La sorcière et la promesse
La grande matriarche aide la sorcière à s’allonger au sol, lui soutenant la nuque dans un geste tendre.
Cette dernière la fixe avec déception.
« Ne me fait pas ce regard. Tu aurais dû te douter que cela finirait par arriver… Le culte ne tolère pas ces arts noirs du Mal qu’est la sorcellerie. »
Elle se redresse, portant ses mains à ses cheveux pour réajuster son chignon sophistiqué.
« J’ai utilisé un poison rapide et pratiquement indolore, alors… laisse-toi aller. Repose-toi. Je te remercie pour tout ce que tu m’as apporté. Mais tu ne m’est plus d’aucune utilité. Tu sais… ce sera grâce à toi si le culte éclairera un jour le monde de sa lumière divine. Après tout, c’est avec tes précieux conseils que j’ai pu devenir la matriarche dont le culte avait besoin ! »
Elle baisse son regard froid sur le corps de la sorcière, avec une lueur de regret déjà mourant au fond de ses yeux.
« Adieu…Toi qui m’as aimée. »
Sur ces paroles, elle enjamba sa victime sans davantage s’en préoccuper, afin d’aller chercher des gardes, dans l’optique qu’ils l’aident à se débarrasser de la, bientôt défunte, sorcière.
Restée seule, cette dernière observe le plafond, tandis qu’elle sent ses forces la quitter.
« …Ton culte éclairera le monde ? Très bien…c’est ce que nous allons voir. »
Elle prend une ample respiration, avant de commencer à murmurer dans un souffle empli de la moindre goutte de ses pouvoirs faramineux :
« En ce temps de mort et de désespoir, Monde, entends mon ultime lamentation.
Soleil, flamboyant œil du jour, je te commande de te détourner de ces terres.
Lune, perle argentée de la nuit, je t’ordonne d’offrir aux ombres ces lieux.
Étoiles, guides scintillantes pour les perdus, abandonnez ceux qui m’ont trahi.
Terre, plateau de nos vies, je t’implore d’être cruelle comme on l’a été pour moi.
Ténèbres, origine et fin de tout, je te recommande ce pays pour tes terribles enfants.
Et enfin, Temps, fil d’éternité qui m’a été ravis, veille à ce que ma prière soit respectée. »
Sa malédiction lancée, la sorcière rend l’âme, un amer sourire vengeur aux lèvres.
Dès ses derniers mots, le pays de Lanternerg ne connut aussitôt plus la lumière ni jour ni de la nuit et devint le terrain de jeu favori des enfants des Ténèbres.
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