Il enfonça sa tête entre ses genoux, rouge de honte. Moi, je restais sans voix, incapable de réfléchir. Seuls ses mots résonnait dans mon esprit. C'est en me rendant compte que je devais apporter mon soutien que je me suis décidé à passer une main dans son dos et à le frotter.

 - Vous savez mon Prince, je ne savais plus comment agir. C'est seulement quand nous nous sommes réveillés le lendemain dans le même lit, nus que j'ai pris conscience des choses. Quand j'ai décidé de me relever et que j'ai vu votre tête nous fixer que j'ai paniqué. Il y avait aussi cette douleur. Je mourrais de honte. J'ai du faire appel à un mon talent pour essayer d'effacer ce souvenir de votre mémoire mais j'étais au plus mal, physiquement et psychologiquement, donc je n'ai que pu l'enfouer au fond de votre tête. Je regrette tellement... marmonna Theldir, fondant en larmes.

 - Theldir, tu étais bourré et tu es encore dans la tranche des jeunes. On ne peut pas vraiment t'en vouloir, le rassurais-je en lui adressant des sourires.

 - Vous ne pouvez pas savoir à quel point je me sentais mal après. Votre père et moi nous sommes éloignés, on ne se parlait plus. J'avais l'impression de l'avoir trahi. Je m'en suis voulu d'avoir profité de notre ivresse. Si seulement... Oh ma Reine, pardonnez-moi, se lamenta encore plus le brun.

 - Ce n'est pas de ta faute, continuais-je. Tiens, j'en ai volé avant de partir, lui dévoilais-je en sortant d'un buisson une bouteille de vin des Nains. J'espère que ça te consoleras.

 - Mon Prince... Je ne peux pas... Imaginez que je sois ivre et que j'abuses de vous.. Ce serait horrible.. éclata de plus belle le garde.

 - Au pire on boit tout les deux, comme ça si il se passe quelque chose nous serons tout les deux les fautifs, ne t'inquiète pas. J'ai quand même fait le sexe avec un humain et un vampire.

 - Le sexe ? demanda innocement Theldir, complètement perdu.

 - L'accouplement, désolé, c'est à cause de Tom que je connais cet autre therme.

 - Ah, excusez-moi, répondit Theldir en devenant rouge. J'aurais dû pourtant deviner. Excusez-moi..

 - Calme-toi, il n'y a rien de grave. Allez, buvons.

 - Mais, nous n'avons pas de verres, ce serait bizarre de boire l'un après l'autre.

 - Avec la magie je pense pouvoir décupler la bouteille, je vais essayer.

J'ai tendu ma main vers la bouteille et l'ai imaginé se doubler, imaginant également le liquide à l'intérieur de chacune des bouteilles. Theldir m'observait et quand du flux magique émana de mes mains, le garde se recula mais restait fasciné. J'ai froncé mes sourcils en me concentrant davantage mais des perles de sueur commençaient à perler sur mon front sous l'effort.

Finalement, j'avais réussi à créer une copie parfaite au vin original. Theldir attrapa une bouteille et je voyais bien qu'il hésitait à boire. Je lui ai fait un signe de tête et quand il m'accorda son attention j'ai porté la bouteille à mes lèvres et j'ai bu deux-trois gorgées avant de reprendre mon souffle, le goût de l'alcool me brûlant la gorge.

 - Si je suis le seul à boire ce serait étrange. Allez, on est jeune, il faut bien profiter de la vie, l'incitais-je en ouvrant sa bouteille.

 - Mon Prince...

 - Oui ?

 - Vous avez raison. On est jeune, c'est notre vie ! s'exclama le garde avant de boire en grandes gorgées le contenu de sa bouteille.

J'ai esquissé un ricus avant de boire à mon tour. Il fallait croire que le garde avait trop été dicté dans sa vie. Theldir retira la bouteille de ses lèvres et reprit son souffle, le liquide rougeâtre coulant légèrement au coin de ses lèvres. Il y essuya avec le dos de sa paume et m'adressa un sourire.

Au bout de quelques minutes, le blond était complètement ivre et se lâchait complètement. Il était vraiment vulgaire sous l'effet de l'alcool. Moi aussi par ailleurs. Ma tête me faisait mal et je commençais sincèrement à sombrer.

 - Tu sais Drisfin, j'ai toujours porté à ton père mon respect. Mais je l'aimais aussi ce sale prétentieux. Qui aurait crû qu'il m'a fait sentir spécial pour tirer un coup et après me faire porter le tout Cet enfoiré.. Il est vraiment qu'un sale égoiste et immature ! Qu'il aille se pendre c'te sale enfoiré ! s'emportait le garde en buvant une grande gorgée de son alcool.

 - Il n'a pas de coeur, c'est un vrai monstre, répondis-je en posant à mes côtés ma bouteille. Theldir, on devrait se calmer sur l'alcool.

 - Ouais un sans coeur ! Son règne va devenir un enfer, je lui ferais payer, continua le brun comme s'il n'avait pas entendu ma dernière phrase.

 - Theldir, arrêtons de boire. J'ai mal au crâne.

 - Pff.. T'es faible. C'est pas comme ça que tu réussiras à te démarquer des autres. Faiblard.

 - Ferme-là..

 - T'es comme ton père. Tu attires les gens dans ta toile et tu les détruits de l'intérieur et les fait se sentir coupable. Tu as eu l'humain mais moi tu ne m'auras pas. Jamais je ne me ferais faire fendre mes chaires par toi. Jamais tu m'entends ?

Ses phrases me faisaient l'effet d'une coupure. Elles faisaient mal. Il défoulait sa haine sur moi.

 - Theldir, je ne veux pas te fendre tes chaires, tu te trompes, le contredis-je en posant ma main sur sa bouteille. Maintenant donne-la moi. Tu as assez bu.

 - Menteur ! Tel père, tel fils ! Tous deux des menteurs ! Tu vas profiter de mon corps dès que j'aurais baissé ma garde mais non ! Tu ne m'auras pas ! répliqua Theldir, son haleine mélangée à l'alcool s'écrasant contre mon visage.

Son visage rougi s'était encore plus teinté sous la colère et ses yeux pouvaient presque me lancer des éclairs.

 - Cela suffit ! m'emportais-je en lui arrachant la bouteille des mains avant de la fracasser contre le sol, le liquide s'imprégnant dans la terre sous les yeux du garde. Tu vas te calmer et dormir ! Tu es complètement ivre !

 - Tu veux juste t'accoupler avec moi ! Ne le nie pas ! On peut le voir sur ton visage ! Alors laisse-moi tranquille !

 - Non, tu mens ! Maintenant dors ! intimais-je en attrapant son poignet. On est nu tout les deux, ce n'est pas le moment que tout dégénère ! Je vais aller me revêtir et toi, tu dors !

 - Pff ! Encore un prétexte ! Si tu veux tant le faire, vas-y ! De toute façon vous ne savez faire que ça dans cette famille, fendre les chairs de vos inférieurs ! Vas-y qu'on en finisse ! persista le blond en s'allongeant et en écartant ses cuisses. Tu vois ? T'as juste à te faire plaisir comme ton immonde géniteur !

 - Ne me compare pas à ce monstre ! Et par pitié arrête ! Tu en deviens ridicule à force !

Son visage rougi et ses cheveux libres en bataille pouvaient laisser croire qu'on avait fait le sexe avec lui mais non. De plus, avec sa respiration rapide et chaude ainsi que sa peau brûlante, n'importe quel mâle l'aurait pris pour une femme, attendant pour qu'on l'enfante. Mais son sexe imposant brisait cette pensée.

Dans cette position, il semblait vraiment pathétique, n'importe qui rirait de lui. Mais je ne le faisait pas. J'avais déjà été dans cette posture et avec le même aspect. Mais de voir un garde aussi sérieux que Theldir ainsi me perturbait.

 - Theldir, calme-toi et referme moi ces cuisses. Rien ne t'arriveras. Juste, dors.

 - Pourquoi tu persistes... Je veux tellement que ton père soit là... Je le veux tellement... Combien de fois ai-je seulement rêver que ses mains parcourent mon corps... explosa Theldir, partant en larmes en refermant ses jambes et en prenant son visage entre ses mains.

Je l'ai regardé pleurer, comprenant ses émotions. Je n'ai rien dir, je le laissais aller. Il fallait qu'il se laisse aller, pleurer toutes les larmes de son corps jusqu'à ne plus pouvoir. Et ça, il devait le faire seul. Et je devais juste m'assurer qu'il ne parte pas trop loin.