Chapitre 18 Un pouvoir incontrôlable

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Samantha et Aodh emboîtèrent le pas de leur guide. En silence, celle-ci les mena à l'intérieur. La princesse ouvrit de grands yeux et s'efforça de ne pas montrer sa surprise. Un coup d'oeil jeté à la fée lui permit de comprendre qu'elle était la seul à penser ainsi.

Elle ne se trouvait pas dans le hall de la tour, mais dans une cour éclairée d'un léger soleil printanier, ce qui n'avait aucun sens. Un parfum léger de roses du désert embaumait l'air. Un murmure confus et calme diffusait une atmosphère propre au repos.

La princesse surprit un sourire moqueur sur les lèvres de la fée. Irritée, elle lui lança un regard assassin qui n'eut pour seul effet que de la faire pouffer. Elle serra les lèvres et poussa un soupir excédé.

  • Veuillez attendre ici, nobles visiteurs.
  • Merci Madame.

La magicienne disparut dans une pluie d'étincelles dorées. Samantha croisa les bras et battir du pied avec impatience. L'inaction était ce qui lui pesait le plus.

  • Calme toi princesse.
  • Toi alors ! Ne me parles pas !
  • Hé ho, ne t'énerves pas ! Tu es inquiète soit, mais je ne t'ai rien fait.

Dubative, la guerrière haussa un sourcil et le jaugea de haut en bas.

  • Rien, tu dis ?
  • Si on ne peut plus s'amuser, répondit-il d'un air qui se voulait innocent.

Il écarta les bras avec un sourire charmeur.

  • Ça ne te plaît pas, peut-être ?
  • Ton sens de l'humour est incroyable. Si tu n'étais pas aussi agaçant, je rirais certainement de tes blagues.
  • Je le prend comme un compliment.
  • Fais comme bon te semble.
  • Bien sûr !
  • Silence. On vient.

Un homme d'un certain âge s'approchait. Il boitait de la jambe gauche et en était ralenti dans sa marche.

  • Bonjour, jeunes gens.

Samantha retint un sursaut de surprise. Sa voix était étonnamment jeune : s'il avait le physique d'un vieillard, son timbre était celui d'un jeune homme.

  • Mes respects, Maître.

L'insolent Aodh s'inclina avec dévérence devant le magicien dont Samantha ne parvenait pas à lire les sentiments. Elle avala difficilement sa salive. Elle voyait soudain le danger dans lequel elle se trouvait : elle se trouvait dans un leiu inconnu, entourée de magiciens qui lisaient ses pensées avec une étonnante facilité. 

Les preuves qu'elle avait reçues de la fée lui semblèrent soudain de peu de valeur. Comment avait-elle pu être assez naïve pour le suivre ? 

  • Divin Edros, protège-moi.
  • Princesse, détendez-vous donc. Vous ne risquez rien parmi nous.

La guerrière renforça ses barrières mentales et serra les poings, enfonçant ses ongles dans ses paumes. L'inquiétude grandissait en elle et dévorait son calme.

  • Samantha.
  • Plaît-il ?
  • Laissez-moi vous conduire. Aodh restera ici.
  • Oui Maître.
  • Va rejoindre Erwrys. Elle a besoin d'aide.
  • Quelqu'un aurait-il l'obligeance de m'expliquer ce qui se passe ici ?

À bout, Samantha n'avait pu retenir cette exclamation d'impatience. Elle remarqua le regard inquiet que se lancèrent les deux hommes.

  • Samantha.
  • Je ne crois pas vous avoir autorisé à m'appeler par mon prénom ! Donnez-moi les informations nécessaires, bon sang ! Comment voulez-vous que je m'investisse dans cette mission si j'ignore de quoi il s'agit ?

Aodh avança d'un pas vers la jeune femme qui tira aussitôt son poignard. Il leva les mains dans un geste de paix.

  • Ne t'approche pas et je te jure que j'abîme ton joli visage de cumsniffer.
  • Personne ne te veux du mal, Princesse.
  • Arrête de te foutre de moi.
  • Brorel t'attend.
  • Je ne te crois pas.

Le Maître agita une main. Le jardin disparut dans un brouillard. Une porte de bois solide, cloutée de solides pointes métaliques apparut.

  • Si vous voulez bien me suivre, Brorel vous attend. Le temps presse. Nous souhaitions vous ménager mais vous ne nous laissez pas le choix.
  • Comment cela ?
  • Une vie est en danger et nous avons besoin de votre aide pour la sauver.
  • Qui ça nous ? Et comment mon aide ?

Le magicien hurla une phrase que la jeune femme ne parvint pas à entendre. Elle ressentait une douleur qui pesait sur sa poitrine et l'empêchait de respirer.

Une force invisible se resserra autour de la semi-elfe qui fut irrésistiblement poussée dans la direction de la porte.

La colère qui mûrissait en elle atteint son comble. Elle la sentit bouillonner comme si un feu s'allumait dans son coeur.

Décidée à ne pas se laisser faire, Samantha rentra en elle-même. Ce fut comme si le temps disparaissait : elle vit clairement des flammes bleues qui brûlaient au plus profond d'elle-même. Elles s'alimentaient de sa haine et de sa douleur.

La guerrière tendit la main pour les toucher, fascinée. Le feu était étrangement froid. Elle sentit une force l'envahir. Elle la laissa s'échapper et brisa les chaînes dont le magicien l'avait lié. Elles volèrent en éclat. L'homme tituba sous le choc et Aodh s'écroula, les mains plaquées sur les oreilles.

L'excitation qui avait envahie la jeune femme à la possession de ce pouvoir disparut et la peur la remplaça. Elle sentit qu'elle perdait le contrôle et tenta de le retenir avant qu'il ne détruise tout autour d'elle.

Il se nourrissait de son énergie. Bandant tous ses muscles, Samantha essaya de la canaliser. En vain. Le pouvoir lui échappait.

A l'instant où elle paniquait, deux mains se placèrent sur les siennes. Leur chaleur se diffusa dans son corps et elle retrouva peu à peu son équilibre.

Le monde commença de tourner autour d'elle. Tout devint noir et elle glissa lentement dans l'inconscience, glissant dans un monde vide et glacé.

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