Canapé
Avachi dans le canapé dégueulasse, à compter mes bourses, devant le téléfilm de TF1, je ne m'attendais pas à ça. Je ne m'attendais plus à ça.
Elle a appelé. Je veux dire le téléphone a sonné, j'ai regardé l'écran du combiné et c'est son prénom qui y était affiché. Je suis resté là, un peu, puis beaucoup, sans savoir trop ce que je devais faire. Tant est si bien que le répondeur s'est enclenché et qu'elle a raccroché.
Je suis resté comme un con, là, deux, trois minutes, puis j'ai repris ma déchéance devant l'écran de télévision. J'en avais toujours deux.
Elle, qu'on soit précis, elle, c'est mon ex-femme. Voici deux ans que nous nous étions bien évités. De fait, depuis que le divorce avait été prononcé par la dame derrière son bureau. Je crois que les derniers mots de notre couple ont été les siens, ceux de ma femme. Un truc du style : " T'es vraiment qu'un pauvre type, tu sais ?" Objectivement, elle n'avait pas tout à fait tort.
Depuis ce jour-là, je crois bien être du côté de la dépression sévère. Même si pour être honnête, j'en couvais une petite depuis bien longtemps. ça vous ronge petit petit ces choses-là, puis au petit clac, ça éclate en mille feux. Et là, là, ne restait plus qu'à accepter puisqu'il n'y avait rien d'autre à faire, puisqu'il n'y avait rien que l'on pouvait faire. Incontrolables les moments de la vie quoi qu'on en dise. Alors quand définitivement m'avait-elle quitté, miracle des ombres, de la noirceur, de l'avachissement. La grosse pouvait enfin s'exprimer, se laisser glisser dans les méandres enlisés du fleuve.
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