16/04
Elle grimpait les rues d'orgueil et de parvis, nimbée de stries et d’embruns dansant en rubanbelles dans l’ombre diapason des foulées caramel. Les sandales s’entrechoquent sur le mur des supplices, le regard pendu à la liane des fenêtres de ciel gratté où volent des reflets d’avions. S’agitent les flammes sur les passerelles de l’été où s’endorment les chèvrefeuilles et les jasmins écarlates, cocardant dans le soir des couleurs de Bastille. Sous le firmament qui champagne à la flûte des hauts bois, s’accroche la dentelle des ramées aux branches des étoiles. Pétillement d’atmosphère qui brasille dans les pénombres en volutes où s’égarent aux zéphirs des moutons de poussière sidérale. Se perdre au gré des lignes en filigrane qui constellent de chemins inexplorés les champs de cosmos, se serrer dans des bras de rivières aux yeux clos, le baiser du clapot sur la main que l’on laisse pendre aux rides d’une lune aquatique, l’ivresse moite de l’eau qui dort et soupire aux pervenches. Les caresses erubescentes qui s’abreuvent de chaleur dans le frisson des papillons pellucides, sublimes murmures de vers luisants sous des pergolas en prose, élégie des lucioles rhapsodes à la lyre des calames en peine. Les mots sparsiles vagabondent au bord des yeux, comme des voiliers de Sporades, coulant leurs encres lunaires dans des mers d’iris et de prunelles, étirant les voiles vespéraux dans le calice des vins d’été. Et l’on presse la grappe des jours heureux, écartant les raisins de la colère et les pépins parapluie, les peaux amères et les pots cassés, l’on s'enivre de délivrance à s’en rougir les lèvres, à en noyer les pans du jour dans l’estomac des nuits florilèges. Sertir les rues de pas adamants qui chavirent de rires éclusés, à en érafler les murs et en user les échos, clairsemer les champs de grains de folie qui s’émiettent au pavé des anicroches bravées. Battre la campagne à plate couture et de fil en aiguille, tisser la trame des étreintes décousues, broder d’orfroi les artères bouillonnantes, chamarrer nos veines et déveines de grigris bariolés, irriguer les gaietés au crin des cascades que l’on mène à la bétoire au chant de cénotes acoustiques, glisser en tyrolienne tire au flanc des montagnes empesées par les sylvenuages envallonées au cratère des cirques nacelles, dans les havres du temps que l’orage ébourriffe au feutre blanc des laines entortilles.
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