La vieille Dame aux longs cheveux,

Attend qu'on vienne la chercher,

Là-haut dans sa prison de pierre,

Et qu'on la chante dans tout le pays.

La vieille Dame se meurt, en effet,

Et soupirant sans cesse, elle se rappelle,

Le temps où troubadours et jongleurs,

Venaient la chanter ici même,

Dans la grande pièce aujourd'hui vide et triste,

Jadis remplie de vies, de rires et de chants,

Aux rythmes des psaltérions, des luths,

Des tambourins, des vielles et autres chalémies .

Aujourd'hui tout cela est perdu,

Sans avoir eu l'honneur d'être conté à nouveau,

Aussi la vieille Dame se meurt-elle dans son coin .

Elle attend sans cesse qu'on veuille bien la guérir,

Du mal qui la ronge et la fait périr .

Ce mal, voyez-vous, a pour nom Oubli,

Et la vieille Dame, seule et désespérée,

Porte le noble nom de ... Histoire .

Maintenant, si vous avez saisi le sens de mes dires,

Vous aurez compris qu'il ne faut point mépriser,

Ce que nos aïeux nous ont laissé .

Car je plains les gens qui passent à côté,

D'une infinité de choses belles, élevées et émouvantes,

Sous prétexte que les choses en question,

Appartiennent au Passé .

S'il est de ces personnes qui lisent,

Ou écoutent en ce moment ce poème,

Et à ces personnes là uniquement, je leur dis,

Au risque de leur faire du mal :

N'oubliez pas que vous aussi, un jour,

Vous appartiendrez au Passé, et ce pour toujours,

S'il ne vient pas à vos descendants,

La noble, grande et belle idée,

D'entretenir et faire connaître,

Ce que vous faîtes de bon aujourd'hui ...

Réfléchissez-y et alors peut-être,

Avec un regard nouveau,

Vous apprécierez à leur juste valeur,

Les Temples du Souvenir .

DJEDGE- Juillet 2000