Trois jours
J'ai arrêté de fumer il y a une éternité
je crois
Parfois, le souvenir revient
vif comme l’aube
et je me revois
accoudé au jour naissant
cigarette entre les doigts
à l’heure où la nuit se dissipe
Les flammes mouraient avec grâce
Des cendres
éparpillées
et moi
la paix, le courage
dans la danse fragile d’une fumée en fuite
Cinq heures du matin restent une promesse
le murmure d’un feu mourant
l’élégance d’une habitude
et ce frisson chaud
qui prenait à la gorge
un premier baiser
— brûlant, périssable
Le café fumant
la flamme d’une allumette
un rite intime avec le silence
qui semblait me dire
Reste
J'ai mis du temps
à quitter ces compagnons discrets
mais encombrants
ces airs de liberté qu’ils me prêtaient
en m’enchaînant
Aujourd’hui encore
quand l’odeur de la fumée m’effleure
je ralentis
je me laisse troubler par un fantôme familier
et je respire
pour un instant
l’amertume de l’air
les yeux fermés
Pour un instant
la brûlure revient
On dit qu’il faut trois jours
pour se défaire d’une habitude
trois jours
pour chasser la nicotine de ses veines
Mais pour chasser un souvenir ?
Trois jours suffiront-ils
pour oublier la danse du feu
et l’espoir qui enflammait mes matins ?
Seras-tu toi aussi un souvenir que je m’attarde à humer
un arôme de vie, un fil de cendre ?
Est-ce là, peut-être, mon dernier jour en toi ?
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