Consolamentum (8 fev/18 mars 2024)

3 minutes de lecture

LUI :

Parle-moi de tes vies anciennes,

Celles où revêtais forme humaine,

Où même apparence de chienne,

Celles où tu fis face aux flammes,

Qui dans l’Histoire plongèrent ce drame.

ELLE :

Dire ce que furent ces temps, je ne saurai,

Mémoire dans cendres ou sables égarées.

LUI :

Le Pog semble m'appeler,

À me perdre en sa robe de forêt,

Découvrir vestiges nous reliant au passé.

ELLE :

Et des murmures sur le sentier,

Qui tracent nos mémoires embrumées.

LUI :

Un tantinet angoissants, ces BonsHommes,

Du bien ou du mal ont-ils l’arôme ?

ELLE :

Oui, mais bien dans l'idée de leurs vies,

Et très belles aussi,

Nul n'est tout bon ou mauvais,

Mais de gris, d'une infinité.

LUI :

La pluie passe à travers les planches,

C’est un abri de fortune,

Dehors rodent des terreurs nocturnes,

Et sur la question de leur nature,

Il ne vaut mieux pas qu’on se penche.

ELLE :

Cela, le sauront-ils ou pas ?

LUI :

Je le sais, tout en ayant doute profond,

Car voyez-vous, ma brave Dame,

J’étais là, jadis, avec ces bonnes âmes,

Que j'escortais depuis Montségur,

Avec Guilhem, votre amant, pour sûr,

Et l’habit de BonHommes, tous deux revêtions,

Cependant qu’hommes d'armes étions,

Mais par réel souci de discrétion,

Bien que cela nous eu valu l'inquisition.

ELLE :

Qu’importe le vêtement,

C'est le cœur, le commandant.

LUI :

Certes, et me souviens de ce soir de pluie,

Où vu les Bonhommes autour du lit,

De cet inconnu prêt à rendre sa vie,

Tant d'efforts et risques pour arriver à lui,

Et quand encore parfois, j’y repense,

Bien cruelle fut notre récompense.

En vérité, je crois qu'inconsciemment,

Peu à peu, au fil de la course du temps,

De rêve, j’ai relayé tout ça au rang,

Pour exorciser ce drame effrayant.

Mais en réalité, c'était du vécu,

Des choses innommables il y eut,

Qui du mourant jaillissaient du corps,

Comme autant d’immondes pustules,

Certaines possédaient même tentacules,

Dérisoire fut mon épée contre pareils sorts.

Ce fut un carnage,

Je cru perdre la raison,

Mais point n’étiez de ce voyage,

Car au castrum en votre maison.

Puisqu’avant notre expédition,

Mise en sécurité, nous vous laissions,

Et si nous avions su ce qui nous attendait,

Près de vous, nous serions restés.

Cependant, vous étiez Bonnefemme,

Et moi homme d’arme, le drame !

Impossible amour faisant couler larmes.

ELLE :

Si nous avions su à l’époque,

Que des centaines d'années plus tard,

Tout changerait, rangé au placard,

De belle facture eut été notre romance,

Et nos rangs, sans la moindre importance,

D'autres l'ont osé depuis, et s’en moquent.

LUI :

Ah, les mystères des temps à venir,

Mais le destin a voulu nous réunir,

Je ne saurai jamais pourquoi ce cauchemar,

Mais tout ceci est désormais vieille histoire.

Les BonsHommes, condamnés à l’abandon,

Guilhem et moi, honteusement nous avions,

Rien de plus pour eux, nous ne pouvions,

Du Malin, ils subirent l’infection,

Et ce, dès de leurs mains, l'imposition.

Nous avons failli à notre mission,

Et de Pierre Roger, point de pardon,

Etonnant, mais peut-être du Démon,

Etait-il lui aussi sous la possession ?

ELLE :

Lui qui de Paratge était en palace,

J'eus bien aimé le voir en votre place.

LUI :

Certes, il avait les nerfs à cran,

Et aisément, cela l’on comprend,

Sur ses frêles épaules de simple homme,

Beaucoup de pression qui assomme.

Quoi qu'il en soit, il nous congédia,

Un certain temps, en lointain endroit,

Et il est encore très dur à dire,

Que vous fûtes triste à en mourir.

ELLE :

Oui, c'était cruelle épreuve,

Et encore, mes larmes en pleuvent.

LUI :

Je ne sais plus où nous allâmes,

User de nos tranchantes lames,

C’est un coin flou de ma mémoire,

Que j’aurai pourtant aimé savoir,

Mais peut-être fut-ce la Terre-Sainte,

Dont nous devions accepter l’étreinte.

Et peut-être avec d'autres femmes,

Ou hommes, ai-je pris plaisir qui damne,

Qui mon amour pour vous, point n’entame.

Peu importe, de toute façon,

Pour seul époux, aviez le Dieu Bon.

ELLE :

De ces temps troublés et teigneux,

Tous étions victimes, avouons-le…

Les devoirs à accomplir,

Et les châtiments, quelle folie, quel délire !

À présent, il me faut, en mes chers vestiges,

Rejoindre la forêt où le Temps se fige.

LUI :

Allez donc, ma mie,

De ces temps cléments, profitez à l’envie,

Comme un baume sur lieux jadis meurtris.

Tendez l’oreille au moindre bruit,

Sait-on jamais, si le Démon de jadis,

En élément de la nature se déguise.

ELLE :

Aux murmures souterrains,

Je prêterai attention,

Pour réponse à ces interrogations,

MAZARIA et DJEDGE - Jeudi 8 Février 2024

(Arrangements jusqu’au Lundi 18 Mars)

Annotations

Vous aimez lire Djedge du Tarn ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0