourna vers moi, m'observant de haut en bas, sans peur, ni dégoût.
- Énervé ? Me demanda-t-il, calmement.
- Je lui ait confier une partie de mon plan ...
Sa bouche prit une forme de « O ».
- Je vois.
Mes yeux se plissèrent envers Félix, qui leva ses mains, d'un signe de paix.
- Tu étais au courant ? Comment ça ? Demandais-je, suspicieuse de cette étrange amitié entre mon père et l'autre Alpha.
- Je te l'ai déjà dit. Je ne suis pas votre ennemi.
- Ta meute, en revanche, si.
Félix soupira, légèrement gêné.
- Je suis désolé pour l'attitude de certains membres de ma meute. Dit-il. J'ai réglé le problème comme pour mon lieutenant.
Je me tendis brusquement à ses paroles. Il avait toujours son visage si détendu quand il disait ses mots, que cela me dérangeais. Mon père intervient en voyant sûrement mon attitude.
- C'est parfait. S'exclama-t-il, en se levant de son fauteuil. Tu vas pouvoir faire équipe avec lui et rencontrer l'Alpha de ce pauvre Maxence.
- Tu me laisses aller seule avec un homme que je connais à peine ... ?
- C'est un problème ? Intervint Félix, légèrement intrigué.
- Emmène quelqu'un avec toi, si ça te dérange tant d'aller seule avec Félix. Grommela mon père, en se rasseyant.
Félix eut un demi-sourire envers mon père, qui lui répondit par un sourire en coin. Il avait l'air tellement ami. Cela me faisait plaisir et à la fois, interloquée, pensant que mon père aurait voulu tuer quelqu'un qui était en lien avec la souffrance avec l'un de ses enfants. Pourtant devant le Lucky Trombone, il semblait gêné devant Félix, la première fois que je l'avais rencontré sur le parking. Je devais en savoir plus sur cette amitié étrange.
- Je vais emmené Thomas avec moi.
- Très bien. Déclara mon père. Va lui demander.
- D'accord. Dis-je, avant d'ouvrir la porte et de me caler contre le chambranle. Alors ça te tente, petit frère ?
La tête de Thomas apparut de derrière le mur, qui menait au couloir vers la chambre de Jacob, et le second escalier. Il avait les yeux brillant de malice et pétillant. Il hocha la tête positivement. Je me retourna vers le bureau de mon père et Félix.
- On se rejoins où ?
- L'Alpha vit dans la ville d'à côté. Il s'occuperait d'une salle de danse classique dans un vieux théâtre. On se rejoint là-bas, d'ici une heure. Me répondit Félix, avant de se tourner vers mon père. Au fait, comment as-tu trouvé le cigare et le whisky ?
Les yeux de mon père brillèrent de joie.
- Il étaient parfait. Aussi bon que les précédents que tu m'avais apporter. Merci encore Félix.
Félix hocha la tête et sortit du bureau, et descendit de l'escalier. J'attendis que le tigre-garou soit descendis jusqu'au rez-de-chaussée, et rentra dans le bureau avec les bras croisés, en fermant la porte derrière moi.
- Tu es vraiment ami avec un homme qui n'a pas pu empêché l'un des siens de torturer Jamal ?
Mon père soupira, lentement comme fatigué.
- Je suis las de me battre. (Il baissa les yeux sur ses mains.) J'ai préféré m'allier à lui, plutôt que de le combattre parce que je ne voulais pas ... vous perdre. Dit-il avec une voix faible et tremblante. Pourtant, je vous ai perdu quand même.
Jacob semblait si frêle et âgé. Je connaissais son véritable âge et il faisait toujours au moins une vingtaine d'années en moins, mais à cet instant, il avait l'air d'en avoir trente ans de plus.
La porte derrière moi s'ouvrit sans un bruit comme si un court en d'air froid l'avait ouverte, ce qui était le cas. La seconde suivante, Bo était à genoux à côté du fauteuil de mon père, il se tourna vers moi, les yeux brillant d'énervement et de tristesse.
- Cela suffit pour aujourd'hui. Ton père a besoin de repos.
Je hochais la tête silencieusement, et pris la direction de la porte quand la voix de Jacob avec des trémolos m'arrêta.
- Quand tu auras finis de te renseigner sur la vie de Maxence et, s'il était lié avec des chasseurs de quelque conque manière, tu pourrais venir au Lucky Trombone ?
- Bien sûr, papa. Dis-je sans me retourner de peur de voir les larmes couler sur les joues de Jacob.
Je sortis du bureau et je rencontra le regard mal-à-l'aise de Thomas, qui me suivit sans un mot jusqu'au garage.
OooOooO
Fin de la vérification et un peu de correction ! Je vais pouvoir vous publier les prochains chapitres. Je m'excuse d'avoir fait des erreurs sur cette histoire et je vais essayer de reprendre une écriture plus régulière et moins espacée.
Merci pour les j'aime et n'oubliez pas de laisser un petit mot pour me motiver au MAX !
Bisous ;)
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