18 - La course pour Azéna
26e jour de la saison du soleil 2448
C'était maintenant le soir venu et Arièlla taquinait Azéna à chaque opportunité possible depuis une longue heure. Les yeux vrillés dans les livres, Fayne tentait de les ignorer en continuant sa recherche. Serfantor ne faisait qu'essayer de l'aider, mais les conversations bruyantes des deux demies-elfes s'avéraient très distrayantes. Elles étaient indifférentes du reste de leur entourage. Plusieurs apprentis qui tentaient de terminer leurs travaux finirent par se plaindre et la gardienne ne les laissa même pas terminé et se rua vers la table du groupe d'amis.
- Il suffit! hurla la voix demi-rêveuse demi-enragée du sortilège en charge de la bibliothèque. Tous dehors!
Tous, mêmes les dénonciateurs se figèrent. Arièlla leva les bras, libérant la tête d'Azéna qu'elle avait immobilisé dans un duel amical, cédant. Azéna perdit l'équilibre, se releva et s'apprêta à lancer une nouvelle attaque quand elle remarqua Fayne dans l'arrière-plan qui lui faisait signe d'arrêter. Elle leva les yeux. Un visage translucide flottait au-dessus d'elle.
- Allez, continua la gardienne. Vous avez tous droits à un avertissement. Je n'en donne pas deux!
- Quoi? s'étonna Azéna. Je n'ai pas eus d'avertissement moi l'an passé.
- Les règlements changent, siffla la gardienne entre ses dents. Maintenant, dehors.
Azéna eut un sursaut face à sa véhémence.
Serfantor fut le premier à se lever de sa chaise. Il détala le long des rangées d'étagères remplies de livres et passa devant un groupe d'apprentis anxieux qui le fixait. Azéna, Arièlla et Fayne le talonnèrent suivit de la gardienne qui s'assurait qu'ils se rendaient bien à la sortie.
- Arrête un peu, pouffa Arièlla.
Serfantor entendit un crissement léger comme des souliers qui glissaient sur le plancher. Il devina qu'Azéna et Arièlla se bousculaient toujours. Leur petit rire sot détendait l'atmosphère.
- Franchement, marmonna Fayne, vous êtes des véritables garçons manqués.
Lorsqu'elle aperçut le groupe d'apprentis quitter la bibliothèque, la gardienne croisa ses bras fantomatiques :
- Azéna, tu es toujours bannie. Les autres, revenez quand vous vous serez calmés. De toute façon, vous devriez tous aller au lit.
Elle fit demi-tour et disparut au travers des portes, laissant des ficelles translucides dans son sillage. Azéna tenta d'en toucher une, mais elle disparut à son contact.
- Je retournerai demain toute seule, déclara Fayne. Il doit bien y avoir d'autres informations.
- La tour des maîtres, dit Azéna, les yeux pétillants d'enthousiaste.
Les deux demi-elfes s'échangèrent un regard sournois.
- Roh, faites ce que vous voulez, dit Fayne avec un sourire. Je vais me coucher. Tu viens Azéna?
L'archère acquiesça et la suivit d'un pas énergétique. Serfantor ne prit pas la peine de souhaiter bonne nuit aux jeunes femmes. Il se décida de partir de son côté, mais il remarqua Arièlla qui restait était restée immobile.
- Ça va? demanda-t-il pour être poli.
Il était incertain de comment réagir à la blonde. D'ailleurs, il n'était pas très doué dans l'aspect social en général.
- Je voulais tout simplement te souhaiter bonne nuit, expliqua-t-elle. Azéna et Fayne sont un peu irrespectueuses en ce moment. Après tout, tu nous as beaucoup aider dans nos recherches.
Serfantor leva un sourcil. Il se questionnait sur le motif d'Arièlla. Elle aurait pu tout simplement déguerpir avec ses amies. D'ailleurs celles-ci commençaient à se faire petite au loin dans le couloir pauvrement éclaircit.
- Ce n'est rien, dit-il en s'efforçant de sourire légèrement pour paraitre amical. Après tout, je le devais bien à Azéna après tout le mal que je lui ais causé l'an passé.
Arièlla hocha de la tête, le regard sincère et bienveillant.
- Tu as un bon cœur dans le fond. À plus tard.
Elle tourna les talons et adopta une cadence rapide en espérant rattraper les deux autres jeunes femmes.
- Hé ! cria-t-elle. Attendez-moi !
Serfantor se retrouva seul avec ses pensées. Durant le trajet à la tour des troisièmes années, il rejoua les scènes de la journée dans son esprit à multiples reprises. Une image de Nymia en train d'embrasser son amoureux avec fougue ne faisait que refaire surface. À chaque fois, Serfantor sentit ses joues rougirent. Il n'en revenait pas. C'était pratiquement une impossibilité dans sa tête. Par contre, il devait admettre qu'Arièlla connaissait mieux ses parents que lui donc sa devait être vrai.
« Merde, se dit-il. Arrête se penser à ça. »
Nymia et Eldarytzan se transformèrent en lui et Merryn, la jeune elfe grise qu'il avait aidé à s'enfuir du royaume sombre de leur peuple. Elle était ravissante; son regard intelligent, ses pommettes hautes et sa main fragile qui vint se poser sur son torse. Sa tunique blanche disparut, impossibilité qui ne se produit que dans le fruit de l'imagination. Il laissa la situation poursuivre son cours pendant un moment. Il eut un frisson lorsque Merryn frôla lentement son doigt le long de son épaule.
Il ne vit pas le coin et la réalité du mur qui s'approchait le fit sursauter. Il s'arrêta net, profita de quelques instants de solitude pour se ressaisir et continua son chemin. Les hormones ne faisaient qu'une bouchée de lui. Il fallait que ça cesse s'il voulait se concentrer sur ce qu'il devait être fait. Pour se consoler, il se dit que c'était normal pour un homme de dix-sept ans. Est-ce Merryn allait bien? Où était-elle en ce moment? Est-ce qu'elle pensait à lui aussi? Serfantor espérait recevoir des nouvelles à son sujet bientôt, mais rien n'était garanti. Elle semblait être forte de toute façon. Elle se débrouillerait.
« D'ailleurs, Azéna a plus de qualités que je ne le pensais. »
La dragonnière prit place dans son esprit. Son sourire espiègle le défiait constamment. Elle voulait, malgré les risques entrer dans la Tour Mère pour trouver la vérité à propos d'une menace qui pourrait affecter les gens qui lui étaient chères. C'était bien plus qu'aucun elfe gris ne ferait, particulièrement pour des étrangers qui ne leur valaient rien. Il savait que son cœur était bon. Il ne le pensait que pour un nombre très limité de gens. Ainsi, il désirait la supporter à son tour, mais après les évènements de l'an passé, il savait qu'il allait devoir montrer ses preuves.
« Je crois que je devrais me rapprocher d'elle, se dit-il. Mais comment sans qu'elle ne soit suspicieuse? Qu'est-ce qui l'attirerait? »
Un frisson lui traversa l'épine quand il songea aux plans de sa mère.
« Il faudra que je sois discret. Azéna n'est pas reconnue pour être subtile non plus. Je ne pourrai pas tout lui révéler si je décide de me rebeller contre mère. »
Il grimpa l'escalier en colimaçon de la tour des apprentis de troisième cycle, entra dans sa chambre, ferma la lourde porte derrière lui. Ignorant la noirceur qui affectait peu sa vision, il laissa tomber ses affaires à côté de son lit simple et alluma les deux lanternes de chaque côté de la fenêtre à l'aide d'un briquet enchanté. Il soupira, tentant de laisser ses soucis de côté et s'accouda sur le rebord de sa fenêtre. Les deux flammes dansèrent paresseusement à la lueur de la lune, reflétant un doux reflet jaune sur les murs.
Il hésita sur sa décision. Il avait tellement de craintes par rapport à sa mère, même par rapport à son peuple tout entier. Les elfes gris sont manipulateurs et égoïstes. Il se questionna sur la sagesse de tourner le dos à ces vils êtres. C'était un pari risqué, très risqué. Il devait aussi assurer la sécurité de Shalith. Shalith... Il leva le regard.
Sa confiance lui revint lorsqu'il aperçut une ombre aux yeux gris fer qui scintillaient dans la nuit. Shalith était perchée sur une tour à proximité telle une protectrice invisible, toujours vigilante. Elle était d'une puissance inestimable. Une dragonne, fière et solide malgré ses faiblesses. Ils avaient déjà accompli beaucoup ensemble. Serfantor savait déjà qu'elle refuserait de s'abaisser à ce qui n'est pas juste.
« Autant bien traverser ces horreurs ensemble, se dit-il. Je trouverai un moyen de faire le bien dans cette situation délicate. Pour Shalith et Merryn. Oui. Azéna, je te proposerai de joindre mon équipe de skotar, comme tu le désires tant. »
Il sourit et, content de sa méditation sur sa décision, il s'enroula sous ses couvertures de laine et eut le rare cadeau de sombrer dans un sommeil paisible.
✦×✦
27e jour de la saison du soleil 2448
Le lendemain, Serfantor passa son dîner accompagné de la nouvelle capitaine de Coeurdoré Èrionda, une elfe sylvaine joviale que Serfantor connaissait assez bien, le capitaine de Criecarlate, un Dètmorien robuste à la tignasse en bataille, la capitaine de Vifargent, une elfe lunaire à la longue chevelure neige et au visage doux, ainsi que de Nymia. L'entraineuse ne leur laissa pas une seconde de répit; elle s'installa au bout de la grande table en bois, ignora son repas et tonna :
- La saison de skotar débute dans treize jours et vos équipes ne sont pas complètes. L'année est condensée comme vous le savez déjà, alors la période d'essai ne sera pas effectuée cette année. Alors, choisissiez bien.
Elle fit une pause en frappant la table d'un poing ferme. L'assiette de Serfantor trembla dangereusement. L'elfe gris s'empressa de l'empêcher de la stabiliser. Il ne put s'empêcher d'éviter le regard de Nymia par peur de rougir au souvenir des secrets de l'entraineuse. Nerveux, il prit une bouchée de ses patates pillées. Nymia remarqua son aversion et haussa le ton de sa voix :
- Écoutez-moi bien, nous devons redoubler d'efforts si nous voulons vaincre les équipes de l'académie d'Isriss... et les uns les autres. L'an passé était acceptable, quoi que ça puisse considérablement s'améliorer. Èrionda est la nouvelle capitaine de Coeurdoré; elle apportera le changement, pas vrai?
- Oui madame, répliqua Èrionda avec ferveur.
Pour une raison quelconque, Serfantor n'aimait pas sa première impression d'Èrionda en tant que capitaine. Elle lui donnait une impression de sbire aveugle. Elle souriait à tout ce que Nymia lançait, se levant presque sur la table, son visage et ses yeux vert forêt qui rayonnaient.
- Vous ne serez pas déçus de moi, ajouta-t-elle.
L'entraîneuse acquiesça :
- Serfantor, tu as des questions? Tu me parais distrait, quelque chose ne va pas?
Le prince devait avouer qu'Èrionda en tant que capitaine le rendait légèrement mal à l'aise.
- Non, Gardienne Nymia, répliqua-t-il avec le plus grand respect. J'ai besoin d'une nouvelle attaquante et je crois qu'Azéna Kindirah serait extrêmement performante. J'ai eu la chance de la côtoyer un peu l'an passé et hier.
Les trois autres capitaines l'observèrent, surpris du choix de l'elfe gris. Par contre, Èrionda retroussa légèrement sa lèvre supérieure, démontrant une irritation. Nymia leva les sourcils, apparemment également intriguée par son annonce.
- Continue. Exprime ton choix.
- Elle semble avoir beaucoup de passion dans ce qu'elle entreprend, expliqua-t-il.
- Soit, décida Nymia. J'approuve malgré que le choix soit le tien. Tu as ma bénédiction. C'est une demoiselle avec du feu dans le cœur, ça c'est certain.
Après la réunion, Èrionda rattrapa Serfantor dans le corridor. Avant qu'il ne puisse réagir, elle le plaqua contre le mur du fond. Entre deux torches allumées par le bien de la magie, il vit clairement la frustration dans le regard de l'elfe des bois.
- Qu'est-ce que tu fais?
- Azéna était mon choix, grogna-t-elle.
- Et comment connais-tu Azéna?
- Mon frère m'a beaucoup parlé d'elle durant les vacances.
- Qui est ton frère?
Èrionda hésita longuement avant de répliquer comme si elle ne désirait pas dévoiler cette information.
- Teriondil Murkwan.
Serfantor remarqua les traits de ressemblances : la même teinte de cheveux, sauf que ceux d'Èrionda étaient courts et hérissés ainsi que les petits yeux menthe. Honnêtement, il ne savait pas le nom de famille de Teriondil et il ne savait encore moins que son amie avait un frère. Elle ne parlait jamais de lui. Il ne savait pas pourquoi, mais c'était sûrement indiscret de la questionner à ce sujet.
- Durant les vacances seulement? Tu ne lui parles pas à l'académie?
L'elfe des bois rougit, prise au dépourvu.
- Je n'aurai pas dû te dire, siffla-t-elle entre les dents. Quoi qu'il en soit, ce n'est pas important. On verra quelle équipe Azéna joindra.
Elle continua son chemin, les poings serrés et sa démarche pressée. Serfantor la contempla de loin jusqu'à ce qu'elle vira et disparut. Il la connaissait assez bien. Ils étaient amis, quoiqu'il gardait toujours ses distances. Elle en était à sa quatrième année d'entraînement, naturancienne, avait eu des sentiments pour lui qui étaient possiblement toujours présents et était extrêmement compétitive. C'était une situation qu'il jugeait délicate, mais il devait approcher Azéna au plus vite avant qu'elle ne le fasse, particulièrement si elle pouvait se présenter comme étant la sœur de son meilleur ami. D'ailleurs, c'était étrange que les deux frères et sœurs ne s'accordaient jamais la parole à l'académie.
✦×✦
Après les cours de l'après-midi, Serfantor chercha Azéna au travers de l'académie sans succès. Il croisa Èrionda qui semblait aussi pressée que lui, sûrement à la recherche de la dragonnière grise aussi. Les deux rivaux s'ignorèrent.
« Peut-être est-elle avec Tyrath, se dit Serfantor. »
Il se rendit au Nid du Dragon et demanda de l'aide à Shalith mais ni un ni l'autre ne trouvèrent Azéna. Finalement, il monta sa compagnonne et il survola le terrain de l'académie. À l'est, le lac de Cristal brillait sous les rayons puissants des deux soleils. Son eau, d'un bleu clair pâle, était si pure qu'on voyait le fond. Près d'un arbre solitaire qui prospérait si près de l'eau, un dragon et une silhouette humanoïde s'affrontaient dans un duel amical.
- Approche un peu, dit Serfantor à Shalith. Doucement.
La dragonne noire obéit et quelques instants plus tard, les deux compagnons puissent distinguer Azéna et Tyrath. Le jeune gris poussa un rugissement défiant, mais Azéna resta cloué en place, impassable. Irrité, il souffla une bourrasque si puissante qu'Azéna perdit l'équilibre et tomba vers l'arrière dans l'eau. Heureusement, le lac n'était pas profond à ce niveau. Elle hurla quelque chose à Tyrath et se releva pleine de sable mouillé. Elle se secoua brièvement et chargea. Les deux compagnons se bousculèrent, roulèrent et tentèrent de se dominer l'un l'autre sans poser de blessure.
- Qu'est-ce que tu comptes faire exactement? demanda Shalith.
Serfantor s'expliqua brièvement. Avec un renâclement, la dragonne approuva à contrecœur de son plan et le laissa approcher d'Azéna et Tyrath seul. Par contre, elle refusa de retourner au Nid du dragon. Ils firent un compromis ; Shalith dû se contenter d'observer de loin.
Lorsque Serfantor fut à quelques lieues, Tyrath le repéra. Distrait par le nouveau venu, le dragon reçu une boule de vent en pleine gueule. Il rugit, se secoua et repoussa Azéna dans le lac avec l'aide d'une bourrasque qu'il souffla de sa gueule béante.
Par le temps que la dragonnière se releva et se soit secouée, Serfantor fut assez proche pour que leurs paroles soient claires.
- Tu ne m'écoutes pas ou quoi? hurla-t-elle avec fureur. Je t'ai dit de ne plus faire ça! C'est inutile et...
- Tais-toi, l'interrompit Tyrath.
Azéna se traina hors du lac et tourna le regard vers lui, choquée par l'attitude de son dragon :
- Excuse-moi?
- Nous avons de la compagnie.
Serfantor s'approcha, mais garda quand-même une bonne distance entre eux. La lèvre supérieure de Tyrath trembla comme s'il s'apprêtait à rugir.
- Serfantor, dit Azéna avec surprise.
Elle fit une pause pour secouer le plus de sable possible de son uniforme sale. Elle se débarrassa d'une algue marine qui lui collait à la joue, puis elle jura lorsque ses longs cheveux mouillés dégouttèrent sur son arc qu'elle déposa près de son sac au pied de l'arbre. Elle prit de la distance pour ne pas mouiller rien d'autre et tourna son attention vers Serfantor. Son ton de voix souligna sa suspicion.
- Que fais-tu ici? Tu étais déterminé de me trouver pour chercher si loin. Je pensais avoir la paix ici, personne ne vient normalement.
Un sourire espiègle se dessina sur ses lèvres :
- Tyrath n'est pas ravis de ta visite surprise, ça s'est assuré. Mais bon, allez, qu'est-ce qu'il y a?
Elle prit un peu se sérieux et fit signe à Tyrath de se calmer. Le jeune dragon évasa ses naseaux, clairement agacé. Il poussa un léger grognement, fit demi-tour et alla se lover près du lac sur le sable chaud.
- Il va faire la moue un peu, mais ignore-le, dit Azéna.
Tyrath secoua la queue, mais ne dit rien. Ses yeux violets suivaient les mouvements de Serfantor. Soudainement, l'elfe gris se sentait plus à l'aise. Azéna était beaucoup plus amicale depuis qu'il l'avait aidé.
- Bon, je me lance, dit-il. Je n'ai pas beaucoup de temps et Nymia est impatiente, mais elle approuve mon choix de te recruter comme attaquante pour l'équipe de Sombrelame. Qu'est-ce que tu en-
Il n'eut pas le temps de terminé sa phrase qu'Azéna le coupa :
- Vraiment ?! cria-elle sur un ton suraigu. Tu te fous pas de moi? C'est sérieux?
- Je vais prendre ça comme un oui alors. Bien sûr que ce n'est pas une blague.
- Pourquoi moi?
Cette-fois, elle parut très suspicieuse.
- Je t'ai combattu dans un duel et je sais que tu as du feu dans le cœur, de la passion. Un attaquant doit être déterminé et fonceur. Par contre, il te faudra travailler sur ton impulsivité.
- Attend. Quand est la période d'essai? Cela veut-il dire que je saute cette étape?
- Nymia ne nous donne pas le temps pour une période d'essai cette année en cause que le temps manque. La guerre et tout ce chahut...
- C'est étrange de penser que je fais partie de l'équipe de Sombrelame. Laisses-moi y penser... C'est d'accord!
Serfantor sentit un poids sur ses épaules disparaitre. Finalement, ce n'avais pas été difficile. Cependant, il savait qu'il n'avait pas gagné la confiance de Tyrath. Il n'avait pas oublié ce que l'elfe gris lui avait fait, ça il pouvait le lire dans ses yeux.
- Allons célébrer ! s'exclama Azéna en serrant affectueusement la tête du dragon argenté.
Son énergie était explosive. Elle n'arrêtait pas de bouger et de suggérer des activités à Tyrath, allant de sauter du haut de la Tour Mère à se saouler à boire le thé spécial de Teriondil. Après quelques suggestions, Tyrath céda enfin :
- D'accord, d'accord, ronronna-t-il. Faisons quelque chose pour célébrer, juste parce que tu es irrésistible quand tu es heureuse.
Azéna grimpa sur le dos de Tyrath et s'installa dans le creux de son encolure.
- Attend, demanda Serfantor. Puis-je te parler un instant avant que tu ne partes?
- Bien sûr mon capitaine, dit Azéna d'un ton exagéré avant de pouffer de rire.
Serfantor appréciait étrangement son enthousiasme. Il avait le pressentiment que ce choix allait tourner pour le mieux.
- C'est du sérieux ce que je vais te dire, d'accord?
Il attendit qu'elle acquiesce et continua :
- Je ne peux pas te dire les détails et s'il te plait, ne me pousse pas à parler. J'essaie déjà du mieux que je peux de pousser mes limites. C'est une situation très délicate et dangereuse.
Une brise nauséabonde fit danser leurs cheveux. Shalith, une ombre contre le soleil, atterrit à côté de son dragonnier et frôle son museau sur son épaule en signe d'encouragement. Azéna s'assura que Tyrath ne fit aucun mouvement irrespectueux en déposant sa main sur sa tête.
- Continue, dit-elle.
- Je pense que tu as bon cœur, continua-t-il avec une nervosité qu'il tenta de maitriser. Je ne voulais pas te faire du tort l'an passé, ça je te l'assure. La plume est à toi et je respecte ça entièrement. Pour le mal que je t'ai causé, je m'excuse profondément.
Il s'inclina très bas, puis se redressa pour continuer :
- J'espère que tu sauras me pardonner, toi et Tyrath bien sûr. Je ne t'ai pas oublié. De toute façon, ce que j'essaie de dire est qu'il y a du mal autour de nous. Un mal contrôleur qui se fait subtile et qui essai d'accomplir ses buts au travers de sbires que ceux-ci soient volontaires ou non. Prends bien garde à ta plume. Qu'importe ce qu'elle est capable de procurer, des gens puissants la veulent entre leurs griffes. Prends bien garde à ceux à la peau sombre aussi...
Il s'arrêta, incapable d'en dire plus bien qu'il désirait tout raconter à l'archère. Il savait qu'elle pouvait être inconsciente face à son entourage, mais il savait aussi intelligente.
« Allez, comprends les indices, supplia-t-il. »
Azéna resta impassable pendant un long moment comme si elle attendait quelque chose. Finalement, elle parla :
- C'est tout? Allez, qu'est-ce qui se passe? On pourrait même travailler ensemble contre ces filous.
Serfantor ne pouvait pas accepter cette proposition, sachant qu'il allait se mettre en danger d'exposition. Nerveux, il décida de refuser et de prendre la fuite afin qu'elle ne puisse pas insister et demander pour un raisonnement derrière sa décision.
- Je suis désolé, mais c'est non.
- Pour...
- Je dois y aller, coupa-t-il sèchement en affichant un sourire jaune afin de détendre l'atmosphère. On se reverra durant les pratiques de skotar.
Il s'empressa de monter Shalith. La dragonne noire décolla aussitôt qu'il mit les deux pieds sur elle.
- Hé ! mais attend ! cria Azéna.
Il regarda derrière pour s'assurer qu'elle ne le suivait pas. À son grand étonnement, mais soulagement, Tyrath la retenait en refusant de bouger.
« Merci Tyrath, songea Serfantor en détournant le regard. »
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