Vision N°8
Un lac. Au milieu une barque à l’intérieur de laquelle un homme pêche. Une longue limousine grise s’arrête au bord du lac. Deux hommes en costume sombrent en sortent. Ils tiennent à la main un ordinateur portable. Ils claquent des doigts. Apparaissent alors deux tables et deux chaises. Ils s’assoient, ouvrent leur portable et se mettent à pianoter. Deux jeunes femmes en tailleur strict entrent. L’une tient une chemise cartonnée rouge, qu’elle tend à l’un des deux hommes en disant :
« Voici le dossier rouge, monsieur Hudson.
— Merci mademoiselle, répond l’homme. »
L’autre jeune femme tient une chemise cartonnée verte et la tend à l’autre homme en disant :
« Voici le dossier vert, monsieur Hudson.
— Merci mademoiselle, répond l’homme. »
Elles s’en vont. Chacun ouvre sa chemise et en extrait une feuille qu’il se met à lire. Les caractères imprimés s’envolent et, après quelques circonvolutions ils forment, dans le ciel les mots suivants : « AUTREMENT ON NE PEUT PAS AVANCER. » Et, en dessous : « C’EST LA PARESSE QUI MENE LE MONDE. ». Au-dessus de ces deux phrases, on aperçoit une grande roue de la fortune qui tourne de plus en plus lentement, jusqu’à s’arrêter sur le chiffre 8. Une voix crie :
« Le Huit a gagné ! »
Le pêcheur va sortir huit poissons de l’eau. Les deux hommes devant leur ordinateur, se regardent.
« Perdu. J’avais misé le Douze, dit l’un.
— Perdu. J’avais misé le Dix, dit l’autre. »
Deux canards sortent de l’eau. Ils s’ébrouent et peu à peu se métamorphosent en êtres humains. Ils se mettent à marcher. L’un des deux dit à l’autre :
« Tu as vu ces deux pingouins ?
— Oui. »
Puis ils se prennent par la main et se mettent à courir en criant :
« Allons rejoindre la fée Carabosse. »
L’Œil les suit quelques instants. L’un d’eux se retourne et dit :
« Non, non. Allez en ville. Il s’y passe des choses. »
Changement de décor. Une grande artère de New York, déserte. Les deux hommes et leurs ordinateurs sont assis au milieu ; Ils continuent à pianoter. Un policeman au visage creusé par de profondes rides, se place devant l’Œil et dit :
« La fée Carabosse est morte. »
On revient au premier décor. Sur le bord du lac, deux corps étendus. Ils n’ont pas de tête. Deux canards nagent dans le lac. L’homme est toujours dans sa barque, et continue de pêcher. Un éclair le foudroie. Il coule. A sa place surgit une grosse tête : celle de Groucho Marx, cigare aux lèvres. Il regarde à droite, il regarde à gauche, puis dit d’un ton enjoué :
« Où sont les sauterelles ? »
Trois énormes sauterelles se posent sur sa tête, qui replonge dans l’eau. Tout de suite après, sort une deuxième grosse tête : celle de Harpo Marx. Coup d’œil à droite, coup d’œil à gauche, puis elle émet un sifflement et trois énormes sauterelles viennent se poser sur son chapeau. Elle replonge dans l’eau. Immédiatement après surgit à nouveau de l’eau la tête de Groucho Marx qui dit :
« Ce garçon, il faut qu’il fasse toujours comme moi. »
Puis elle replonge dans l’eau. La lumière décline peu à peu jusqu’au noir total.
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