Chapitre 19 Un danger mortel

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  • Samantha.

La voix insistante gênait la guerrière qui l'ignora. Seule dans un monde vide de toute âme, elle se sentait à l'aise et ces paroles perturbaient son repos. Le silence l'enveloppait d'un manteau d'ombre glacée. Il s'insinuait dans ses membres, pénétrait ses muscles et se logeait dans la moelle de ses os. Le froid l'envahit et elle se sentit peu à peu glisser dans une inconscience plus profonde.

  • Samantha !

La voix se fit plus insistante et dissipa une partie du brouillard qui la retenait dans une prison empoisonnée.

  • Reviens s'il te plaît ! Tu ne peux pas partir maintenant ! Nous avons tant de choses à vivre ensemble !

La princesse secoua la tête pour se débarasser de l'étrangère qui s'aggripait telle une sangsue.

  • Par le danse de l'Ombre Maléfique ! Va-t-elle cesser ?

Cette pensée rendit Samantha consciente que son énergie vitale filait telle la poussière du sablier de Chronarion. Les piques glacées qui pénétraient son corps étaient mortelles.

Elle ouvrit les yeux. Un paysage d'un noir profond se dessina, peuplé d'arbres morts aux branches rachitiques tendues vers le ciel dans l'ultime mouvement de défense d'un condamné à mort.

  • Accroche-toi ! Remonte !

La voix continuait ses supliques qui tournait à la litanie désespérée. Jeune, féminine et douce, sa chaleur ravivait le souffle de la guerrière.

Embourbée dans un liquide gluant, cette dernière tendit la main vers le ciel d'où parvenait la voix pour la rejoindre.

  • Aide-moi !
  • Tu dois le vouloir ! Je fais tout ce que je peux mais je n'ai pas l'énergie nécessaire pour descendre te chercher !
  • Je veux bien, mais je ne sais pas même où je suis.
  • Tu es dans le Voile des Songes, un espace entre conscient et inconscient dans lequel tu t'es réfugiée pour préserver ta vie.
  • Je vois. Je veux juste sortir d'ici.
  • Je répète : tu dois vouloir !
  • Tu veux dire que je ne veux pas ?
  • Subconsciemment, tu préfères rester ici, oui.
  • Continue de me parler, ça m'aide beaucoup. Qui es-tu ?
  • Quelqu'un qui t'attend là-haut. Il ne me reste pas beaucoup de temps. Fais vite !

Sous la pression de cette voix, quelque chose bascula en Samantha. Son désir de vivre s'éveilla, les souvenirs de son existence revinrent en foule à la mémoire. Ses valeurs, les gens qui comptaient sur elle, tout lui revint.

Ses sens se ranimèrent et provoquèrent une foule d'émotions qui parcoururent son corps. Traversée de frissons, elle perçut la peur, qui la prit aux tripes et lui réclama de se peletonner dans un coin, les bras serrés autour de ses genoux pour se protéger. L'anxiété l'attrapa à la gorge. Elle mourait.

  • Si je dois mourir, ce sera au combat. Je refuse de baisser les bras.

Samantha tendit sa volonté vers la lumière qu'elle apercevait. La puissance maléfique s'effaça à mesure qu'elle s'élevait vers la vie.

L'ombre s'évanouit. Un rayon de soleil effleurait sa main et dessinait des motifs sur sa couverture.

  • De retour parmi nous ?
  • Brorel ?

Le général se rapprocha et prit sa main.

  • Restez calme, tout va bien désormais.
  • Que s'est-il passé ?

Chaque parole était une torture providentielle : elle était souffrante mais l'ancrait fermement dans le réel.

  • Continuez de parler.
  • Samantha, vous devez vous reposer.
  • Non !

La princesse agita la main en signe d'excuses.

  • S'il vous plaît, articula-t-elle péniblement. J'en ai besoin.
  • Si c'est ce que vous désirez.
  • Dites moi tout.
  • C'est compliqué.
  • Je ne veux pas entendre ce genre de réponse. Dites moi la vérité.
  • Soit.

Le soldat se redressa et fit quelques pas dans la chambre. Il avait l'air de ne pas savoir par où commencer. Samantha eut un pauvre rire qui s'apparentait plus à un grognement de noxaroth.

  • Est-ce donc si dur ?

Elle toussa et un goût de métal envahit sa bouche. Elle se redressa avec un grimace. Elle signifia à son interlocuteur de se décider d'un impérieux mouvement de la main. Elle s'en voulut aussitôt : loin d'elle l'idée de manquer de respect au général.

Ce dernier n'eut heureusement pas l'air de s'en offusquer. Il s'éclaircit la gorge. Peu à l'aise avec l'empathie, il ne savait pas comment ménager les sentiments de la semi-elfe.

  • Il y a ici quelqu'un, commença-t-il.
  • Une jeune femme, n'est-ce pas ?
  • Oui. Comment le savez-vous ? s'étonna-t-il.
  • Elle m'a parlé.
  • Impossible, elle est ...

Il n'eut pas le temps de finir sa phrase. La porte s'ouvrit à la volée et un petit garçon se précipita dans la pièce.

  • Tharok !
  • Lioran.
  • La fille ! Elle s'est éveillée !

Tout excité, il trépignait de joie.

NDA : le Noxaroth est une créature de la nuit, chassant ses proies avec une cruauté impitoyable. Il est rusé et patient, utilisant les ombres pour se dissimuler avant de frapper avec une vitesse et une précision mortelle. Sa présence inspire la terreur et son souffle est empoisonné, pouvant paralyser même les plus courageux. Le Noxaroth n'a aucune pitié et se nourrit de la peur et du désespoir de ses victimes. Le cri du Noxaroth est particulièrement sinistre, ressemblant étrangement au rire cruel du chacal.

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