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Ce matin-là, le soleil s'était à peine levé au-dessus de la mer que le lit de Salvina était déjà jonché de papiers divers, de cartes et de photographies. Il y avait là des souvenirs de son enfance et de son adolescence qu'elle avait sortis des boîtes à chaussures exhumées du placard de la chambre. Entre ses doigts, elle tenait à cet instant la plus ancienne photo qu'elle avait pu trouver d'elle en compagnie de Galdino et de Leonzio. Les trois jeunes ados se tenaient à califourchon sur leurs vélos dans l'allée devant chez les parents de Galdino, en short et tee-shirt, les yeux plissés à cause du soleil aveuglant. Ils devaient avoir treize ans.

En examinant le cliché, Salvina se sentit déborder d'amour pour ses deux amis, et écrasée par le chagrin qui était venu éteindre cette flamme. Peut-être pour la centième fois de la matinée, elle consulta son téléphone pour voir si elle avait reçu d'autres messages. Fiorella n'avait toujours pas répondu aux sms qu'elle lui avait écrits quelques heures plus tôt, dans la nuit, lui demandant de l'appeler au plus vite.

Elle en profita pour regarder l'heure. Est-ce qu'il était encore trop tôt pour téléphoner à Viviana Ferretti ? Elle devait lui dire que Leonzio était innocent, et qu'elle en avait la preuve. Cette histoire était une confession !

Bien sûr, à cause des fuites dans la presse, certains détails du meurtre étaient connus du public, et la personne qui avait écrit ce feuilleton pouvait être un ancien locataire Airbnb, ou un des acheteurs potentiels de la maison. Sauf que ce n'étaient ni les similitudes du crime, ni la description des lieux qui confirmaient l'authenticité de ces aveux, mais la première partie du récit.

Car, lorsqu’ils étaient adolescents, il y avait bien eu une fête. Et il y avait bien eu une fille, une brune avec des gros seins et une réputation douteuse. Alors que cette fille était déjà passée sous les trois quarts des garçons de leur classe, à Salvina et elle, elle avait jeté son dévolu sur Leonzio et s'était mise à le suivre partout en battant des cils. Salvina ne pouvait pas la voir en peinture. La fille était venue à la soirée. Elle avait flirté sans vergogne avec Leonzio. Et après ça, elle était allée inventer que Leonzio et Galdino l'avaient emmenée dans une chambre, qu'ils avaient abusé d'elle et qu'ils l'avaient prise en photo.

Le lundi suivant, quand Salvina avait été convoquée dans le bureau du principal à la pause déjeuner pour donner sa version des événements, elle avait raconté un petit mensonge. Elle avait affirmé qu'elle était restée avec les garçons toute la soirée. Ce n'était pas la vérité, mais c'était tout comme. Leonzio n'avait pas besoin d'abuser de qui que ce soit, toutes les filles se jetaient à son cou ! Quant à Galdino, il n'avait d'yeux que pour Salvina. Bref, ils étaient innocents.

Quelques semaines après cet épisode, l'allumeuse en question avait quitté le collège, et personne n'avait plus entendu parler d'elle. Salvina n'y avait plus jamais repensé.

À présent, elle avait beau fouiller minutieusement dans les papiers, clichés et autres reliques de sa scolarité, elle ne parvenait pas à mettre la main sur une photo de cette fille, ni à trouver la moindre mention d'elle dans le journal de l'école. Et en dépit de ses efforts, elle n'arrivait pas à se souvenir de son prénom.

Cependant, elle connaissait quelqu'un qui n'avait pas pu l'oublier. Leonzio.

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