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D'aussi loin que Salvina se souvienne, ils avaient toujours été trois : Galdino, Leonzio et elle.

Elle les avait rencontrés au collège, dans le beau quartier de bord de mer, Chiaia, de Naples.

Alors qu'elle venait d'avoir onze ans, Salvina avait emménagé dans ce quartier avec sa famille afin de se rapprocher de l'hôpital où sa petite sœur, Georgina, était prise en charge pour un cancer pédiatrique particulièrement rare. Quand Salvina repensait à cette période, le premier mot qui lui venait à l'esprit était « abandon ». Rongés par l'angoisse et accaparés par Georgina, qui absorbait tout leur amour telle une éponge, ses parents étaient perpétuellement absents.

Pour compenser la fragilité de sa petite sœur, Salvina avait dû se montrer forte, courageuse. Elle avait dû apprendre à se débrouiller seule.

Elle avait refoulé ce sentiment d'abandon au plus profond d'elle et s'était attelée à mener sa petite vie. Elle se rendait à l'école à vélo. Elle se préparait à manger le soir. Et parfois, si ses parents n'étaient pas rentrés, elle allait sagement se coucher à une heure raisonnable.

À douze ans, elle était entrée dans un collège privé. Comparée aux autres élèves, Salvina semblait déjà adulte : elle était réfléchie, calme et appliquée. Cependant, les filles de sa classe ne la trouvaient ni déterminée ni indépendante.

Elles ne voyaient en elle qu'une ado ennuyeuse et coincée, dont il était facile de se moquer. Plus elles la tournaient en dérision, plus Salvina les tenait à distance et les méprisait. Tout ce que méritaient ces idiotes sans cervelle, selon elle. Si bien qu'elle se retrouva rapidement aussi seule à l'école que chez elle.

Et puis un jour du dernier trimestre, alors qu'elle rentrait chez elle à vélo, sa roue dérapa sur du gravier en bas de la descente de la colline, et elle fit une lourde chute.

Elle était assise par terre, à retirer des petits cailloux de son genou écorché, quand deux garçons à bicyclette apparurent en haut de la côte et la rejoignirent en pédalant à toute vitesse. Elle les reconnut : ils étaient dans la classe au-dessus de la sienne, deux grands aux cheveux noirs que les autres élèves semblaient éviter. Ils descendirent de leur vélo et le plus grand des deux lui tendit la main.

— Ça va aller ? demanda-t-il.

Il avait un sourire en coin et une profonde fossette sur la joue droite. C'était le plus beau garçon que Salvina eût jamais vu. Elle lui prit le bras, il la releva sans effort.

— Je m'appelle Leonzio, ajouta-t-il.

L'autre garçon, qui s'était agenouillé pour examiner le pneu de Salvina, se présenta d'un murmure.

— Et moi, Galdino.

Ce fut immédiat, le coup de foudre, le cœur qui manque un battement. Salvina sut instantanément que c'était l'homme de sa vie. À partir de ce jour, ils furent trois. Inséparables.

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