Vision N°10

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 Une route de terre à la sortie d’un village. Une vieille gitane joue des castagnettes et danse le flamenco. Devant elle un petit enfant d’une dizaine d’années est assis en tailleur. Il a la peau foncée, les cheveux noirs, moyennement longs et sales. Il tient dans sa main une tranche de pain. Il ne l’écoute pas. Il semble penser à autre chose. Par la droite arrive une vieille guimbarde modèle « Pick up ». Elle s’arrête. Deux hommes baraqués en sortent, se saisissent de l’enfant et l’installent dans le haillon arrière ; puis ils remontent dans la voiture qui démarre. Pendant tout ce temps, la vieille gitane n’a pas cessé ses mouvements. Un chien famélique, semblant venir de nulle part, se couche à ses pieds. Sur la droite de l’image, on aperçoit un bâtiment qui se construit peu à peu. A son sommet, des lettres vont s’illuminer l’une derrière l’autre : C A S I N O. La vieille gitane danse de plus en vite, agitant ses castagnettes sur le même rythme. La bâtisse continue de sortir de terre. C’est un palais en marbre, tarabiscoté, de mauvais goût, comme on peut en voir à Las Vegas. Une limousine, puis une deuxième et une troisième, convergent vers le palais. La vieille gitane danse maintenant sur un rythme endiablé. Le chien se lève et repart d’où il est venu. On voit réapparaître la guimbarde qui vient de la gauche. La gitane s’arrête enfin de danser. Les deux mêmes hommes en descendent et vont vers elle ; Elle leur parle à voix basse, en indiquant le casino. L’un des hommes dit :

« Beaucoup de bruit pour rien. »

La gitane leur fait signe de s’en aller. Ils remontent dans leur voiture qui repart, et va se garer devant l’entrée du palais. La gitane repart par la gauche. Lorsqu’elle a quitté la scène, on entend des coups de feu en provenance du casino. On voit apparaître, sur la gauche un couple de touristes. Lui porte un bermuda blanc et une chemise rouge à fleurs blanches. Elle, un débardeur bleu et un short blanc. L’homme dit avec un accent Anglais :

« Tous ces kilomètres pour ça. »

La femme, qui a la même voix et le même accent que son mari, lui répond :

« Arrête, Alfred. C’est mieux que de manger des tonnes de glaces à la vanille. »

On continue à entendre les coups de feu. Une des trois limousines s’enflamme et explose. Derrière le couple de touristes, l’enfant de tout à l’heure avance en faisant la roue et en criant :

« Laissez passer ! Service spécial ! »

Le couple s’écarte. L’enfant les dépasse. Il continuera d’avancer de la sorte jusqu’au-delà de l’entrée du casino. L’homme dit :

« Je crains pour la vie de cet enfant. »

La femme lui répond :

« Arrête Alfred, ce n’est pas notre enfant. »

Une voiture de la police, venue de la droite, s’arrête devant le couple. Deux hommes de la “Guardia Civil’’ en sortent. L’un d’eux demande :

« Vous avez vos papiers ? »

L’homme lui répond :

« Voyons, monsieur, nous faisons parie de la même communauté. »

Les deux policiers se mettent au garde à vous.

« Pardon, monsieur le juge, disent-ils en chœur. »

Ils remontent dans la voiture qui démarre en trombe. Quand elle a disparu de la scène, la femme dit quelque chose à l’oreille de l’homme qui va se retourner vers l’Œil et dire :

« Vous ne trouvez pas qu’il est l’heure de fêter nos retrouvailles ? »

La lumière décline peu à peu jusqu’au noir total.

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