Vison N°5

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 Je lis le journal assis sur une chaise longue dans le jardin de l’île d’Yeu. J’ai une dizaine d’années. L’Œil me filme, puis filme le jardin. On frappe à la porte je dis :

-« Entrez. »

Un officier de l’armée d’un pays d’Amérique du sud vêtu d’un treillis, arrive à ma hauteur, me fait le salut militaire et me dit :

« Une grosse partie de ma troupe a été décimée. »

Je le regarde et je lui dis :

« Vous ne savez pas ce que vous dites. Lisez ! »

Je lui tends le journal. Après l’avoir lu, il me le rend et me rétorque :

« Avec tout le respect que je vous dois, petit page, ce sont les journalistes qui ne savent pas ce qu’ils écrivent. J’ai perdu deux mille hommes.

— Qu’attendez-vous de moi, colonel ?

— Trois mille hommes, petit page.

— Il faudra que je demande à mon père.

— Votre père, petit page, a été enlevé par les contre-révolutionnaires.

— Alors je dois le demander à ma mère.

— Votre mère est morte en couches, petit page.

— Alors je dois le demander à ma maîtresse.

J’appelle :

« Violette ! »

On entend la porte du pigeonnier s’ouvrir, des pas dévaler l’escalier, et Violette sort sur la terrasse. Elle a une dizaine d’années.

« Violette, ma chérie, le colonel Garcia demande trois mille hommes.

— Qu’on les lui donne. »

Je dis :

« Un téléphone. »

Et voici quatre majordomes, surgis de nulle part, me tendant chacun un téléphone. L’un est rouge, l’autre blanc, le troisième vert, et le quatrième jaune. Ils me supplient à tour de rôle de prendre celui qu’ils me tendent. Je choisis le jaune. Je compose un numéro. J’attends. Une voix dit :

« Ici l’Etat-Major.

— Bonjour, qu’on livre trois mille hommes frais pour le colonel Garcia.

— A vos ordres, petit page. Ils seront demain matin à dix heures à Fromentine. »

Je raccroche.

« Voilà colonel, ils seront demain matin à dix heures à Fromentine. Vous pouvez disposer, maintenant. »

Il me fait le salut militaire et fait claquer ses talons puis, se tournant vers Violette, lui fait un salut de la tête et s’en va. Une fois qu’il est parti, Violette me demande :

« Veux-tu voir mes tableaux ?

— Oui, ça va me faire du bien. »

Je me lève et je la suis, tandis que la lumière décline peu à peu jusqu’au noir total.

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