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Située dans la baie de Naples, l’île de Capri offrait une vue époustouflante sur les falaises et les montagnes. Les paysages vallonnés, surplombant le port Marina Grande, baignaient de soleil. La mer était agitée, tandis que le centre-ville enchantait les touristes de ses ruelles animées, colorées par les bougainvilliers fuchsia et envoûtées par les effluves des lauriers roses.

Mais dans le quartier d’Anacapri, à l’atmosphère plus bucolique, se jouait une scène moins idyllique. Dans une maison isolée, loin du tumulte de la ville, Galdino Baldini, un homme d’une trentaine d’années, grand, svelte, aux yeux recouverts d’une toile glaireuse, gisait au sol. À l'endroit où la cuisine américaine rejoignait le salon, une auréole de sang ceignait son crâne défoncé. Son épaisse chevelure noire se mêlait à la substance pourpre et poisseuse. Le corps était encore tiède ; pourtant, le doute n'était pas permis : il avait rendu son dernier soupir.

Leonzio Pacciani, de la même tranche d’âge, au style tout droit sorti de l’émission de télé-réalité Riccanza, s'agenouilla devant le liquide visqueux qui s'échappait des affreuses blessures suintantes de la victime. Dans sa main droite, Leonzio serrait son téléphone, avec lequel il avait composé le numéro d'urgence, et dans la gauche, un lourd objet en verre barbouillé de rouge.

Il était toujours dans cette position, tremblant et blafard, quand les secours franchirent précipitamment la porte d'entrée. Les urgentistes constatèrent aussitôt qu'il n'y avait plus rien à faire pour l'homme étendu au sol, aux yeux vitreux et à la tête fracassée. Ils se tournèrent vers Leonzio.

— Êtes-vous blessé ? s'enquirent-ils. Que s'est-il passé ? Quand êtes-vous arrivé sur les lieux ? Avez-vous vu ou entendu quoi que ce soit ? Y avait-il quelqu'un d'autre dans la maison ?

Leonzio secouait la tête sans répondre, incapable de prononcer le moindre mot, incapable de comprendre la situation.

Les urgentistes lui parlaient avec douceur. L'un d'eux l'aida à se relever et lui prit délicatement de la main l'objet en verre. En le glissant dans un sachet transparent, l'homme vit une inscription à la base : Galdino Baldini, Premier prix du documentaire, 2023.

— Est-ce que c'est lui ? demanda-t-il à Leonzio. Cet homme, c'est Galdino Baldini ?

Leonzio acquiesça.

— Que pouvez-vous nous dire à son sujet ? Comment le connaissez-vous ?

Alors, enfin, Leonzio prit la parole.

— Je n'ai jamais voulu lui faire de mal, balbutia-t-il en claquant des dents. Je n'aurais même pas pu... C'est mon meilleur ami. Mon frère.

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