Dans la résidence où ma mère vit depuis deux ans, tout est froid. La lumière blanche, le silence, les longs couloirs vides, le dîner à 17h30, la température, les gens…J’ai pris l’habitude de traverser ce triste bâtiment d’une traite pour rejoindre la chambre de ma mère. Comme une escapade sous la menace d’un nuage noir.

Cette fois une aide-soignante m’interpelle. Elle est très souriante et se souvient de mon nom. Cela me coupe dans mon élan accoutumé. Peut-être veut-elle me dire quelque-chose ?!

- Votre maman est dans sa chambre. Vous pouvez y aller.

- Elle va bien ?

- Oui, ça va mieux en ce moment. Elle retrouve le moral. Je crois qu’elle s’entend beaucoup avec sa nouvelle voisine. Elles ont joué toute l’après-midi hier. Elle vous racontera.

- Dîtes-moi, il y a toujours cette plateforme pour envoyer des messages et des photos par internet ?

- Oui absolument. Je vous créé un code ?

- Je veux bien s’il vous plaît. Merci.

Ils ont ajouté des photos des résidents sur chacune de leur porte. Maman est méconnaissable sur la sienne. Elle semble toute triste.

Je frappe doucement à sa porte. Pas de réponse. Je rentre délicatement. Elle dort. Son sommeil a l’air agité. Je m’assied à côté d’elle. Je prends ses mains dans les miennes. Son regard s’ouvre peu à peu. Elle me confond d’abord avec Philippe. Elle rit d’elle-même. Je suis fasciné qu’elle prenne encore les choses avec autant de légèreté.