Vision N°11
Un arrosoir occupe toute la vision. L’Œil va entrer en lui. On voit alors la matière qui le compose, comme au travers d’un microscope. On voit de larges filaments qui ressemblent à des axes routiers qui se croisent, qui se chevauchent. L’Œil continue sa progression. Bientôt on aperçoit les atomes de cette matière. Ils ressemblent à des planètes tournant autour d’une étoile. L’Œil continue sa progression, jusqu’à ce que l’on aperçoive un lit, sur lequel un homme et une femme sont en train de faire l’amour. A la fin de l’acte, ils s’étendent l’un à côté de l’autre, et l’homme dit :
« Ce n’est pas ici que ton mari nous découvrira. »
La femme l’embrasse, puis lui demande l’heure.
« Oui je sais, rétorque-t-il à regret. Il est temps que tu y ailles. »
La femme saute du lit, et s’habille en vitesse. Elle embrasse l’homme encore une fois, puis se met à courir face à l’Œil qui reculera au fur et à mesure qu’elle avancera ; Et l’on revoit les atomes, puis les filaments, pareils aux axes routiers, que la femme empruntera. L’Œil recule toujours, jusqu’à sortir de l’arrosoir qui va, à nouveau, occuper toute la vision. Quelques instants après, on voit sortir la femme qui, une fois qu’elle aura posé le pied par terre, reprend sa taille normale. Elle le saisit, va jusqu’à la cuisine, le remplit d’eau, puis elle sort sur le balcon, et se met à arroser ses plantes. Elle a le sourire aux lèvres. Elle embrasse l’arrosoir. La lumière décline peu à peu jusqu’au noir total.
Annotations
Versions