La sorcière et la Lumière

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Au temps jadis vivait une certaine sorcière, dont le nom a été, hélas, aujourd’hui oublié.

Ceux qui l’admiraient assuraient qu’elle avait été engendrée par un couple d’enchanteurs de légendes.

Les plus poétiques pensaient qu’elle était le fruit de l’idylle d’un démon et d’une fée.

Les mauvaises langues colportaient qu’elle avait été enfantée par un dragon et une prostituée.

Alors que les moins imaginatifs, ou les plus pragmatiques, la disaient simplement née avec de la chance, de parents parfaitement normaux.

Quelle que soit la vérité, une chose était cependant sûre : elle était une sorcière comme l’univers n’en avait jamais vu et n’en verrait probablement jamais plus.

Qui plus est, même ses pires détracteurs étaient forcés d’admettre qu’elle avait la beauté d’un joyau brut.

Dès son plus jeune âge, elle avait battu le sol du monde de ses pieds plus de fois que bon nombre de voyageurs chevronnés.

Véritable feu follet, elle se rendait là où elle le désirait et ne recevait d’ordres de personne.

Portes, princes, gouffres, grilles, prêtres, marécages, serrures, rois, lois, montagnes, ou dieux… Rien ni personne ne pouvait lui faire barrage, si elle en avait décidé ainsi.

Et ce, jusqu’au jour où, sans explications, la sorcière s’arrêta enfin.

Sur les terres de Lanternerg, petit pays siège de l’encore jeune culte de la Lumière, elle se construisit une demeure modeste, mais confortable, dans un coin discret, à proximité de la capitale.

Le culte, qui n’aimait pas beaucoup la magie, vit cette arrivée d’un mauvais œil, mais ne s’en formalisa pas bien plus quand il vit que la sorcière, étonnamment, ne chercha pas le moins du monde à se mêler de ses affaires !

Les jours passèrent, alors que tout un chacun croisait les doigts ou prenait des paris sur le temps que durerait cette trêve.

Mais rien. Elle demeurait dans sa maison, sans jamais en sortir.

C’était comme si, après tant d’années à semer le bien ou le désordre selon ses caprices, elle s’était enfin calmée.

S’était-elle assagie avec l’âge ?

Prenait-elle simplement des vacances ?

Ou préparait-elle quelque chose ?

Une semaine s’écoula, puis deux, puis trois… Au point que les gens finirent par se désintéresser du mystère de la sorcière soudain inactive.

De plus, les habitants de Lanternerg allaient bientôt avoir autre chose à penser : la grande matriarche du culte allait prendre sa retraite et serait sacrée sa remplaçante au cours d’une fête destinée à demeurer dans les annales.

La passation de pouvoir se déroula par un jour ensoleillé et sans nuage, un bon présage selon beaucoup, qui dirent que la Lumière bénissait cet instant.

Peut-être avaient-ils, ne serait-ce qu’en partie, raison. Car, en effet, au cours des semaines qui suivirent, la nouvelle grande matriarche commença à asseoir son pouvoir, ainsi que son influence, avec une vitesse et une efficacité que personnes n’avait et ne verrait jamais plus !

Pourtant, un jour, près d’un an après son sacrement, la perfection de son règne fut brutalement assombrie par un terrible évènement…

Un matin, le soleil ne se leva pas.

La lune ne brillait plus dans le ciel.

Les étoiles étaient invisibles.

Et ce, sur l’intégralité du territoire appartenant à Lanternerg.

Pour couronner le tout, au cours des semaines qui suivirent, des monstres commencèrent à apparaître un peu partout, comme si les pires engeances des Ténèbres s’étaient donné le mot pour venir s’installer sur ces terres !

La grande matriarche ne tarda pas à déclarer qu’il s’agissait là d’une malédiction lancée par les forces du mal, qui avaient vu dans le culte de la Lumière une menace. Mais elle rassura cependant la population : tous ensemble, par leurs unités et leurs fois, ils viendront sans difficulté à bout des Ténèbres !

D’autre part, où était donc la sorcière, dans tout cela ?

Elle qui était si puissante et incontrôlable, plus d’un l’accusèrent, évidemment, pour la malédiction.

Sauf que, quand les paladins de la Lumière se décidèrent à pénétrer dans sa maison, celle-ci s’avéra vide.

Tout son attirail magique était là, bien qu’inutile pour quiconque n’avait pas son niveau, mais de la sorcière elle-même, pas la moindre trace.

Avait-elle fui ?

Personne ne savait et ne le saura jamais. Car plus jamais elle ne réapparut.

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