13/03

Une minute de lecture

Fleurissent les fusils et, au blanc des chemises, des coquelicots de sang. Et que s’écroulent au creux des pierres chaudes, à l’envi, les lierres étroits comme des corsets de sapin, aux étoiles démises en festons de cuir. Et l’argent piqué des caisses claires qui chantent encore les lendemains d'espoir, dans le cortège corvide des années bénies, et les couronnes de pierre rongées, et l’émail qui brille comme des coquillages dans les sourires grisons. Le fin allumoir des cierges comme l’épisse levantine se fait chamelier, roulant la bosse des lampadaires aux sabots de vair cirés, au long des routes safranées, dans l’ombre des hymnes à l'aïeul. Comme une rivière dans son lit d'albâtre, d’os et d’eaux mêlés sous les ridules qui dorment, et les paupières fermées d’avoir vu trop de cimes, hier encore, blanches cimes aquilaines où volent les avalanches et se posent les nuages qui n’en pleuvent plus. Cimes inertes à perte de vue sous les soleils de plomb qui rugissent en canon d’échos interminés. Et dans le verre des collines, boire quelques bulles de campagne, se remémorer l’arbre et la corde et la planche, et les mains qui nous balancent jusqu’au ciel. Les rires nuages, désormais comptés, comme des moutons aux portes du sommeil, à l’haleine assoupie et aux yeux enclos. Jamais ne soupire, et l’étique poitrail, immobile et sans souffle, ne gonfle plus les voiles de nuit de sa chemise blanche. Fleurissent les effusions et, aux bancs de l’église, des coquelicots sanglots.

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